« De penser à toi ne me donne pas le droit de penser pour toi. »
« Sur mon « il » » : sous ce titre énigmatique se cache le premier roman de mon ami Serge Cazenave-Sarkis. Un sous-titre : « Vilenies ordinaires ».
Un roman en deux parties bien distinctes ; la première « vilenies ordinaires » raconte l’histoire de « Phil », médecin pédiatre de son état, mais de son métier il n’en sera pas question ; on assiste plutôt à un assemblage et un visionnement d’une série de portraits (parfois très courts) de gens d’un même lieu, sans doute village. On apprend plein de prénoms du tenancier de bar Marc, à Séraphin un clown blanc qui aurait disparu, Dominique dont on apprend juste qu’il pèse 95 Kg, de Betty dont on apprend juste qu’elle vient de se suicider ; Cicéron (un chien), Arlette, Noël, Pierrot, Paulin, sont juste esquissés. On parle un peu plus de Bernard, dont on apprend « a priori » qu’il est simple d’esprit ou du moins « différent ». Bref du monde au village, de la fraternité, des amitiés, des échanges incessants féconds ou non… Des images - peut-être - de fraternité ?
Cette première partie pourrait se résumer à de très courtes saynètes et de nombreux aphorismes et flamboiements de personnages. Il y a de l’humour, beaucoup comme souvent dans les autres nouvelles de cet auteur. Une poétique non sérieuse : « le poète prend l’eau par les pieds, il faut sans cesse écoper et cracher. »
Des fulgurances comme : « Ne vivons-nous pas toujours dans la chute ? » / ou « Comment dire que sur cette planète qui est toute petite, qui est même de plus en plus petite, nous sommes tous insulaires ? ».
Il y a un petit côté Dumayet, pour le côté fouillis de personnages et ambiance de village surréaliste ; un petit côté Jacques Brou pour les aphorismes philosophiques… Un genre bon enfant, amical, railleur, plaisantin...
La seconde partie « Les composants » est bien plus inquiétante : c’est l’écriture de Bernard qui même s’il a besoin de quelqu’un du service social sait très bien « écrire », une sorte de journal assez inquiétant et singulier ; on y apprend plein de choses mais trop révéler serait néfaste… Il est quand même question de souffrance et de vengeance. Bernard est suicidaire et cherche un sens à sa vie, la coprophagie serait une solution ? La coprophagie ou carrément la… On retrouve d’ailleurs dans la chute assez vertigineuse de ce roman un thème déjà utilisé dans une nouvelle du même auteur. Ou plutôt dans un cadavre exquis écrit à plusieurs mains (dont la mienne) : allez faire un tour du côté des éditions abat-jour sur le net (revue l'Ampoule) ...
Bonne lecture !