Mon ami, mon frère, mon compagnon est donc mort hier soir
Celui qui m’avait fait – comme Michel Bouquet, Alain Cuny (et tant d’autres) – aimer la diction et le théâtre ; le choix des mots justes, la richesse aussi de l’interprétation juste…
Quoi dire ?
Je vais faire encore le vieux con – comme avec Jacques Bertin pour le milieu de la chanson - , mais où sont passés ces gens INDEPENDANTS, libres, non soucieux de leur présence en tête d’affiche ou sur les plateaux télés ; bref où sont ces gens de très grande qualité : Michel Bouquet, Alain Cuny, Pierre Brasseur, Roger Blin, Jean-Louis Barrault, Jean Desailly, Jean Vilar, François Perrier, Pierre Bertin, Georges Wilson, etc : qui les remplacent ?
La diction de Terzieff était atypique, sa voix inouïe est inoubliable et nous manquera ; quand je n’étais pas loin de Paris, je prenais le train en catastrophe pour une seule chose : aller au théâtre de la Bruyère, pour le voir et l’entendre, pour revoir sa gestuelle et ses mots, et son sourire mi triste mi désabusé, ses mises en scènes sobres et efficaces. Je ne montais à Paris que pour cela. Loin des modes et des cons du milieu théâtreux, Laurent Terzieff a défendu le théâtre que j’aime : le théâtre indépendant et contemporain. Les mots d’auteur. La grande littérature.
Il n’a pas seulement défendu ce théâtre, il l’a magnifié par sa présence, par son regard clair et infini, par sa voix divine.
Va, cher Laurent rejoindre Pascale, décédée déjà depuis 8 ans, je savais bien – vu ton visage aux Molière – que c’était bientôt la fin pour toi, mais tu gardais ce sourire d’une insolente jeunesse, tu semblais repousser cette mort aisément, comme si le théâtre était la meilleure des médecines, je pense à toi et je suis triste ce samedi-là.
J’ai réécouté ce matin « Florilèges »,dommage que l’enregistrement ne soit pas d’une qualité exceptionnelle, mais c’est un bonheur de sa balader dans ces textes que tu aimais et que si bien tu disais.
un des tes nombreux spectateurs, et compagnons de routes communes...