Ce visage ?
Qu’en diriez-vous ?
On me dit (le propriétaire) que c’est un visage de 23 ans pile.
On me dit en outre que ce visage rayonnant donnera naissance dès le lendemain à un enfant bien rond, un nourrisson tout rond.
Vous y croyez, vous ?
D’abord : les fées enfantent-elles ?
Ce n’est pas clair.
Personnellement, je n’ai encore jamais vu de fée en cloque avec cambrure et gros ventre. Je le regrette ceci dit.
Les avis divergent donc.
23 ans. On nous dit 23 ans.
Ah ah ah, je ris !
Cette belle donzelle est tout juste enfantine et donc aux mœurs dissolues, car accoucher à 17 ans, voilà bien le problème pour le tout alentour …
Bon arrêtons le senso latu.
Et revenons à ce visage-là senso strictu.
Bon : perfection de l’ove, de l’ovale. Des yeux étranges trop grands ou au contraire à la bonne taille. Et un teint étonnant, ricanant et rayonnant, émotionnant et fascinant, bref tout en ‘nant’.
Il y a du ‘vrai’ dans ce visage. Pour un peu, on aimerait la gent humaine. On lui ferait confiance.
Mais il y a bien pire : ce visage semble heureux. Aucune suffisance des femmes engrossées dont parle l’ami Jacques. Non au contraire, la joie. Même pas d’inquiétude. Et pourtant et si l’accoucheur était un crapaud ? hein, hein, madame la Fée ?
Il semble y avoir une complicité avec le photographe. Elle le regarde en souriant nettement. Un paparazzi ? heureux de voir enfin une fée accoucher ? Un étranger, un maladroit ? quelqu’un d’aimé peut-être …le crapaud accoucheur ? Un mari ému, magicien, sans doute.
La photographie est là et même publiée sur le net avec plein d’ellipses et de mélismes. J’utilise le mot ‘mélisme’ que le visage utilise, comme ça je vais savoir peut-être enfin ce qu’il veut dire, mais bon ça sonne bien et puis c’est musical. Une histoire de rythme, de musique, bref que du bon.
Donc le plus surprenant : ce visage est heureux. Moi, j'ai plus l'habitude dans mon monde de noirceur.
A la réflexion, il me fait penser au visage d’une rainette. De ces rainettes qu’on embrasse et qui se transforment en demoiselles accortes.
Anecdote : canicule ici depuis un moment, zéro pluie depuis des semaines. Hier, fort orage, une petite partie de la journée. Le soir je ferme la maison tranquillement, dans un petit couloir, un jouet d’enfant au sol, une grenouille ; la maison étant attaquée régulièrement par deux êtres jeunes vivants à 4 pattes et mâchoires solides pour tout dévorer et casser, je me penche pour ramasser le jouet. Arghh ! il saute en l’air et me provoque une sacrée trouille. Je l’attrape : une belle rainette verte, bien luisante. Mais d’où vient-elle ? Où est-elle née ? Jadis mon vieux professeur de biologie – un être d’un autre temps – disait de beaucoup de choses cellulaires qu’elles apparaissaient « de novo ». J’aime beaucoup cette expression. Donc voilà une rainette « de novo ». Délicatement elle ira dehors avec les hérissons et les crapauds.
Mais je m’égare encore.
Non finalement, ce visage est un visage de voyelles, un visage rimbaldien. On changerait les lettres et les couleurs, tout lui irait bien. Ah ! Si j’avais été visagiste, j’aurais pu travailler cette matière-là. C’est un visage découvert, à visage découvert. Il pourrait nous emmener dans des vortex liquides et azurés ? on y découvrirait des silices inconnues bleues ou rouges. Des tourbillons frais.
Mais moi, mon visage vultueux à moi est épouvantable dans la glace. Et puis je n’ai jamais accouché, mais ça c’est une autre histoire…
Bon continuons : lèvres avec pulpe, volubiles sûrement.
Joues et polissage : un nombre élevé sans doute de Volt au cm2.
C’est une bouche à faire la vole, le grand chelem, à tout gagner.
Salive surette et douce. Je ferai du surf, même ventru, oui du surf ventru, sur ces lèvres-là. Porto et liqueur de melon en sus en rouge à lèvre. Pour agrémenter.
D’ailleurs avez-vous goûté ces nouveaux chewing-gums melon-intérieur mûre ? et bien c’est ça. Enfin j’imagine, je n’ai jamais embrassé encore de fées, juste quelques rainettes, qui ne furent finalement et malheureusement que des rainettes (et encore « de novo »).
Donc je vais remiser par-derrière moi ce visage-là dans la pinacothèque de mes visages préférés. Ce visage très pimpant et calorifère.
Difficile de donner un âge aux fées. Elles vieillissent si doucement avec étrangeté.
Un reste fugitif : sourire des yeux, sourire des lèvres.
Un sourire délicieux en demi-soupir.
Un enfant est donc né dans ce sourire. Un enfant-fée ? « de novo » ? Il est des crapaudières idéales, mais ça - pour une fois - je le savais déjà.
allez lire ses délicieux textes : voyages en poésie.

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