C'est vrai que je croyais en la ferveur immense de
vivre. Chaque pas amplifiait en moi de vieilles mais
toujours mouvantes adorations. Ce pouvait être un arbre,
la nuit, c'étaient des forêts de routes, ou le ciel et sa vie
tourmentée, à coup sûr le soleil.
Un jour je vis la solitude. Au faîte d'un monticule, un
cheval, un seul, immobile, était planté dans un univers
arrêté. Ainsi mon amour, suspendu dans le temps,
ramassait en un moment sur lui-même sa mémoire
pétrifiée. La vie et la mort se complétaient, toutes
portes ouvertes aux prolongements possibles. Pour une
fois, sans partager le sens des choses, j'ai vu. J'ai isolé
ma vision, l'élargissant jusqu'à l'infinie pénétration de
ses frontières. Je laissais à plus tard le soin de voir ce
qu'on allait voir. Mais qui saurait affirmer que les
promesses ont été tenues ?
