« il se lève et sa voix
étonne ses amis : on le croyait indifférent. »
Il parle fort :
« C’est la photographie d’Adams au Vietnam en ce noir et blanc
Réalisée en l’an mille neuf cent soixante huit
Il veut en parler

Il y a ce bras électrisé et ce poignard d’argent
A la tempe de celui qui disait non
Et qui pleure là, droit cependant,
Enfant humain égaré, se demandant quel jour il est
Et sans doute pourtant déjà meurtrier
Et mort déjà en noir et blanc
Exécuté par l’autre, un frère humain semble-t-il,
Humain ? il en est moins sûr …
Quand condamnera-t-on ?
Et quand pourra-t-on prier ?
Je n’espère plus rien de ces êtres humains
Je n’espère rien de tous ces dieux inventés par eux
Je ne voterai plus
Je ne rêve plus, je rêve de lui, chiffon quelques secondes plus tard
L’aura-t-on au moins enterré ?
Aura-t-on au moins passé sa main sur lui, un moment, un court instant d’empathie
Dans cette monstrueuse humanité ?
J’arrêterai ces inhumanités. »
Il dit, puis il se rassit.
On sentait qu’il allait pleurer.

SPRINGFIELD - Nguyen Ngoc Loan, le général sud-Vietnamien pris en photo en 1968 en train d'abattre froidement un prisonnier attaché est mort mardi à l'âge de 67 ans, dans sa résidence de la banlieue de Washington, des suites d'un cancer, a annoncé sa fille.
Cette photo du général exécutant à bout portant le prisonnier devint une des images-choc de la guerre du Vietnam. Le photographe, Eddie Adams de l'Associated Presse, reçut le prix Pulitzer pour ce cliché qui bouleversa le monde.
A l'époque, le Nguyen Ngoc Loan était le chef de la police du Sud Vietnam.L'armée du Nord-Vietnam avait lancé l'offensive du Têt un mois auparavant et Saïgon était en proie aux combats de rues, la police tentant de se débarasser des combattants Viet Cong.
Après l'avoir abattu, le général avait expliqué aux journalistes américains présents sur les lieux que le prisonnier était un important capitaine Viet Cong.
AFP, le 15 Juillet 1998.
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