


" Je vais dans l'autre chambre. Je me déshabille. Je me mets au lit. J'éteins la lampe.
Je suis dans le noir. Je ne dormirai pas. Je ne dormirai plus jamais comme avant. Rien ne sera plus comme avant. Combien de temps mettrai-je pour oublier Colette ? Je n'oublie pas les gens que j'aime. On n'en rencontre pas souvent. "

Même si je préfère de loin le film au livre et le jeu exceptionnel de Jean Yanne (Prix d'intrerprétation à Cannes en 1972, non reçu car l'acteur était absent), force est de reconnaître que j'ai lu ce livre avec plaisir, me remémorant certains passages du film.
A 45 ans quand Pialat écrit ce livre, c'est un peintre qui a renoncé et peut être un homme tout court qui se dirait "raté" , le portrait qu'il fait de lui est sans complaisance. On sent de la compassion pour cette humanité là si réelle et sans fioriture. L'homme est pitoyable certes, mais aussi plein d'intérêt dans son désarroi.
Ce film est sans doute un moment clé dans la vie de Pialat où il passera de peintre raté à cinéaste exceptionnel.
Bref un chef-d'oeuvre qui n'a pas si mal vieilli que cela...

" L'univers esthétique que crée Pialat n'est en rien un univers autonome, pur. C'est un monde impur qui, par toutes ses racines et tous ses prolongements, touche au réel. Le cinéma de Pialat n'a qu'un seul conseil à donner à ses personnages comme à tout le cinéma : vivre au lieu de "faire du cinéma". "