Je vous ai dit récemment le bonheur que j'ai eu à lire "scintillation", enfin un roman qui sortait de "l'ordinaire" ; comme ce romancier fut avant tout poète ; j'achetais "The hunt by night", dans une version bilingue fort agréable. (traduit de l'écossais par Françoise Abrial)
penseras-tu à moi non pas, tel que je suis
mais tel que je deviens :
seul dans les bois ;
seul
en l'absence de moi
incorporé à l'insaisissable de l'écoute
will you think of me not as I am
but as I become :
alone in the woods ;
alone
in the absence of me
absorbed into the slick of listening
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Chasse nocturne
Les enfants se figurent la mort comme une accumulation
d'ombres entre les arbres : une cachette
pour tout ce que les adultes ne peuvent nommer.
Pourtant, ils se pressent pour ne pas manquer le rendez-vous
au fond des bois, au point de rencontre des lignes parallèles,
là où tout est modifié de son propre
élan - modifié même si nous disons transformé -
lévrier en chevreuil, rires en peau et os.
Et personne ne survit à la chasse : bien que les hommes rentrent en groupes de trois ou quatre, le visage rendu inexpressif par le froid,
ils n'atteignent jamais vraiment ce qu'ils semblent être,
laissant au cour de la forêt une tournure de phrase ou
une chanson de leur enfance, penchés sur la proie qui tressaille,
ils attendent, tandis que leurs couteaux transpercent le sang
comme du beurre ou de la soie, que le coeur s'arrête.