Qu’il est bon ainsi de longer ce fleuve aux dents immenses
froisser les ronces et les herbes, les fleurs, colonies d’insectes vrombissent
Quelques pêcheurs moitié hommes moitié eau
en rondeur leur corps penche vers le point central du fleuve
Une petite sente va gaiement d’un point à l’autre de la source à d’autres mers brille même la nuit d’idées déposées
L’homme brouillon alors qui résonne par ses pas
Prend pour ami ces lieux secrets, il les chante de ses yeux
Il bourdonne
Il aimerait lui-même butiner et voler au creux des vagues et dans l’intime des pétales déclarer sa flamme à ce papillon là
Le chemin est doux et parfumé d’effluves magiques
Eau croupie qui pose, eaux filantes à reflets mercure
Toute chose est vivante protégée nourrie par le fleuve
Le fleuve donne à manger les îlots encerclés, comme un parent
riche de mille précautions
De grands oiseaux hésitent d’un point à l’autre par grappes incertaines
Changeant de cap à tout va et sans prévenir
Par grandes bouffées d’oxygène et de pâleur lunaire, l’homme aussi
Revient parfois sur ses pas, parfois par inquiétude
Parfois par contentement
S’immobilise souvent dans la tiédeur du vent qui amènera la pluie
Tièdes bourrasques enrichissantes et nourrissantes
Un lait du ciel ni amer qui remplit le fleuve encore et de nouveau
Je n’ai rien d’autre à dire, dit l’homme
Affalé de son corps vers les eaux grises
Si ce n’est voir le fond de ces bancs de sable
Y chercher l’emplacement d’un tombeau
Gisant sous-marin sous ces mètres qui filent
J’y serai en grand repos, en toute fin
Espérer peut être là dans le mouvement final
Ces fameux espoirs que certains nous dictent alors que l’on sait (et tous) que la mort au mufle chaud est là derrière, dans ton dos, on y sent cette haleine chaude, humide, animale, précise
Le fleuve est le lieu unique où dissocier ses atomes
Vers un arc-en-ciel naturel
Vers cette nature unique puissamment vivante
D’eaux et d’air, de terre mouillée, prête à enfanter
Où sans cesse la vie renait chaque seconde tant de coups à donner
Un grand silence, le lieu fourmille de vie en tout sens
prends ma main, je mouille ta nuque et un baiser
Dans la fouaille de l’été, nous nous sommes encore rencontrés
Touchant par nos peaux nos moments d’éternité
La couleur couchante du ciel donne des traits uniques
Au grand paysage unique semblant dire
et unir les mondes

Le Cher (à gauche) se jette dans la Loire
la petite plage ferait une tombe idéale
