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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 20:55

Samurai

 

Tokonoma et autres alcôves

 

 

 

Je m’appelais Kinko.

 

Certes, j’ai tué beaucoup de gens ; mais c’était mon métier, mon devoir, même.

 

Quel endroit bizarre ! Et je suis là depuis quand ? Des années ? Un siècle ?

Cet enfoncement, avec juste la place pour ce petit lit, cette couche plutôt, miteuse, humide. L’endroit est malsain, l’air se renouvelle peu, j’y dors mal, j’y tousse. Ici, pas d’estrade, pas de colonnes, pas de riches ornementations, ce n’est pas l’alcôve galante des siècles passés en Europe dont j’ai vu jadis quelques dessins. Ni l’alcôve douce de mes parents, ouverte les jours de fête.

Il fait froid et humide. Il y a juste la place du lit, je peux tenir debout à peine ou m’allonger ou m’asseoir. Lorsque je tente de quitter cet endroit, je ressens de suite une impossibilité, comme un mur invisible, une incapacité physique. J’ai maintes fois essayé, mais chaque tentative a été un échec, c’est simplement impossible. Je n’ai pas soif, ni faim, je n’urine plus, je ne défèque plus, je n’ai plus d’érection.

Je pense savoir où je suis. Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Je n’ai fait que mon travail, sans aucun zèle. Juste ce que pourquoi l’Empereur me payait. Et je fus l’un des derniers.

Parfois j’ai l’illusion d’ombres qui passent, comme une brusque variation de luminosité, un éclair. J’aimerais alors, enfin, voir ou découvrir mon ou mes geôliers.

 

Je pensais aussi pouvoir réciter à voix haute les poèmes qui me sont chers, mais là où je suis il n’y a pas de son, c’est un silence total et affligeant, et du fond de ma gorge, rien ne sort, même pas de râles ou de cris ou de sifflements ; je ne sais même plus si je respire encore. Ni les battements de mon cœur. Je suis présent physiquement, ça c’est sûr, de même, mon cerveau fonctionne parfaitement bien, et mes pensées trop mélancoliques me blessent.

Dur… je ne sais plus quoi dire… j’ai mal finalement…

 

Je fus Samouraï.

 

Je me souviens – et ce sont mes seuls bons souvenirs – de la fête des enfants, le Kodomo no hi, qu’on appelait jadis aussi la fête des iris. Celle-ci était censée protéger les maisons de tous les malheurs et catastrophes ; des tiges de rotin et des feuilles d’armoise étaient suspendues aux toits. Cette fête devint peu à peu celle des garçons, on leur souhaitait courage, bravoure et force et on leur offrait des parties de leur future armure de Samouraï. Dans certaines maisons, celles-ci étaient remplacées par des mannequins ou des poupées disposés dans des alcôves ouvertes pour l’occasion, les tokonoma. J’aimais contempler ces mannequins richement habillés . Nous en profitions alors aussi pour prendre des bains parfumés à l’iris « shobu-yu » et nous avions le droit de boire du saké aromatisé à cette fleur. Des combats de gros coléoptères très populaires terminaient la fête, j’en ai vu de ces « kabutomushis », j’ai moi-même possédé maints de ces insectes.

 

Des manches à air en formes de carpes « koï nobori » flottaient dans les jardins ; la plus grosse symbolisait le père, la moyenne ma mère et la plus petite pour le fils.

Les carpes qui remontaient à grand mal les rivières et torrents tumultueux pour frayer, symbolisaient la force et la persévérance que tout jeune et futur combattant devait posséder, tandis que les scarabées qui se battaient en duel incarnaient le courage, l’absence de renoncement.

Je souris presque à ces réminiscences. Combien je donnerais pour m’asseoir sur le tatami du tokonoma pour observer les ikebanas de ma mère, les bonsaïs, les estampes et autres okimono. Mon père était fier de son tokonoma, peu de gens à l’époque pouvaient s’offrir de telles alcôves.

 

Puis, je fus Ronin. Je refusais le seppuku. Je fus fidèle au célèbre proverbe : « tomber sept fois, et se relever huit. ». Je fus enfin libre, et j’aidai les villageois de maintes contrées de ma région. Enfin je fus tué par des bandits en groupe trop nombreux, samouraïs jaloux de mon renom grandissant ou simples gredins, je n’ai jamais su.

 

Maintenant je sais où je suis ; je le mérite sans doute. Je sens intuitivement que nous sommes des centaines, des milliers, voire plus encore. Ma solitude est feinte. Là, dans ces sortes de cage, ces sortes d’alcôve malsaines ; nous sommes « en vie » , même si je suis mort depuis si longtemps. Notre punition vraisemblablement. Je n’ai jamais adhéré au christianisme que les Jésuites tentèrent d’imposer et j’étais là lors des seize martyrs de Nagasaki. J’ai moi-même tué nombre de Chrétiens, enfin tous ceux qui refusaient de piétiner les images du Christ et de la Vierge Marie, on les appelait jadis des fumi-e, ces images qu’il fallait piétiner ; tous ceux qui refusaient étaient décapités immédiatement. Telle était la loi, tel était ce que je devais faire.

Aujourd’hui, je me demande si leur fameux diable existe. Chez nous, ce sont d’autres démons, les kamis que j’ai pu mécontenter involontairement, leur esprit de violence est puissant. J’ai pourtant toujours été d’une prudence extrême avec eux et ai toujours respecté la Nature dans tous ses domaines. Ceci dit, le contact répété avec la mort, le sang, m’a sans doute souillé pour toujours ; j’en paye le prix aujourd’hui.

