On lit "La petite lumière" d'Antonio Moresco - écrivain italien parait-il très connu chez lui, mais il s'agit ici de la première traduction française d'un de ses livres - par touches, on le déguste comme s'il s'agissait d'un met rare ; une nourriture que l'on craint d'enfourner trop vite par peur de laisser échapper quelques saveurs...
Un homme décide d'aller se perdre dans un village abandonné, isolé dans une végétation luxuriante et jamais tout-à-fait amie ; néanmoins le narrateur est sensible au monde animal, et il y a quelques pages sur le mouvement gracieux des hirondelles relativement étonnantes, des instants suspendus aussi aux lucioles délicates. L'homme décide de finir sa vie dans ce village abandonné, il fuit la civilisation malade, tout juste il va au village faire ses courses, éventuellement il va voir un autre ermite qui lui travaille sur les extraterrestres...
C'est tout ; le monde est fait de recueillement et du temps qui passe ; on est alors attentif au temps qu'il fait, aux tempêtes, aux petits tremblements de terre, aux mouvements des vents, à l'expression parfois agressante, parfois bienvaillante du monde naturel...
Et puis il y a cette lumière en face qui s'allume chaque soir à peu près à la même heure, en pleine forêt. Quelque chose d' "impossible". Un beau jour il ira voir ce dont il s'agit.
Il trouvera un autre solitaire, petit garçon cette fois-ci, en culotte courte et crâne rasée. Très sage et tenant sa maison de façon étonnante.
De ces deux solitudes naitra une possible amitié ou du moins une certaine connivence, une certaine ressemblance dans leur double humanité. Chacun perdu dans son propre monde, mais apte à recueillir l'autre.
Petit bijou d'écriture, un style clair comme Erri de Luca mais plus foisonnant ; une histoire étrange comme celle déjà contée ici (http://www.frenchpeterpan.com/article-21541213.html) d'un autre écrivain italien merveilleux Dario Franceschini...
Les fins sont proches.Et évidemment essentielles.
Quelle merveille de lire ces petits livres qui ne font pas 600 pages où l'on est perdu dans des détails et des personnages ; ici la littérature va à l'essentiel : raconter un pan des hommes et avec un minimum de moyens littéraires.
Sincèrement la littérature italienne est une bien belle littérature !
Ici : la critique de Terre des Femmes