Voilà ce que l’on nous demande cette semaine pour un atelier d'écriture !
Alors du coup : hésitations.
Car le livre est pluriel, n’est-ce pas … : roman, essai, récit, théâtre, poésie, critique, autobiographie, nouvelles, suspense, polar, style, humour, maximes, philosophie, SF, fantasy etc.
Choisir parmi tous ces livres qui nous ont nourri. Bien difficile.
Vais-je vous parler de livres formidables qui m’ont « secoué » : « le loup des steppes » d’Hermann Hesse, « le passage » de Jean Reverzy : quête de l’identité.
Le style flamboyant, le travail sur la langue : « Adolphe » de Benjamin Constant, « Brossard et moi » de Pierre Dumayet, « la chute » d’Albert Camus, « Soie » d’Alessandro Baricco, « Les faux-monnayeurs » de Gide ou « dernier amour » de Christian Gailly…
L’essai que je relis sans cesse alors que ce n’est plus de mon âge : « le nouveau désordre amoureux » de Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut ou « l’éloge des plantes » du père du radeau des cimes Francis Hallé.
Et puis le théâtre qui m’a tant apporté : Molière, « Jacques et son maître » de Milan Kundera, « Huis clos » de Jean-Paul Sartre et tout le théâtre de Dario Fo, de Beckett, de Ionesco.
La poésie – qui comme la SF, jadis – (« Dune » de Franck Herbeth, « fondation » d’Asimov), m’a donné envie de lire : « les yeux d’Elsa » d’Aragon, « l’espace du dedans » d’Henri Michaux, « plain chant, pleine page » de Jacques Bertin, mon alter ego. La poésie que j’aurais souhaité écrire.
« Le seigneur des anneaux » de Tolkien, aussi, magnifique livre de fantasy. Chef d’oeuvre, encore. « Les seigneurs de l'instrumentalité » de Cordweiner Smith.
Les nouvelles qui sont de purs joyaux lorsque c’est Raymond Carver : « vitamines », écriture minimaliste et pourtant si forte.Ou la japonaise Yoko Ogawa.
Les grands inclassables : « l’écume des jours » de Boris Vian, « le manuscrit trouvé à Saragosse » de Jean Potocki.
Les grands journaux sur soi-même : « le métier de vivre » de Cesare Pavese ou chef d’œuvre des chefs d’oeuvres : « le livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa.
Les romanciers de l’étrange, mon préféré du moment : Haruki Murakami : dont tout est bon à lire, futur prix Nobel vraisemblablement.
Je suis quelqu’un de pessimiste, de renfermé, misanthrope beaucoup en vieillissant, aimant les livres « qui remuent les émotions » « qui font monter les larmes aux yeux », du bel ouvrage comme on dit. Amoureux de la nostalgie, de la mélancolie, une sorte de mélange entre Kierkegaard et Chateaubriand. ;-) (oui je sais , c’est pas bien).
Alors je vais changer mes plans et vous parler de « Signé Parpot » d’Alain Monnier. Pur chef d’oeuvre d’humour ! On rit à chaque page, tant ce livre est inventif, diaboliquement réussi et jouissif.
C’est un livre étrange, cocasse, émouvant, drôle : roman noir ou intrigue policière composé uniquement de documents (lettres, cartes postales,rapports de gendarmerie, journaux intimes, chèques, titres de transport, tickets, etc.) sorte de collage. Ca se lit très bien d’une traite. Ca se déroule dans ma ville fétiche, celle de mes années estudiantines : Toulouse. Le héros est un personnage décalé, qui a son intelligence à lui, bien spéciale. Il recherche un emploi, celui-ci sera la clé de tout : le bonheur bien sûr et une certaine sécurité. Mais surtout il est tombé amoureux d’une certaine Claudine Courvoisier, et il a choisi : ça sera elle ou rien. Chose étrange : elle semble ne pas être d’accord. Alors notre héros va persévérer et la suite est un pur bijou…
Vraie lecture « plaisir » (c’est un des buts de la lecture, non ?) même si ce n’est pas de la « grande » littérature. Encore que... Tout cela serait à discuter.
Ce livre est très utilisé maintenant pour les élèves des collèges et lycées, pour donner envie de lire et montrer qu’un livre peut être autre chose qu’une succession rébarbative de paragraphes . D’ailleurs il a obtenu le Prix littéraire des lycées professionnels du Haut-Rhin en 1995, prix décerné par les élèves eux-mêmes.
Si le livre est pluriel, l’écrivain aussi, Alain Monnier a écrit des suite à Parpot, puis des livres extrêmement différents, un très sombre : « les ombres d’Hannah » et plus tard « survivance », sorte de roman bigarré, très ambitieux, sorte d'utopie entre 1895 et 2060 avec beaucoup de verve, d'invention et d'humour. Récemment avec « Givré » retour au roman désopilant . Et nouvelle réussite de cocasserie et d'absurde. Enfin il y a 3 ans : un livre sur les indiens boliviens en hommage à l'ethnologue Alfred Métraux avec photographies de Pierre André Thiébaud. J'aime cet éclectisme-là.
Grand écrivain.

lasidonie 16/04/2007 19:46
frenchpeterpan 15/04/2007 18:12
Russalka 15/04/2007 17:26