
Tu te souviens, Nathalie ?
de nos enfances ?
Quand on se prenait la main en insouciance
Tu te souviens de ces deux arbres ?
Un peu toi un peu moi disais-tu,
et la petite cabane abandonnée d’en face
où nous disions nos récitations, jouions à la dînette, je goûtais tes plats imaginaires
Ah ! l’imaginaire des enfants !
J’ai retrouvé ces arbres en revenant très loin dans le passé,
en retrouvant ces routes oubliées
Ils sont là toujours droits et fiers
dans la brume de ce matin d’hiver
le jour se lève tout juste, je n’ai pas dormi cette nuit
A l’heure adéquate où le soleil est enfant lui-même
Adultes eux-mêmes maintenant
Les deux arbres sont encore plus parasités de gui
Plus vieux plus solitaires
Peut-être se sont-ils ennuyés éloignés l’un de l’autre
Adultes les choses changent ainsi : on prend ses distances,
on renie l’amitié des choses passées ?
on cherche l’avenir ? réussir sa vie future ?
J’ai toujours considéré ces deux arbres comme les deux moitiés du monde
Plutôt comme les deux battants d’un portail vers un monde féerique
Enfin retrouver cette âme cette surface où l’étendue des yeux se fait
me réchauffer le coeur
En fait c’est encore l’enfance et l’enfance seule que je viens contempler ici
On cherche toujours à retrouver des situations, à renouveler des expériences qui jadis n’ont apporté que plaisir et bonheur, et des découvertes, découvertes que seuls les enfants sont capables de faire.
J’ai toujours aimé ces champs labourés, vitraux extraordinaires
Et ces deux sentinelles du vrai monde
Hors des villes, en saine patrie,
sains végétaux d’un monde vivant où seule l’innocence des enfants serait acceptée
Sais-tu que le mot « enfant » vient d’un mot latin
qui dit « celui qui ne parle pas »,
l’enfant est le père de l’homme disent maintenant les psychanalystes…
es-tu toujours le porte-parole de cette enfance-là ?
l’attention que tu accordes au langage est-elle là aussi des restes de tes enfances ?
La mort nous est alors inconnue dans ce monde immense
Dans ces champs essouchés où seuls deux arbres et ta cabane
guident nos pleins regards en confiance enfantine, en joie verticale, en souvenirs souverains
le vouloir-vivre simplement
trouverons-nous enfin ces chemins de traverse du plein réel ?
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ClaudeL 16/06/2006 22:35
Viviane 16/06/2006 22:15
Nat 15/06/2006 15:52