Déjà ma femme ne me caresse plus
déjà le noir a détrôné le rougeoyant des coteaux
le soleil va s’éteindre avec brillance
Déjà mes chiens ont pris du vieux
et les collines illuminées de givre et de lapins
ne les intéressent plus enfin
Déjà je cours moins vite au petit matin
les arbres et arbustes peinent de mon essoufflement
leurs ombres sont froides et sales
Déjà mes parents sont décédés m’ont laissé
les labyrinthes étranges des vies fanées
m’attirent dans des trous d’éclats
Déjà ma poésie m’a quitté avec des rires
étrangers des quittances impayées des mots bruts
inemployés désertés piteux
Déjà je reviens à la ligne pour me dire poète
j’ai perdu ma flore ma faune mes fines muses
mes écluses ont rouillé
Déjà j’ai perdu mes érections et joies de vivre
Mes dérèglements en tout axe et éclaireurs
tous les fusains de ma flamme
Déjà mes amis ont quitté les précipices
les vides des corps les mauvais signes
les jeux de pistes où le seul mot fin est un but
Déjà je me suis retiré au profond de moi-même
dans les flaques et les boues sombres
au bord des feux finis des vaines vies
Déjà nous mourrions ardûment coincés
et mutins mutilés du mauvais temps
pensionnaires oubliés et sans essor