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  • : Poésie Littérature Ecriture Chanson poétique
  • : mes poésies et petits textes, mes coups de coeur : livres, poésies, chansons poétiques, artistes divers...
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some words :

"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

Certaines choses

Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

George Oppen



" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
Ugo Betti

"Le sens trop précis
rature
ta vague littérature"
Stéphane Mallarmé


" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
Un pilier du pont d’ennui
qui s’étend de moi vers l’autre. "
Mario de Sa-Carneiro
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livres et lagaffe

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B o n j o u r !

-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 16:14

du grec nostos : le retour et algos : la douleur

 

pourquoi pratiquons-nous le "retour à la douleur" ? 

Nostalgie

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 09:10



J’ai

Dans l’oubli de mon ventre
Mon garde-manger
Pris un rêve de toi
Où coloriés de cils
Les hanches blancheurs laiteuses
Comme des cygnes arc en ciel
Peint

J’ai
Où filent les fusées
Les nuageux nuages
En paquets de ouate
et Coton blanc délavé
Puis arc en ciel sur fond azuré
Lavé

J’ai
De ces noirceurs
ces suies où suintait l’ennui
ces gris ces glauques gris
en couches affalées et durcies
enfin éclairés arc en ciel
en resplendissement
Laqué


j’ai
de toi
préféré le gris accéléré,
les jambes qui tracassent,
les fêlures du temps de vivre

dans tes tissus tes lins tes feuilles
tes strates cutanées tressées
ta natte aux reins finissante
puis au ciel de toi, en labours et sentes
tes pays obligatoires
et tes frontières du verbe aimer


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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 21:57


             Et alors j’aurais marché jusqu’à perdre haleine, jusqu’à plus soif
Odeur de thym / romarin aux baskets trempées
L’air qui fouette
L’eau qui prend
Etre rapide, marcher vite, fouler au sol
Ne penser à rien surtout pas à elles et leur somme d’insatisfactions
Donc progresser
Il y aurait peut-être une idée qui se dessinerait dans la fouaille de l’air
Un air de romantisme, comme dirait l’autre une histoire d’amour ( ?)
Mais aussi simplement
Une idée de l’autre, ou un air de branchage, un coup de vent dans les voiles
Larguez les amarres, larguez tout l’inutile, on ne se gardera que soi
L’ancre n’existe plus
Le fond est trop profond
L’attache est rompue
Peut-on ainsi passer si facilement de l’une à l’autre
Ou changer de vie, changer de vie ?
Je n’ai qu’une vie, un cœur rouge, un muscle qui se contracte, je n’ai prise, ou fermant les yeux le faire ralentir, écouter le pouls lisse , le pouls il file ;
Ainsi se baladant le temps s’effiloche, quelque part mine de rien : ça passe, et secondes puis minutes ;


On me dirait : à quoi penses-tu ? Mais si je pense, c’est en désordre, c’est inorganisé c’est l’anarchie des paroles et des idées ; des mots qui s’entrechoquent, des cuisses et des sexes différents qui s’ouvrent, pruneaux mûrs très goûteux, juteux, acidité femelle. Idées de littérature, de romanciers, de poètes, de finitude.
Ou ?

 
Ou se reposer là sous ce chêne, y chercher le feu, la main sur l’écorce ressentir la vie, se ressourcer ? et puis non, marcher, marcher c’est encore mieux, chaque pas fait oublier le reste, les yeux scrutent le sol, l’esprit fait marcher. Les pas succèdent aux pas.
Donc définir sa vie, il y a ceux qui voyagent, ceux qui bricolent leur maison, et pour les autres ? ceux qui cherchent dans l’ovale de deux lèvres tout l’or du monde, ceux qui s’en éloignent. Ceux qui dans les livres cherchent des réponses et ceux qui n’y trouvent que questions ?
Mal à la tête, ce vin était trop fort, Gigondas et ses cailloux chauffés comme silex et ses vignes brunes rousses, le pampre lui-même roux.
Donc marcher, je vais faire ce grand tour, ceindre mon univers, rechercher la faille, les lézardes puissantes, le temps a creusé.
Donc elle me dit : alors ?


Oui alors, c’est une bonne question, mais à dire vrai je ne donne pas de réponse, je suis déjà trop épuisé par trop de nourriture et trop d’attentisme ; ou trop de fébrilité, l’inorganisation de mon monde et de ses annexes. Parfois je m’imagine soldat, un gros trou dans le front et bien sûr : je dors. Le refuge dans le sommeil, quelle bonne idée, et puis les endorphines marchent mieux, les synapses lancent désespérées leurs petits bras salvateurs, très souvent le vide cérébral est là rageant, brûlant, avec une impression de rien du tout.
Il y a un effet mécanique dans la marche, presque robotique qui doit plaire aux vrais marcheurs, utiliser le corps mais pas le cerveau. Il doit y avoir un effet mécanique dans la baise : utiliser le corps, mais pas le cerveau, tout juste l’utilisation raisonnée de quelques muscles, savoir les maîtriser essentiellement. Enfin le cerveau reprendrait le dessus peut-être au moment ultime, lèvres de feux, sperme bouillant. Encore une histoire d’endorphines ? mensonge suprême !

