je ne suis pas sûr où d’avoir vu
tes lèvres enflammées
sur les routes là aux larges débarcadères
au fin fond des vents furieux et ricanants
près de cette main tournée paume au ciel
où des cheveux desquamment des éclats d’hiver
je me suis installé à cette croisée des chemins
afin de terminer cet enchantement
cette vie trop en allée cette vie claire
d’enfant éreinté abimé démembré
souvenirs d’enfance encore
qui s’effilochent au gré du grand fleuve
dans les allées sévères et belles des bois sombres
tu me grattes le creux de la main pour me dire de t’aimer
je suis ailleurs - encore seul de moi-même -
et tout près tout près d’en finir affolé
grandes forêts grands arbres inouïs de feuilles
fougères affalées géantes vertes ou rousses
les fossés remplis d’eau où la vie grouillait
les tritons salamandres feuillus d’automne chutaient
je ne suis plus sûr de cette nature là, dorée
à l’orée de toi, infinie dorée, où se perdre est la clé
et pour finir en toi par toi, pellicule de forêt
la vie ici s’engourdit, morne le ciel étoilé
perturbé de toi, secrètement je m’enivre

Glass slipper, bronze de Philip Jackson