"Il n'y a pas de poésie obscure. Il s'agit de donner à un mot la compréhension de l'autre, et ainsi de suite. Il y a comme un furet qui passe dans le coeur du langage, et décrète la profération, le chant. Après quoi, raconter sa vie ou celle du voisin, ou celle de personne, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. La vérité se sent plus qu'elle se touche. C'est pourquoi il est quasiment impossible de mentir, au sens fort. Ce serait donner à l'autre des pouvoirs qui lui manquent.
J'ai idée que la poésie se trouve par là, dans une région de flamboiements, entre l'éthique et l'absurde. Le langage justifie notre esprit d'escalier, notre besoin de parodie, de miroir, de représentation. On vit. Mais on s'apperçoit surtout qu'on vit. Un homme seul sur une île d'où l'on ne peut écrire, non pas tellement pour mais grâce aux autres. NOUS SOMMES DES PARADOXES AMBULANTS.
Et précaires, précaires..."
Georges PERROS