Tes souvenirs dans ton cou que je frôlais de mes lèvres ; tes rires et petits soupirs ; nous avions alors loupé le virage, ma main sur ta cuisse où elle crissait sur ton collant sexy et sur le chemin à peine goudronné je continuais à te caresser ; ta conduite automobile se faisait moins sûre ; mais nous roulions quand même dans l’étincelle et l’ivresse ; tu me parlais de lui et je te parlais d’elle et nous ne comprenions pas grand chose à nos problèmes mais nous philosophions en règle pour paraître les adultes d’aujourd’hui et les bons mots pour nous satisfaire.
Tes jambes étaient emballées de ce synthétique que j’aime et qui croche mes doigts râpeux, je te dénudais en rêve et tu riais et t’inquiétais à la fois. Nous avions peut-être approché un amour, dans la parenthèse d’un de tes rires, dans l’articulation de ton poignet, dans ton sourire si timide. Et les rues ensuite n’étaient plus pareilles, leurs couleurs se faisaient neutres ou plus violentes, dans les feuillages tu paraissais belle, appétissante : quel apéritif de nos corps avons-nous refusé de boire ce jour-ci ; j’en garde encore au fond de la gorge un goût amer mais très tendre ou très lent ; un jour tu serais nue et ton parfum qui n’est que de toi, que de toi encore et tes gestes et tes rythmes seraient comme du sang brûlant dans mon corps ; nous retrouverions les joies des amours infidèles, des amours en cachette, des amours sans lendemain immédiat, sans promesse ni caresse faussées, alors sans doute retrouverions nous comme dit l’ami Pierre Barouh « le courage d’aimer ».

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