Hermann Hesse est plus connu pour ses admirables romans (Quoi ? Je ne vous ai pas encore parlé du "Loup des steppes", un des livres qui m'avait jadis sacrément secoué les neurones - définitivement, un de mes livres préférés, même si c'est un livre à lire plutôt à l'adolescence), sa lutte contre les nationalismes allemands et son prix Nobel en 1946. Mais c'est oublier qu'il commenca par la poésie et qu'il en écrivit toute sa vie... Voici une crise d'insomnie (enfant, H. Hesse souffrit gravement de troubles bipolaires...) dans une excellente traduction de Lionel Edouard Martin.
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NUIT BLANCHE / WACHE NACHT
Glauque, la nuit de föhn scrute aux carreaux,
La lune dans le bois veut se coucher.
Quoi donc me force, angoissé, tourmenté,
À m’éveiller et regarder dehors ?
Je me suis endormi et j’ai rêvé ;
Qu’est-ce qui donc au milieu de la nuit
M’a appelé, m’angoissant comme si
J’avais manqué ce qui m’eût importé ?
Mieux me vaudrait, courant, fuir la maison,
Le jardin, le village et la contrée,
Quêter l’appel et le mot enchanté,
Aller plus loin – jusqu’à quitter le monde.
Bleich blickt die föhnige Nacht herein,
Der Mond im Wald will untergehn.
Was zwingt mich doch mit banger Pein
Zu wachen und hinauszusehn ?
Ich hab geschlafen und geträumt;
Was hat mir mitten in der Nacht
Gerufen und so bang gemacht,
Als hätt ich Wichtiges versäumt ?
Am liebsten liefe ich vom Haus,
Vom Garten, Dorf und Lande fort
Dem Rufe nach, dem Zauberwort,
Und weiter und zur Welt hinaus.
(1944)
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