
cette jeune "elfe diaphane" dont parle Philippe Jaccottet, est morte elle aussi si jeune à 27 ans d'anorexie et n'aura écrit que peu de temps (1986 -1993) entre ses séjours en hôpitaux psychiatriques et ses travaux universitaires sur Rimbaud et Bonnefoy ; mais chacun de ses poèmes est une épure, un ciselage unique, une recherche de la perfection dans le court, l'agencement des mots, l'émotion poétique, un épanouissement de lutins, une plénitude humaine, une excellence rare ; elle laissera aussi quelques dessins et peintures très réussis, comme ce Baudelaire ou ce double Rimbaud, 2 dessins côte à côte comme des jumeaux, comme cette dualité qui habite souvent chaque voix humaine.
Je t'appellerai d'un langage plus léger
Je te prendrai par la main de personne
Nous aurons la peau lavée, les yeux noyés
Tu cesseras de retenir tes mains contre les grilles
Nous grandirions sans retour
Je toucherai ta peau comme pour revivre
Tremblant du bruit de ton sourire
De ton prénom de neige à la mesure des yeux
De l'âpreté de tes mains
Orée grise d'oiseaux, nous grandirions
Près des fleurs qu'on sèche dans les vases
Près des vitres embaumées de la lumière
Un doigt déchire enfin la vitre
Le jour au nord est mûr
Sans un vent.
Un mot de Pierre Perrin dans la nouvelle revue française : ICI.
Le matricule des anges : ICI.
Sur Poezibao : ICI.

Béatrive Douvre, Oeuvre poétique, peintures & dessins, préface de Philippe Jaccottet, VOIX D'ENCRE, ©2000.
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