
Faire la cour à des murènes
Il est parti « faire le mort »
On sait que cela ne durera pas
Celui qui avait réussi à rejoindre
Le grand Gainsbourg dans le maniement des mots
Les mélodies riches et des interprétations sans faille
Et même dans la dégaine
Fatigué, nous sentions tous que le bout du chemin était proche
Transfusé, pour pouvoir venir recevoir ses prix – comme un enfant –
Qu’il fut toujours
Il avait quand même gardé son regard chaleureux et sa voix puissante
C’est fini, donc, ces mots que lui seul possédait
Ces jeux de mots et de maux rien qu’à lui
Ses hésitations, ses peurs, ses amantes
La mort est venue nous rafler tout cela d’un coup en prévenant cependant
« Bleu pétrole » fut donc le dernier champ dans son expérimentation
il est ainsi parti voyager « en solitaire »
et ma main est tendue pour lui
et j’ai mal comme pour Ferré et Nougaro
ces chants qui seront maintenant du « passé »
ce climax à la fois apogée et orgasme
qu’il désirait et recherchait en tout
va mon ami va visiter tes sirènes et sauter à l’élastique
« à l’envers » dans les nuages
tu remonteras ainsi vers le soleil,
ton frère,
ton ami
tu as besoin de chaud
bien à toi / Marc /

On m’a vu dans le Vercors
Sauter à l’élastique
Voleur d’amphores
Au fond des criques
J’ai fait la cour à des murènes
J’ai fait l’amour
J’ai fait la mort
T’étais pas née
A la station balnéaire
Tu t’es pas fait prier
J’étais gant de crin, geyser
Pour un peu je trempais
Histoire d’eau
La nuit je mens
Je prends des trains
A travers la plaine
La nuit je mens
Je m’en lave les mains
J’ai dans les bottes
Des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho
J’ai fait la saison
Dans cette boite crânienne
Tes pensées je les faisais miennes
T’accaparer seulement t’accaparer
D’estrade en estrade
J’ai fait danser tant de malentendus
Des kilomètres de vie en rose
Un jour au cirque
Un autre à chercher à te plaire
Dresseur de toutous
Dynamiteurs d’aqueducs
La nuit je mens
Je prends des trains
A travers la plaine
La nuit je mens
Effrontément
J’ai dans les bottes
Des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho
On m’a vu dans le Vercors
Sauter à l’élastique
Voleur d’amphores
Au fond des criques
J’ai fait la cour à des murènes
J’ai fait l’amour
J’ai fait la mort
T’étais pas née
La nuit je mens
Je prends des trains
A travers la plaine
La nuit je mens
Je m’en lave les mains
J’ai dans les bottes
Des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho
La nuit je mens…
Texte Alain Bashung/Jean Fauque 1998