pourquoi la vie commence
pour se finir si tôt se dit Jean le revolver à la main
dehors l'air est clair et le vent léger
derrière les vitres sales les grands arbres semblent eux aussi immensément tristes, bras ballants
leur déplacement est lugubre et les sereines couleurs d’automne paraissent du sang figé, rouillé, calciné
Il a tant foulé cette colline aux bois
Le petit bois de Monts on l’appelait
Et sa musique est infiniment triste
à l’enfance on le parcourait en courant et en se chronométrant
le père parfois tendait des fils entre les arbres et nous sautions pleins de vie
oh ! pleins de vie
plus tard seul à l’adolescence ce serait des gymkhanas avec le 102 Peugeot
encore ensuite une petite moto de cross légère et vivace
puis les Bois – comme la vie douce – disparut
Rues, routes, goudrons, maisons, jardins : tout fut nivelé
on donna des noms à des lieux sans nom
alors il est là dans un bosquet l’arme à la main et dont il sent parfois le bout du canon contre la tempe
oh ! en finir
Je ne suis plus fait pour dérouler ce fil
Ariane a tout trop compliqué
et ma tristesse est infinie
et pourtant quelle liberté !
A l’heure des 20 ans retrouvée : quelle liberté ! ces traversées la nuit dans son propre désert où je passais silencieusement tel le roi discret dans ma population endormie glissant féerique onirique
La batterie qui scande ce désert est ce jour comme des goûts de triste suicide