la Loire grasse cache ses barques de sable
ses détroits de vase et les belles lagunes
elle les déplace la nuit pour piéger les pêcheurs
et porte ses jarretières hautes
et fines comme de longs troncs peupliers
aubépines dorées en revers
d'une poitrine généreuse
son sexe est sous les ponts
à l'ombre des petits goujons
saignant parfois le temps d'une inondation
savamment
l'eau de Loire a des goûts
de vase ancienne, de lèvres mortes, de vieux poissons
restent comme le sable froid
tes parois sèches inégales sans heurt
la maladie de la pluie inonde tes rives
tu ris et te moques
tu es plus forte dans ton bassin de grès
l'eau franchit les grands ponts mélancoliques
des bois flottants tournent
et passent sous les arches
dans un silence assourdissant remuant
l'Homme reste seul, son regard, partout, absent,
à quoi bon - pensait-il - , peut-être,
il attendrait la prochaine marée basse
locataire de sa propre absence au Monde