
Qu’ y a t il au fond du fond
derrière le tableau noir, le noir
Aux trous, d’autres trous
Et derrière les papiers jaunis en fin de vie, des papiers morts
Derrière les jouets d’enfants, des jouets cassés
Ou juste vieillis
Blessures enchevêtrées
Il y a le grand temps qui est passé, qui a passé comme mort en décours ; les effluves nostalgiques en force,
Les souvenirs de ma mère et ses collants couleur chair que j’aimais toucher
Mon père qui rentrait tard et sa pipe et son sourire bleu
légèrement découragé
Et le petit balcon de l’immeuble et voir un peu de verdure : arbres, arbustes, gazon, rosiers ; bac à sable, parfait pour mes courses de vélo, billes et cyclistes
Eddy Merckx, Luis Ocana, Joop Zoetemelk, Lucien Van Impe
Les caves et leur labyrinthe de tuyaux, de couloirs, de portes fermées, de recoins à se cacher
Toutes ces cachettes, c’était la joie des enfants et leurs sombres inquiétudes
L’immeuble comme poupe ou étrave, là battant le monde, les îles à découvrir, les trésors à gagner dans de légendaires enclaves vertes
Qu’ y a t il au fond du fond
Derrière le tableau noir, le noir
Aux trous, d’autres trous
Et derrière les papiers jaunis en fin de vie, des papiers morts
Derrière les jouets d’enfants, des jouets cassés
Ou juste vieillis
Ou des blessures enchevêtrées
Le grand corsage du temps changeant a tout enveloppé
tout dévoré comme un bon levain
Restent les mystères de la mère aimée, la hiérarchie des désirs, les fleurs fanées qui se plaignent
Et le plafond lézardé de mes envies de vivre

cão 11/04/2020 09:38