Extrait de la revue "le grand jeu" consacrée à Rimbaud, printemps 1929:
"Nous n'éprouvons pas le besoin cher aux critiques de réduire à des proportions humaines, c'est-à-dire naines, un être dont la grandeur est par elle-même trop effrayante.
Il s'agit simplement, ici, sur l'exemple de Rimbaud, de fixer un point essentiel de notre pensée. A savoir :
Qu'un homme peut, selon une certaine méthode dite mystique, atteindre à la perception immédiate d'un autre univers, incommensurable à ses sens et irréductible à son entendement.
Que la connaissance de cet univers marque une étape intermédiaire entre la conscience individuelle et l'autre. Elle appartient en commun à tous ceux qui, à une période de leur vie, ont voulu désespérément dépasser les possibilités inhérentes à leur espèce et ont esquissé le départ mortel.
Rimbaud a été très loin dans cette voie. Vouloir le ramener à une religion qui détourne pour des fins purement terrestres le dégoût de vivre en homme et qui cherche à monopoliser dans les limites de ses dogmes toutes les découvertes que rapportent de leurs tentatives les "horribles travailleurs" constitue une escroquerie qui est le fondement même de l'esprit religieux. Et si la plupart des mystiques en furent victimes, Rimbaud, au moins, en fut sauvé pour avoir compris l'inéluctable nécessité de la révolte la plus absolue".
C'est signé "le grand jeu", mais ça sent fort le Roger Gilbert-Lecomte.
(dixit mon ami Claude)
A. Rimbaud par E. Pignon-Ernest