Si je dis que je suis là / je persiste / qu'est mon existence au monde ?
je suis biologiquement complètement seul, mes mitochondries travaillent pour moi-même et pour personne d'autre / idem pour mes organes tantôt superbes, tantôt déficients / Je suis un être cellulaire qui ne participe à aucune société animale. Mon cerveau n'est que ma personne et rien d'autre !
Je suis moi et personne d'autre / Pourquoi faudrait-il donc que vous me compreniez ? Que je vous obéisse ? Que j'adhère à vos propositions ? Quelle est donc cette société humaine ? Comment vivre nos solitudes, nos individualismes ? Nos incomplétudes ?
Chacun possède son propre paysage. Nous ne sommes que nos propres paysages. Même notre manière de voir ou d'écouter est pour tous différente.
En outre on ne vit que l'instant,tout le reste est fabulation ou recherche en arrière, prières passéistes, inventions futuristes.
J'aurais tant souhaité communiquer, être un neurone actif dans la moelle épinière ou le cerveau, être le polype travailleur d'un corail, une fourmi pour le bien de tous, devenir dauphin pour perdre mon "je" et percevoir les contenus mentaux de chacun qui sont la propriété de tous...
Emouvoir l'autre, émouvoir les autres ; cela semble si aisé et pourtant, il n'y a pas de tâche plus ardue. Discordance entre ce besoin d'être aimé, d'être reconnu et mon besoin de liberté, d'autosuffisance. Ours des cavernes.
Et que dire alors du sexe ? De cette recherche perpétuelle et vaine de l'autre "et qui m'aime et que j'aime" comme dit le poète. Il y aurait donc la nécessité d'être deux ? Comme c'est étrange. Et donc de communiquer en couple ? Comme c'est inouï.
On passe seul, et on meurt, seul.
Le grand silence, alors, servira de conclusion.
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