LA
MO
RT
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si tu dis que tu as le mal de vivre, je dis : moi aussi
si tu dis : où est l'amour, je dis : moi aussi
où est cette pulsion qui donnait vie jadis à chaque articulation à chaque carrefour ?
dans les serres où les corps avaient chaud
même les envies se cachent où l'on décèle la mort derrière les rideaux
elle s'y dissimule et son sourire vermeil
sûre de son gain, son gain perpétuel
trompe-la-mort, j'ai bu à sa santé à l'envers
j'ai refusé de boire la lie de la vie, alors
et puis mon père est mort
dans la neige alors de mon coeur, c'est moi le malade ou vous autres ?
mais il y a l'amitié des feuilles, l'amitié des arbres roussissant à la santé automnale
ils ne disent rien, eux
juste leur lumière, leur marche, l'humus doux et soyeux,
que je peux inspirer visage au sol où je tutoie la terre
c'est la vie là que je perçois doigts au sol, crochet à la sève que pousse la terre
le silence, puis
l'envie, puis
la lumière, puis
enfin l'enfance à la jonction des deux fleuves comme cadeau de naissance
cadeau comme parrain, marraine
la jonction comme deux cuisses et le sexe de la vie ou de la mort au CENTRE.
la vie est un papillon, tel éphémère
la vie, un lac que je survole si haut
alors
j'ai cette vision
du monde que je domine, aigle des altitudes,
je domine, je domine
C'est moi qui dirige
d'un coup d'aile suprême et en riant et en gueulant mes strophes
j'ignore ma mort à venir superbement.
de mon âge
l'automne
je suis le papillon éphémère
et j'éclaire
toutes les vies à venir
je suis le grand lac où vous tous reposez, la vie en paix...
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(la mort et sa faux traversant l’Achéron dans la barque du nocher Chiron)
image volée sur jbwhips.com (grelots de diligence)