
Willy Ronis, un des derniers photographes « humanistes » est mort le 11 Septembre à Paris, là où il était né. Il avait 99 ans. Cet été Arles l’avait mis à l’honneur, lui qui fut longtemps occulté par le travail de Doisneau, lui dont une des fiertés était de n’avoir jamais fait – disait-il - de « photos méchantes ». Ses photos après la guerre, à la libération, le firent connaître, il photographiait beaucoup les gens, n’aimait pas les rues vides, était passionné par le petit peuple de Paris, les classes populaires auxquelles il appartenait. Il fut aussi un des premiers à se considérer comme « artiste » et non pas comme un simple « presse-bouton ».
« Mes photographies présentent un visage de Paris qui pourrait – faussement – passer pour un paradis. La vie était dure, mais ces années 1950 embaumaient la liberté. On respirait après toute la douleur de la guerre. » Armé d’une mémoire fabuleuse, il était capable de commenter la plupart de ses photographies et d’en raconter les anecdotes.

Je me souviens très bien de ma première vision des photographies de Willy Ronis, c’était au Château d’eau à Toulouse, il y a longtemps. Cette magnifique galerie où chaque mois déboulait un photographe digne d’intérêt. Je me souviens particulièrement de ce « nu provençal » qui date de 1949. Et pour cause c’était l’affiche proposée.
Cette photographie montre bien l’excellent travail de composition de Willy Ronis « artiste » et non pas photographe instinctif des rues ; le broc, le mortier, la chaise, le miroir sont placés idéalement comme une composition d’un peintre impressionniste, ce noir et blanc est extraordinaire et on a beau chercher, on ne trouve pas de défaut à cette mise en scène. Une lumière aveuglante noie les arbustes dehors, éclaire un peu ce volet bizarre qui s’ouvre vers l’intérieur, puis se reflète sur le dos du modèle. Au sol, aussi, une trace du soleil.
Un chef d’œuvre photographique, et qui aurait pu être une belle toile de peintre.