( car les maîtres-à-danser mesurent le temps qui resterait )
les belles gymnastes de l’Est grossiraient, leur féminité, enfin, apparaîtrait ; les conifères et les cycas perdraient leurs feuilles à la saison désirée ; les lemmings verraient leur QI grimper et émigreraient au Nord ; les ordinateurs auraient leur vie « à eux » libérés du joug humain ; les oréades renaîtraient et leur cascade de cheveux ; la reine termite s’allongerait les pattes ; on jouerait à la belote avec nos mânes ; les banians lanceraient leurs racines vers les nuages ; la terre trouverait le climat idyllique ; l’onanisme serait un art enseigné à l’école ; les grives musiciennes apprendraient le violon ; l’ondulant de notre sang serait constant ; les groseilles arrêteraient de faire les maquereaux (et rougiraient) (et puis elles seraient moins acides) ; il n’y aurait plus d’hommes politiques ; les crabes ne seraient plus enragés ; la profession de camériste serait encouragée ; les bars seraient joliment décorés (et perdraient cette sinistrose constante) ; apprendre à baragouiner serait encouragé ; les mille-pattes nommeraient leurs pattes une bonne fois pour toutes, nom d’un iule ! on connaîtrait TOUT sur les pyramides ; la maladie deviendrait « anecdotique », la mort un « artefact » ; l’art du mandala et de la patience serait enseigné ; les rares bétonneurs seraient emprisonnés et changeraient vite de métier ; le football disparaîtrait d’un coup ; les dromadaires et les chameaux feraient des petits à une bosse et demi ;
on utiliserait l'ensemble de notre cerveau à 100% ; on ferait l’amour très régulièrement ; nous serions tous enfin des bourgeois bohèmes parce que cela nous va bien (et on le vaut bien) ; la France s’appellerait donc « pays du bon vin » et non pas « pays des hommes intègres » ; on apprendrait tous et toutes la polyphonie, le chant, la poésie, l’art du contact, du toucher, de l’empathie ; nous cultiverions les oiseaux et les menthes et les lichens dorés ; un jour de la semaine serait férié pour les visites aux musées (on suivrait les flèches en sens inversé) ; nous aurions plusieurs femmes et plusieurs maris et beaucoup d’enfants ; la jalousie, la rancune, la convoitise, le dépit disparaîtraient ; les jambes et les visages des femmes seraient parfaits ; les hommes n’auraient plus de bedaine ou si peu ; les cristaux de neige, les méandres des ruisseaux, les acajous des corps, les couleurs des madrépores seraient répertoriés ; nous sommes constitués de 100 000 milliards de cellules : j’augmenterais ce nombre ; adoptons des petits éléphanteaux, des chouettes chouettes hulotte, des lourds taureaux de Camargue : donnons leurs leur aise et leur liberté ; respectons les paysages ; soyons cheval de temps en temps pour apprendre le galop ; hérisson pour connaître le goût des insectes, abeille pour connaître ces nectars, oiseaux et leurs ailes ; fabriquons plusieurs ersatz de nos vies, vivons pluriel ; que la vie soit une érythropoïèse constante ; devenons mastodonte en amour, riches de pensées, sans pépin amer ni faille cardiaque ; apprenons la kora, africanisons-nous ; cherchons nos lions ; cherchons la voie lactée de nos envies ; dérivons, prenons le temps, gaspillons du temps, écoutons ceux qui nous parlent,
oui dérivons
dérivons au gré des courants et des vents dans l’eau des amours, des amitiés, des paysages, des choses humaines, des ocres minérales, des arbres centenaires, des animaux compagnons…
oui dérivons, éclipsons-nous...

commenter cet article …