
Son dernier disque ne dénote pas, sa voix plus que jamais précise et pleine d’harmonie accompagne des textes fins et subtils, les arrangements de Laurent Desmurs complètent le tout en un paquet étincelant. Etincellement que cette chanson-là si différente des autres et qui, moi me sidère, me met en transe, fulgurance du génie, solitude nécessaire. Car la chanson de Bertin exige un effort de nous-mêmes.
Enfance, nostalgie, femmes d’autrefois, rencontres gâchées, nuits, maison reposante où retrouver son enfance, odeurs de Loire, sable des rivières. Les thèmes chez Bertin sont toujours les mêmes et ce sont les miens aussi. Ah ! le génie de l’écriture, comme tout cela semble simple quand on le lit et pourquoi donc, nous, nous n’y arrivons pas ? Car Jacques Bertin est un poète, un véritable, non pas un simple bon écrivain. Dans un siècle, à peine dix ainsi. Alors il faut relire, quand on lit, on a peine à imaginer un chant, une musique, tant la poésie semble là déclamée et suffisante à elle même, préciosité des vers ; quand le chant se fait entendre, on n’imagine plus le texte sans cette voix, sans cette musique accompagnant simplement, sans artifice. Puissance du lyrisme et du chant. Vive la poésie chantée quand elle est celle-ci !