Tu dis : ?
tu dis...
c'est ainsi
c'est ainsi que tu dis, tu dis et puis tu tournes la tête vers moi, hésitante
en tournant la tête tu fais silence
yeux baissés
puis tu montres à nouveau ta nuque ta chevelure de dos
et reparles
quel discours - ainsi cachée - dictes-tu moi
tu éructes des mots que j'entends à peine
ainsi je ne vois que ton dos
tu dis quoi ?
tu dis ?
je vois tes cheveux, mais ce n'est pas ta bouche
mais tourne toi donc et fais toi bavarde, mais là en questionnant mes yeux
tu t'éloignes
puis te tais
la fenêtre fait des ombres
les enfants jouent dehors dans ces vieux bacs à sable insalubres
là où je jouais moi-même jadis avec mes billes et mes coureurs cyclistes
alors moi aussi je me tourne
et en allant droit
je quitte cette pièce sans communication
d'autres diraient que je titube, mais non je m'efforce de marcher droit, mais marcher sans respirer n'aide pas et j'étouffe brutalement au fin fond du couloir tagué dans cet immeuble en décomposition
dehors je foule des feuilles mortes moitié vivantes moitié en poussières rien n'est finalement vivant dehors tout est fatigue
et c'est comme moi un monde en finition, même les beaux sons cessent, il reste alors un murmure, un brouillard, une déchirure où l'humanité elle-même ne peut rien
je n'ai plus que des photos de toi de dos
et floues
et tes longues mains, là