
« Dans cette époque qui est la nôtre, les poètes sont toujours aussi nombreux. En effet composer des poèmes, c’est témoigner qu’on est pleinement vivant. Tel est avant tout le message que la poésie, en ces temps troublés, lance à l’intention du lecteur inconnu. » Tôkyô, mai 2001.
« La ville de Tôkyô
Est pleine de gens qui ont figure humaine
Oreilles en pétales de fleurs
Et mentons d’écorce on en voit de temps en temps
Des gens avec un griffonnage de rides profondes au coin des yeux
Et d’autres aux sourcils tracés comme des portées de musique
Marchent aussi parfois dans la foule
En tout cas la ville de Tôkyô
Regorge de gens qui ont figure humaine
Une ville en somme
Ce n’est pas autre chose
Et c’est bien comme ça
Pourtant avoir tout le temps figure humaine à la longue
Ça devient lassant
Et avoir tout le temps sous les yeux d’autres figures humaines
C’est tout aussi lassant
Alors je me prends à rêver en cachette
De quelqu’un avec une tête de ciel étoilé
De quelqu’un avec des yeux d’océan
Même s’il n’y en avait qu’un seul dans le métro bondé. »
l'adolescent
dans les plis ténus de l'air
où elles sont lovées
une fille-flamme et une femme-vague
ne font que batifoler
entre les pins là-bas
un adolescent qui joue les sauvages
s'acharne à brider
la mer tapageuse
d'un seul de ses regards
"dans ce calme alambic qu'est le monde
supporteras-tu d'être distillé ?"
toi l'adolescent qui joue les sauvages
lys à la gorge fièrement bombée
toi, odeur de copeaux d'un chêne à peine scié
beaux yeux de gazelle
o toi, cher vagabond
dont le coeur des cinq continents a épuisé déjà toutes les errances
avec toi seul je voudrais
me griser de l'air brutal de l'aube
quittons la ville enclose de rosée
et vers les demeures de la lumière, des pierres, des poissons
partons à l'aventure
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