Ce n'est pas la première fois que je lis Rick Bass, ses descriptions fines et sensuelles des paysages américains m'avaient déjà séduit. Et puis on lit tellement qu'on oublie. Un jour je tombe sur un article disant que le meilleur R. Bass était "Platte River". (Il parait d'ailleurs que le nom de "Platte" est d'origine française, un des premiers découvreurs français Étienne de Veniard, sieur de Bourgmont en 1714, parla de "flat water". Le mot français "platte" resta.) . Cela tombait bien, il venait après 10/18 d'être réédité dans cette nouvelle collection Christian Bourgois éditeur dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ne se foule pas pour imprimer des couvertures "appétissantes". Bref.
Les 3 nouvelles sont magnifiques.
La dernière que je préfère "Platte River" a des intonations de Raymond Carver, c'est un petit bijou. Un couple se déchire pour de bon, mais en toute lenteur et amitié. Les scènes de pèche en finale avec un ami suicidaire dans ces beaux paysages sont écrites de manière miraculeuse. La chute d'une infinie tristesse est poignante.
La nouvelle du milieu "Exploits sportifs" a des airs d'Haruki Murakami avec son côté légèrement fantastique. Un homme très fort A.C. "le gros homme" ne cherche qu'une chose dans la vie : le bonheur dans la communion de sa force naturelle et de la nature. Il le trouvera doublement en rencontrant une famille qui l'adoptera et qui l'aimera. Particulièrement Lorie, la jeune dépressive ; et tout leur amour ne sera que la force naturelle des eaux et des torrents. Juste la joie d'être humain et de vivre dans cet environnement monstrueusement beau.
La première nouvelle "Mahatma Joe", Leena cherche à s'isoler des hommes, nage nue dans une eau glacée. Le prêtre Mahatma Joe et sa femme esquimau patinent eux sur cette rivière et jette à la volée des graines sur les berges pour créer un potager. Un accident surviendra. Mais la vie continuera.
C'est écrit simplement mais divinement et si ce recueil parle encore une fois des difficultés des relations humaines et particulièrement des relations homme-femme, la beauté de la nature environnante relativise tout et au contraire donne un espoir invraisemblable pour la nature "humaine". Tout n'est pas perdu tant que nous vivrons dans cette nature-là.
Les nouvellistes américains sont décidément très efficaces dans leur impressionnisme et leur pointillisme de la nature humaine.
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