puis tes jambes partirent comme des fusées ou des ballons remplis d’air et subitement lâchés et décrivirent d’agréables courbes et formes de lampions, la soie et l’acrylique et le nylon soyeux des collants ou bas irisaient et restituaient toutes les couleurs de l’alphabet ;
puis ton buste qui se divisa en autant de photographies gélatino-argentiques noir et blanc et en différentes tailles, et mat ou brillant, parfois on avait même l’impression d’un côté « relief », on cherchait à toucher ta poitrine ;
et tes fesses montèrent au ciel comme deux lunes amies et complémentaires, ton sexe enfin partit en rigolant et en râlant tout en même temps, barbotant sur ses deux petites lèvres comme le bec d’un oiseau ;
puis ce fut « toi-même » qui t’élança, petit bout de femme bien vivante, tu courrais sur les toits sensiblement nue et décalée, cherchant tes morceaux épars et sautillant comme une super balle élastique qu’on ne peut contrôler ; tous les spectateurs se tordaient le cou pour suivre tes circonvolutions et clignaient des yeux à cause des violents effets de lumière que tu produisais.
Nous venions donc de terminer nos échanges verbaux, j’étais gêné car tout le monde me regardait, je touillais mon café que je prends sans sucre pourtant, et j’essayais en vain un sourire circonspect et circonstanciel. Puis le monde reprit sa route et tu partis dans la rue balançant tes hanches comme un moteur amical. Les toits reprirent allures humaines sous le soleil rouge.
