La chambre seule
Tunnels inorganiques dans tes cuisses organiques reliés entre eux par d’étranges tamanoirs léchant eux-mêmes tes sucs miellés comme des fourmis blanches
au bout d’un temps l’extase comme un bus strident vissé aux oreilles ; l’architecture elle-même de tes cuisses trouées fait office de galeries pour quelques taupes affamées ; tu es leur mère et tes fourmis blanches grêlées sur tes pâles jambes sont comme des gouttes de sperme.
C’est ainsi que le temps s’écoulait dans les regards de nos égouts communs. Alors devant cette fantasmagorie animalière, les désirs brûlaient comme des bombes incendiaires /
A l’hôtel IRIS aux marches si usées, je montais vers les cieux (en tournant autour de l’axe majeur) (comme des baleines bleues neigeant les nuages disait le poète) de cette chambre abandonnée ; parfois tes cuisses trouées et parfumées ou teintées de soie, de nylon ou très blanches, laine ou peau simple. Parfois la solitude seule ; l’un ou l’autre. Jamais de surprises, d’émotions autres.
Je perdais dans l’isolement un certain désir d’être et la fascination d’en finir régurgitait régulièrement de ma bouche acidifiée.
La chambre solitude celle de Turin ou d’ailleurs. C’est celle où l’homme se referme de l’utérus ultime, celui de la fin ou du refus de naître. La mort viendrait, elle aurait tes yeux ? Non, elle ne vient pas, c’est à moi (à lui) d’y venir, de se « déloger » ; c’est toi qui y vas ; enfin toi et nul autre. Ensuite il faut se décider, on se dit que si l’autre nous est enlevée, alors la ménagerie des corps – plumes, écailles, peau simple – ne perdureront plus. Si le spectacle s’en va, que les cuivres se taisent, clowns assoiffés de malheur ; reste la chambre seule, celle que Van Gogh peigna pour y mourir ensuite dans des draps froids, moites, poisseux vides d’animaux étincelants.
Turin ou ailleurs
Ici c’est Turin
La chambre seule bat en pulsant oreillettes et ventricules donnant la vie à qui veut accepter sa survie. Sinon comment vivre dans si peu d’âme ?
« Je suis seul à tous points de vue » disait l’autre poète
et la solitude devint un objet
ou un lieu
exemple :
cette chambre
seule
de Turin