Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le tout début du xxe siècle. Les écrivains occidentaux ont alors tenté de s'inspirer de cette forme de poésie brève. La plupart du temps, ils ont choisi de transposer le haïku japonais, qui s'écrivait sur une seule colonne sous la forme d'un tercet de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes pour les haïkus occidentaux. Quand on compose un haïku en français, on remplace en général les mores par des syllabes ; cependant, une syllabe française peut contenir jusqu'à trois mores, ce qui engendre des poèmes irréguliers.
Bref très difficile d'écrire des haïhus corrects, très difficile également de bien les traduire...
Règles de mon neveu :
j'essaye de respecter les règles d'haikus... vraiment pas facile...
(1) Donc comme tu as ecrit = 17 "on" // syllabes...
(2) Dans un souffle... ce qui fait qu'en occident c'est souvent plutôt 10-14 syllabes car les "on" Japonais sont plus courts...
(3) Un "kiru" = pas facile de bien juxtaposer 2 idées et les trancher avec un "kireji" (mot qui coupe)....
(4) Respecter le "kigo" = une référence de saison...
(5) Utiliser une langage "sensuel" (sensory?) qui evoque bien les 5 sens.
(6) Choisir un sujet ou on transmet un image/sentiment objectif sans jugement subjective/analyse... pas facile non plus...
Basho disait qu'un Haiku doit être 1000 fois sur la langue...
Et les haikus sont souvent appelés des "poèmes non finis" car les haikus requis que le lecteur complète le poème dans son/sa âme/coeur...
Le Haiku est l'art de suggérer un état intérieur sans le décrire... "Yugen" ...
Pour les Japonais l'essence même de la poésie...
Pouvoir marier:
+ Sabi - simplicité, sérénité et solitude
+ wabi - beauté en accord avec la nature
+ fueki-ryuko = équilibre entre l'éternité et un événement éphémère...
Bref... Vachement difficile ;-)
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Mon neveu qui est comme moi un poète du Lundi, aime particulièrement le dernier Haïku du grand Bashô...
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旅に病で / 夢は枯野を / かけ廻る
tabi ni yande / yume wa kareno wo / kake meguru
... ... ...
falling sick on a journey
my dream goes wandering
over a field of dried grass
tomber malade en voyage
mon rêve va errer
sur un champ d'herbe séchée
(ou)
malade en chemin
en rêve encore je parcours
la lande desséchée.
... ... ...
C'est le dernier poème / haïku de Basho - son poème d'adieu avant sa mort...
Par curiosité, j'ai envoyé un email à un gentil vieux japonais que je connais qui s'appelle Minoru Arae. Je lui ai envoyé le dernier haïku de Basho et lui ai demandé si la traduction anglaise était bonne. Il a répondu que le poème a réellement un sens plus profond que ce qui peut être transmis à partir de la traduction littérale. J'ai été très surpris quand il a expliqué le lien avec les images de la guerre, la mort du soldat, les ruines du château, et un ancien champ de bataille. Le voyageur est fatigué et se rappelle des défis et des batailles qu'il a dû effectuer pendant toute sa vie en vain. Inutilement à la recherche de "prospérités et des pêches» comme le dit Arae san. Mourir en vain. Comme Arae san l'a dit, la vie est ... pas toujours glorieuse.
Son explication de ce haiku célèbre et le dernier avant la mort de Basho étais très intéressant pour moi... il m'a montré à quel point il est difficile (presque impossible) de traduire correctement les poèmes et transmettre les sentiments profonds, des images et des significations ... J'imaginais quelqu'un fatigué voyageant dans un champ sec ... il était impossible que je pouvais imaginer un vieux champ de bataille ...
Mais en même temps j'étais heureux d'avoir pu avoir une meilleure compréhension et appréciation de ce haïku. Intéressant aussi que les étudiants japonais ont appris ce haïku à l'école! :)
Je lui ai également envoyé un petit dessin que j'ai fait sur l'iPad pour lui remercier :)