Le moment où les grands dragons aux flammes d’or disparurent ne laissant que leur squelette aux os d’acier, inerte et vieilli ; où les coureurs cyclistes en plastique et fer débattaient dans des pistes sableuses une grosse bille de terre au pied de leur vélo ; où cow-boys et indiens se faisaient une guerre sans merci et pourtant sans aucune réelle perte humaine malgré les flèches et les balles en plein cœur ;
Alors ?
Les premiers émois ? mais lesquels ?
Les premières érections ? les premières éjaculations ? les premiers rêves érotiques que l’on ne comprend pas, ces images brutales et ces sensations frustes, ces portes entrebâillées sur des miroirs sensuels, ceux d’un autre monde, à venir indubitablement mais vers quel moment ? Cessera t on de jouer pour dresser le cou pour entrapercevoir cet autre monde ?
Et ces premiers poèmes écrits dans l’urgence d’une main saisie dans un vieux lycée de province, ces vieilles salles aux vieux bois patinés.
Les premiers regards autres que ceux de sa mère qui vous fixent posant des questions alors inconnues, et les sourires qui conviennent.
Enfin ce fameux « autre corps », celui de l’autre, comme un désastre à venir ou la fête rêvée ou l’instant J du moment t.
Où la vraie vie cessât ? Lorsque ma mère grandît ? Ou c’est moi qui cessai de jouer ? Et l’imaginaire, cet imaginaire là justement ? Celui où je mourrai tué méchamment par les balles d’un visage pâle, moi, œil-de-lynx tombant mon arc à la main dans les hautes herbes des bisons, où est-il passé ? Puis autre chose me fit aimer, peindre, dessiner, écrire, rédiger, de quelques traits, de quelques mots pour voir ou revoir…
Et puis découvrir les « grands poètes », « la chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres, fuir, là-bas fuir… »
Ensuite il a fallu élaguer, élaguer sans cesse pour que cet arbre qui n’espérait qu’à l’étalement, qu’à devenir un bon arbre d’ombrage, ne soit plus qu’un tronc droit officiel et/ou réglementaire ; il fait donc si peu d’ombre aux oiseaux et autres petites bêtes de la vie, que le sol du bas est terne, à ses pieds, à ses racines qui sortent de terre parfois bizarrement afin de chercher quelques bouffées d’oxygène.
