Des airs arrachés dans leur silence
Mon nom de personne humaine retrouvée
Un chat de silence aux odeurs tant aimées
La terre aux sentes de grenat trempé, et
La mort alentour à parfaire, attentive
Après deux chansons, tu t’es retournée et regardais pas n’importe où
O ma douce aux herbes de chênaie ma mie d’univers et danses
et
Ma tête penchée t’élève, tes lèvres emprisonnent,
ô sonne mon amour, à ma porte
Mon chat jaune t’attend,
Sa moustache éclairée, étoiles sifflantes,
Un air de piano très lent où le chanteur s’enrhume, sa poésie distante très loin de toi,
Un air de piano à tout casser pour le mépris et l’insolence
O je les aime ces airs-là jusqu’au bout de la nuit.
Je te cherche encore aujourd'hui dans les cités des hommes, j’éreinte mon corps à t’inventer, mes pas me portent ailleurs, je ne vais pas loin, ici le peu me suffit ; quelques fleurs séchées ensemble, ta main blanche nichée près de mon ventre, mon chat à l’œil infini.
« venez le soir, venez très tard » à l’impossible rêve près de moi
confondu
immobilisé
mon chant s’égare
aimable mon visage même trop, même mal
qu’importe
« vous avez fait taire les cœurs vous écoutez »
pour atteindre
pour rejoindre les temps endurcis les soleils intégralement noirs
Vous garderez donc mon souvenir, tristitude comique, à l’instar de nos rêves étonnants, finition drôle de nos espoirs finis ; vous ouvrirez le tiroir des photos jaunies, tous vos chiens oubliés égarés aux tristes mines grises ; les défaites d’autrefois au fond de vos prunelles très mûres, très parfumées ; il vous restait cette écharpe de mon frère que je vous vois porter, elle a des reflets d’or sur votre cou. Votre cou ?
Forêts de rouvres où vous vous offriez aux terres feuillues
Palette d’un peintre fatigué du jaune et du brun
Votre corps boueux de glaise ocre, un ruisseau vous lavait
Les jambes, vous les étiriez en riant chaque fois des marrons pleins les mains
Sur les coteaux de la route de Savonnières il y a trop longtemps.
Dans les rues de cette ville oubliée
Aux ruelles pourries des magasins que tu aimais
Et que je n’aime pas
Heureux sur les pavés, gesticulant dans l’air,
Bouffant l’espace irrité des autres
Mes bottes tordues qu’un ami m’avait prêté
Et toi veste verte, ce cuir de ma mémoire
Les restaurants aux œufs-durs-mayonnaise
Ces rouges presque imbuvables dans ton palais
Tes mains trop blanches attentives
Froides aussi, même l’été, toujours prêtes
A l’amour, l’amour bouillant dans les tempes
Les doigts les langues
Il est rare d’ignorer à ce point les autres,
Tu les ignorais.
O cette femme si près
Attentive à ce chant nourricier
Toi Jacques de l’amitié et sa contrebasse
A moins que ce ne soit Jean ou je ne sais plus
A Hagetmau tu chantais après
Je ne pourrai y aller ami des concerts discrets
Mais il y avait cette fille devant
Ses épaules lainées qu’y vois-je
De ses arabesques près des projecteurs
Tu te retournes
Défies la salle de ton regard
Tout à l’heure à la fin des chants
Tu perds ton écharpe elle est de laine celle-ci
Et blanche et lourde celle-ci, un présent d'amitié
Il faut que je la ramasse comme un imbécile
Tu souris comme seules les femmes
Le peuvent
Adieu
Adieu
Ce fut un temps de jadis ancré dans mes rêves
Des secondes d’éternité pour une vie entière
Des espaces fins et brutaux à jamais souvenus
Où de fins peupliers et trembles qui au vent léger
Tremblent de tous leurs longs bras effeuillés
En d’improbables et longues quêtes d’humanité
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