
John Donne (1572-1631), poète et prédicateur anglais est considéré comme l’inventeur de la poésie « métaphysique », je suis tombé par hasard sur ces vers énigmatiques dont deux traductions différentes suivent :
A pregnant bank swell'd up,
to rest The violet's reclining head,
Sat we two, one another's best.
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Une rive en crue invitait les violettes
A reposer leurs testes,
Nous nous assîmes, l'un à l'autre tout entiers.
(traduction : Gilles de Sèze)
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Un talus s’enflait, soutenant
Le front penché des violettes,
Nous étions assis, l’un à l’autre.
(traduction par Jean de Menasce)
(Paru en 1927 dans Le Roseau d’or)
« Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une parti de l’ensemble ; si la mer emporte un motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain, aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne » (Devotions upon Emergent Occasions, 1624) »
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Il défendait aussi l'idée du suicide, exceptionnel pour cette époque !
pris sur le net :
Que l’homicide de soi-même n’est pas si naturellement un péché qu’il ne puisse jamais en être autrement. Ce traité défend l’idée que «l’autonomie* humaine est assez grande pour […] laisser le libre choix entre la vie et la mort» (G. Minois, Histoire du suicide, p. 118). La mort volontaire est justifiée dans certaines circonstances. Le livre comprend trois parties: le suicide est-il contraire à la loi de la nature? contraire à la loi de la raison? contraire à la loi de Dieu?
Le suicide n’est pas contraire à la loi de la nature, sinon il faudrait condamner toutes les pratiques de mortification par lesquelles les humains cherchent à maîtriser leur corps. La nature de l’homme, c’est la raison, qui peut lui indiquer si le suicide peut être bon ou mauvais dans une situation particulière. Le suicide n’est pas contraire à l’inclination naturelle, car c’est un phénomène universel que l’on rencontre dans tous les lieux et à toutes les époques. Le suicide n’est pas contraire à la loi de la raison, la raison guide les lois. Or, celles de la Rome antique ne condamnent pas le suicide. Thomas d’Aquin* prétend que le suicide est un péché contre la société, parce qu’il la prive d’un membre utile. Mais un émigré qui quitte son pays ou un général qui se fait moine fait de même. Nous pouvons renoncer à la vie pour un bien supérieur. De nombreux homicides sont commis à la guerre* et dans les exécutions capitales. Le suicide n’est pas contraire à la loi de Dieu, car il n’est pas condamné par la Bible*. La mort de Samson et du Christ ainsi que le martyre* sont des morts volontaires. «Le raisonnement de John Donne n’est pas sans faiblesse: pesant et fastidieux, il abuse du syllogisme et de l’analogie. Il a cependant une force indéniable» (G. Minois, Histoire du suicide, p. 117).