Si je dis
Calme calme la mer accourt
Si je dis la grand vigne au fond du jardin
Où les pampres le matin où la brume offre l’océan à mes yeux
Aux galets que le soleil a brûlé hier
Et les raisins difficiles ne voulant pas mûrir
Quand le soleil pêle le soir aux peaux de femmes
La poésie de toi, inconnue : cette lisière entre l’âme et le corps
Si je dis
L’enfer au fond de moi court
Comme une lame dévastatrice étouffante
Si je dis de moi les cohortes et les armées de tristes
Clowns et pantins ayant perdu leur jeunesse
Marionnettes de silence et d’âme ne voulant pas mourir
Quand la lune ronde éclaire la pleine nuit
Dans des théâtres factices où l’on jouerait des scènes
De mensonges remplis de lumières
Si je dis
De toi, la parure que prend ta vie
Comme un souffle chimérique d’amour
Une arrière-pensée pleine de désir
Comme le désoeuvrement de la vie fauchée trop tôt
Dans le fatras de sa jeunesse ; tu aurais appris
De moi mes lagunes médiocres, lacunes centrales
Restent les postures fragiles des ferveurs anciennes
Les non-dits responsables de tant d’assèchement
Si je dis
Qu’enfin au bout de tant de dépeuplement
De tant de pupes qui n’ont pas voulu éclore
De ces plissements de mes âmes comme de mauvais nylons
Comme de mauvaises joies, une pluie continue
Lutter encore, lutter encore contre le mauvais jour
Les méchantes nuits où l’on m’a éloigné de toi
Où la mort a voulu m’épuiser, me vider
Comme ce coquillage seul ici et qui veut encore faire croire
Qu’il peut nous donner le son nourricier de la mer