Juste à dire
Si le silence vient au fin fond des prés
Comme l’innocence aux brins d’herbes
Je suis moi et puis en définitive non ;
Les repères sont perdus aux flancs de toi
Aux collines vertigineuses ; vins soyeux ; visages enfouis
Que l’on cache
Mon amie aux cheveux suaves
J’étais à cette clairière ; dedans tes formes devenues difformes
Que le temps compose
Malgré tout
Nous restons seuls ; indubitablement
Et si la solitude crépite comme une prière
Elle fait mal comme un écueil
Aussi : telle feinte ébahie
Je voulais parcourir l’homme
Et m’aider de projets artistiques
J’ai voulu éduquer mon corps au tien
Reste ce bouquet d’arômes ; bouquin sans fin
La vie dépressive aux larmes faciles
Gifle et perce mon âme sanieuse
Tu étais mon transsibérien
Et tes rails : goût du voyage sans fin
J’ai mordu tes sucs pour ne pas mourir
Je flanchais en m’approchant
Désabusé de tes joies extrêmes
Comme dit l’autre, blessé, blessé seulement
Ivresse de la mort ; cinéaste du suicide
Grugeur du monde vivant
J’ai grossi dans ma grotte et n’en puis sortir
J’appelle tous les mineurs au désenclavement
Spéléologues aguerris, sirènes aux corps féériques
Nains musculeux
Amis véritables des vieilles structures
Curieux de champignons rares
Botanistes de fougères inconnues
Amateurs éclairés, détecteurs des métaux enfouis
Numismates instruits et prospecteurs malins
Orpailleurs des terriers enfouis
Venez me désengourdir, me désenlaidir
me désensabler, me désennuyer, me désencrasser
me désencombrer de mes vides profonds
me désempêtrer, me désembuer
me désempierrer
Me désensevelir de mes démons anciens
Je reverrai alors
Tes yeux deux heureux
Fléchir au soleil de mai
Ecimer mon mal brumeux
Luire à l’aube rimbaldienne
Eclisse ton corps au mien
Par tes ficelles féminines
Par tes jeunes ardeurs
A tes rails droits et solides
Habille moi de toi, tes soies solides
Tes linges ensoleillés
Tes peaux printanières
Ta taille de fée
Ferai-je ainsi de toi mon extracteur ultime
Ma nacelle au-dessus des mondes
Mes mythes et mystères
Dans ta gravière où je m’allonge
Ton eau nourricière
Ma main n’a plus qu’à creuser
ta manne, embrun de tes âmes finales
dégivre l’escarpée pente
des mélancolies ;
je suis anxieux du monde ;
devant tes collines ; le monde
se déroule comme un serpent doux qui dérive
je mange le monde naturel ta main en creux
gaiement je bois le monde faisable peureux
(chez Dali / photographie frenchpeterpan)