 

Alors ? Est-ce ce diable chrétien ou mes amis kamis qui nous retiennent prisonniers ainsi silencieusement et sans doute pour toute l’éternité ? Et je ne peux pas même crier… 

samouraï

poupee-samourai

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commentaires

G
<br /> Je suis en train d'écrire une série, pas encore publiée, mais qui le sera certainement un jour. Comme j'aime prendre mon temps et que je le peux, j'écris mes livres d'avance, pour les publier<br /> tous d'un coup, ou presque. Tout comme toi, je m'intéresse particulièrement à la culture japonaise, bien que j'aime beaucoup apprendre les cultures et l'histoire des différents pays. J'ai appris<br /> l'histoire du Canada, des États-Unis, du Japon, de l'Australie, un peu sur la France (particulièrement la Révolution française et sa langue), le Royaume-Unis, la Russie et l'Allemagne.<br /> <br /> J'écris surtout en anglais, bien que ma première langue soit le français. Cependant, je compte traduire mes livres en japonais un jour. Mon premier but, au départ, était d'écrire des "Light<br /> Novel", mais comme j'aime pas être pressé, j'ai commencé à écrire d'avance. Je ne parle pas encore le japonais assez pour pouvoir écrire en cette langue, mais l'apprentissage avance.<br /> <br /> Pour l'instant, je travail à temps partiel comme professeur d'anglais, mais j'écris ou je programme (logiciels informatiques, sites web, jeux, etc) dans mes temps libres. J'ai toujours aimé les<br /> langues et la littérature. Je passais un temps fou à lire quand j'étais jeune. J'aimais apprendre et chanter, des passe-temps qui sont encore existants, mais que je ne pratique plus autant. Je<br /> parle qu'environ quatre langues, soit le français, l'anglais, l'italien et un peu le japonais. Bien que je sache me débrouiller en allemand, et portuguais, en espagnol et russe, je ne les connais<br /> pas assez pour l'utiliser en tout temps.<br />
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P
<br /> salut Gabriel<br /> <br /> <br /> et merci pour vos remarques<br /> <br /> <br /> oui j'aime la littérature japonaise et ce pour maints auteurs ...<br /> <br /> <br /> je suis un écrivain "amateur" et nettement "amateur" / je suis plutôt quelqu'un qui essaye d'écrire de la poésie et qui en lit beaucoup / je suis incapable d'écrire plus de 4-5 pages, c'est<br /> pourquoi aussi, mes petites histoires sont très courtes comme des "mini" nouvelles<br /> <br /> <br /> merci de ton pasage ! et toi qui es tu ? <br /> <br /> <br /> :-)<br />
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G
<br /> By the way, I can clearly see how much you care about Japanese, but do you actually live in Japan? Just like you, I care about Japan, its culture and its language.<br /> <br /> <br /> Also, are you a writer? Do you have books?<br /> If you do have that, a name? Author's name?<br /> I think that mixing different culture to your writing and your language, even your style, is very good way to develop both your knowledge and your tastes.<br /> <br /> I must say I'm pretty impressed with your job, considering the time you spent learning about Japan's culture. Luckily, I also spent time on that.<br /> <br /> J'espère que tu peux lire l'anglais, je viens de me rappeler que c'était français ici et ça ne me tente pas spécialement de le traduire puisque j'ai déjà de la traduction à faire tout les jours.<br /> Les conséquences de vivre dans plusieurs langues, j'imagine.<br />
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P
<br /> Mais quel est la fin inattendu? La "chute"?<br /> <br /> Sinon, j'ai très apprécié et j'aime la style d'écriture.<br /> J'écris aussi un livre en ce moment en anglais, mais c'est très différent.<br /> C'est un roman. J'étais intéressé par les nouvelles, mais ça m'ennuyait de pas pouvoir mettre toutes les informations que je veux. De plus, j'aime bien les histoire sans fin. ^_^<br />
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P
<br /> c'est une nouvelle, bien sûr<br /> <br /> <br /> écrite à mon humble "manière"<br /> <br /> <br /> tu peux penser ce que tu veux, l'important est justement de laisser au lecteur le soin de conclure...<br /> <br /> <br /> on peut penser cependant que cet homme samouraï jadis est emprisonné en enfer pour le reste de sa vie ; il ne peut que mélancoliquement et finalement durement se souvenir de son enfance...<br />
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P
<br /> J'ai pas trop compris. Déjà, est-ce un poème, une nouvelle littéraire... C'est quoi? Sinon, je comprends que c'est un samourai et je comprends aussi l'histoire. Il n'y a que le dernier paragrpahe<br /> que je n'ai pas trop compris... Un peu d'aide s'il vous plait<br />
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S
<br /> <br /> <br /> <br />  Quel talent! (drôlement content d'être ton ami!) (en plus!)<br />
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C
<br /> "Dur… je ne sais plus quoi dire… j’ai mal finalement…" - tu as raison...<br />
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H
<br /> http://www.dailymotion.com/video/xlgv7t_drive-kavinsky-nightcall-generique-de-debut_shortfilms#.UYyGAcp4h8E<br />
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P
<br /> si tu as bien lu : c'est un samouraï qui parle :)<br /> <br /> <br />  <br />
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