Avec des mots c’est difficile
sans mots aussi
Un silence tiède comme une mort molle
Et des apnées longues et répétées
../.. le décours de ma vie
Se reconstruire dis-tu ?
Dans les méandres et les brumes des routes les plaies et les bosses les dos d’âne et ces chemins sans cesse où les indications manquent
Et puis ce sable grossier ce gravier irritant cette terre à poussière alors que je souhaitais l’asphalte
Beaux étaient les horizons, les lisières aussi
Et la taille svelte des arbres hauts vers les ciels
L’espérance était là aux corps de femme sertis de joyaux
Et de sourires surtout de sourires
Les ovales de leur visage et leurs yeux étaient de bons vertiges
Mais je ne suis qu’un
Avec dans mes mains le sang des bombes incendiaires des humains
Et l’or de leurs corps ne suffit pas à effacer l’autre monde
Je n’ai pas ma place ici, moi qui voulais être frère de tous
Qui voulais être amant de toutes
On nous a dit de jouir de la vie
Mais la vie est violence externe et interne
En moi et à l’extérieur de moi
Comment peut-on gazer des gens AUJOURD’HUI ?
dans ce monde de misère
Tableau de Roberto Matta, sur les époux Rosenberg, 1951