Elle :
Née en 1940 au centre de la Bretagne.
A 21 ans renonce à l’école Normale où elle venait d’être reçue.
Elle s’engage dans un réseau de soutien au FLN. Difficultés pour vivre en France.
Rencontre Natalino Andolfato, sculpteur Italien, 15 ans suivront. Elle quittera son ami en 1976, 2 ans avant sa mort.
A 24 ans elle fait paraître « meurtre » chez Gallimard, livre défendu par Queneau.
Commence à voyager, toujours seule, aime la Crète, est subjuguée par un séjour en Indonésie mais révoltée aussi (c’est l’époque des massacres de communistes).
Un jour après la mort de son grand père, elle s’effondre et dit : « Je ne veux pas aller dans la terre. ».
En 1968 adhère à l’Union des Ecrivains. Elle se trouve en Tchécoslovaquie au moment où les chars soviétiques envahissent le pays.
Ecrit des pièces radiophoniques, voyage beaucoup comme des « épuisements » : Asie, puis Amérique du Sud, puis Etats-Unis, elle vend son studio parisien pour continuer à voyager : Europe, Egypte, Crète, Hollande, Grèce…
Part à New York en juin, revient en France en Juillet.
Elle se donne la mort le 23, jour de son anniversaire, dans un hôtel de la rue Dauphine.
Elle a juste 38 ans.
Je ne peux plus dire mon nom.
Et je dois me défendre. Contre tout. Je m’agglomère aux gens du matin.
Je ne sais que faire, quel chemin prendre.
Chaque jour, je prends la forme d’un départ, il n’y a pas de préparatifs à faire.
Je décide seulement. Je me lève de l’endroit où je me trouve, je traverse la ville dans toute sa largeur. J’arrive aux faubourgs. Je dois aller encore plus loin, le long des murs gris, des eaux glauques, des palissades noircies.
J’ai pris l’habitude de vivre la nuit. Le début de la nuit m’apporte toujours une sorte d’étrange sérénité.
J’ai l’impression de vivre une mort.
Je dis fin, je dis que c’est fini, bien fini cette fois. Je ne dirai plus rien, je ne répèterai plus sans cesse. Je suis dans la pièce toute noire, toute sombre de cette nuit épaisse ; parce que je souhaite toujours cette épaisseur là mais rarement le monde. Elle pousse une porte. Il y a une lumière très faible quelque part. Elle monte. Je suis en bas. J’attends. C’est convenu. Puis je monte aussi. Je suis essoufflée, je crois. La porte est ouverte. Elle est sur le lit, en imperméable, les yeux fixes. Je la regarde. Il faut que je parte. Elle est morte.
« J’ai une mer intérieure, pas bien grande, mais elle m’emplit tout entier. Ce n’est pas une eau tranquille, dormante, comme on dit. Suivant les jours, les heures, elle se gonfle, me secoue. Elle suit le rythme des marées, les miennes. Les vagues montent et roulent dans ma tête. Elle se rue sur mes digues. »
(oeuvres I et II)