
Comment croire à la réussite des éclats de ces arbres sur nos toits
nos toits en lumière
nos toits aux sexes de feuillages, ou verdures fortes
et dans les tresses des arbres, des pans de bonheur gesticulant
marionnettes oubliées en couleur indécise
et sur ce gazon à peine clos, encore des syllabes de fraicheur
cherchant des mots inconnus
ainsi : tout plaire tout découvrir tout renoncer
est-il simple de rédiger le ciel, dans mes écrits romancés
écarteler les feuilles des nuages ; y tracer une marge
doux temps
doux sexe
ma vie de peine
ô vous malades : verrez-vous ces taches sombres
dont le sang qui passe témoigne
le sang qui passe
et les coups que la vie donne
ou le textile doux du fleuve
ô nocher de la mort
j'attends vos venues
dans ma solitude féroce
comme ce lac noir au bout de la forêt au bout de mon coeur
mes amours sont finies
mes mains mortes
mon sang fatigué
le bonheur m'a effleuré, puis s'est abcédé
j'ai oublié son goût de réglisse et l'affolement des coeurs
mon coeur hirondelle tendu à son fil d'adieu
le papier peint de ton visage aux pétales longs et soyeux
la vigne de tes cheveux
l'ondoiement lumineux des peaux
on me visse dans le coeur
à l'endroit précis où
je cherche la ferveur, oui mon ami, "cette" ferveur
la noirceur. la suie. la mélancolie. l'ennui. le deuil. la panique. l'éclatement.
m'envahissent. me hissent. me prennent. me freinent. me peinent. me flairent.
ô vie en arrière
vie invendue
j'attends la "mise en mots" de ma vie
dans ce dédale incompréhensible
j'attends des ponts et des pages, des lianes amies
des passages, des croisements
des sources en résurrection
comme des champs infinis fleuris et parfumés
je rêve à revers
il y a longtemps que mon coeur plein d'encre
est parti inviter le silence
je n'ai pas eu le temps
de me nourrir
suffisamment
de
toi
