à la vie : que suis-je modeste ou inapte ?
j’aurai pour me satisfaire choisi la sortie
la vie en travers
la vie secousse
la vie en derrière
la vie accélérée
enfant déjà on m’accélérât
en me montrant des sexes dont j'ignorais tout
l’enfance est tendresse
l’adulte est passion, puis violence, puis incompréhension
lorsque l’enfant passe le temps et vieillit
cette enfance accélérée m’a abasourdi l’adolescence
comme un coup de matraque dans le regard et l’enfance
un exil des rivages que l’on disait enchantés
une grande scène où je me voyais coupable
l'autre monde s'ouvrait à moi -alors- en corolles larges
et corps d'adolescentes
mais l'enfance alors abandonnée laissait sur le lino de la petite chambre les petites voitures de course, ou les coureurs de la fonderie Roger avec leurs maillots multicolores Molteni, Peugeot, Mercier..., les camions du cirque Pinder, les traits à la craie sur le lino rouge ; et dehors un bac à sable qu'on recouvrira plus tard, les feuilles des paulownia trouées par les plombs du pistolet, des cris d'enfants, les derniers
ses souvenirs là
comme l'or de leur corps
des suints de cannelle, des yeux embruinés
des bouilles de colombin
une fable mal fabriquée
un roulis du coeur à jamais déphasé, abimé, détraqué
la vie à venir comme déjà un immense désaveu
la vie à venir comme déjà un immense désaveu
la vie à venir comme déjà un immense désaveu