Les nuages, oui regarder les nuages, les beaux nuages, là aussi retourner en enfance, dans les champs enfantins où les nuages étaient amis ; maintenant ils ont pris des noms latins pour nous satisfaire, car l’homme adulte a la brutale obligation de la classification ; moi-même, bien piètre coléoptériste et naturaliste, j’avais commencé à classifier, à parler latin, cherchais-je déjà à me rassurer ? maintenant je n’apprends plus les noms, même ceux des gens je les oublie, j’essaye plutôt la mémoire des traits, du regard ou du grain de la peau. Je me suis fait des amis ainsi, j’en ai perdu d’autres ; certains sourient, d’autres sont perdus. De toute façon je ne suis plus un jeune adulte, je suis un adulte déjà vieillissant. Et j’aime l’enveloppe des arbres, le grain de ce chêne par exemple, surpris de découvrir des glands géants sur ce minuscule arbre ratatiné en pleine garrigue.


Bon à vrai dire, il faut donc décider ce que sera sa vie, voilà une tâche bien ardue et peu commode, donnant beaucoup à regretter, la maladie du remords, le vieillissement prématuré, les artères qui s’encrassent.
Je me rappelle donc de ma jeunesse, mon adolescence, le bon cul de S., mon premier dans la chambre du bas très claire, avec la lumière qu’il fallait, en biais. Son sourire était fameux ; elle est maintenant mariée à G. un ami lycéen de jadis, le monde est petit ; les gens ont tant de mal à se rencontrer. Le monde m’a toujours semblé n’être qu’un astre de solitude désespérée, une boule noire, les communications coupées. Heureux qu’il y ait eu le sexe pour se rapprocher, s’emboîter, s’approcher, devenir timide.


Les études, un métier qui s’impose et puis voilà : ma vie résumée en quelques phrases maladroites ; maintenant je cherche cette insuffisance centrale de l’âme dont tout le monde parle. Je ne me reposerais qu’après l’avoir pressentie.
Ca y est encore : le vide revient ; j’hésite sur la direction à prendre, après tout je suis censé vous narrer une histoire, un roman, un récit, juste des phrases, un baptême de l’écriture.
Ou écrire ou reprendre la marche, pourquoi suis-je si seul sur ce chemin, cette garrigue remplie d’exhalaisons ; bon, de toute façon ne pas rester là contre ce chêne, je ne suis pas un druide gaulois cherchant le feu, mais bien un papillon perdu tournoyant en vain, refusant sa bien trop courte vie. Donc je repars, la pluie est fine, aiguail clair, le soleil est là, j’aime ces mélanges de lumière et d’eau : un photographe ou un peintre auraient su quoi en faire, moi simplement je les traverse dans ma marche, démarche ébrieuse. J’essaye de me redresser, épaules en arrière, nuque relevée, mais la vie moderne m’a tellement plié en deux que j’ai beaucoup de mal à me remettre droit, c’est pourtant la meilleure façon de voir loin. Etrange sentiment là, sous cette lumière mordorée, au pied de la Sainte Victoire, garrigue enchantée, pieds enfoncés, cheveux trempés j’ai eu presque le sentiment d’exister. Mais par rapport à quoi ? à qui ? ce n’est pas la nausée que je ressens, mais une impression d’irréalité, comme si j’étais l’acteur d’un film, jeune homme prometteur ; or je sais qu’il n’en est rien, ce n'est pas moi qui toucherais aux starlettes dévêtues et rieuses, insouciantes. Je sais déjà que je tourne en rond, fais du surplace même si on me voit m'agiter beaucoup. Agitation des condamnés, des solitaires, des dépressifs. Revient sur mes pas, vers mon passé.


Ou, le silence et l'immobilisme ; il fait si bon ce silence, rester sans trembler là dans la lumière et ne chercher rien, rien du tout ; simplement prendre conscience des secondes qui s'égrainent. La dérision pourrait être mon arme ultime ; c'est une arme qui déplait aux autres ; mais moi je suis démuni, simple nabab orgueilleux d'amitié et en recherche de désespoir ; mystique sans mysticisme, amoureux seulement de la pluie tombante car chaque gouttelette éjacule en moi sa force terrestre, bouillonnante ; sa gravité seulement et moi ma morosité taciturne.


Se taire donc et avancer, oh! Belle montagne! Belle couleur! Zoom arrière et l'immensité apparaît. Juste, manque la mer.


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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 17:54

Longtemps, enfant, puis adolescent, j'avais ce poème en tête dû à la superbe diction d'un Philippe Clay au meilleur de sa forme...

Adulte , ce poème revenait de temps en temps en litanie dans ma tête ; on s'évade tous, un jour ou l'autre d'une prison singulière...

c'est avec plaisir que je le mets enfin ici, avec la belle diction de P. Clay / cliquez sur la vignette / 

 Boris vian - philippe Clay

Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie

Il respirait l'odeur des arbres
Il respirait de tout son corps
La lumière l'accompagnait
Et lui faisait danser son ombre

Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil

Les canons d'acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l'eau

Il y a plongé son visage
Il riait de joie il a bu
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il s'est relevé pour sauter

Pourvu qu'ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L'a foudroyé sur l'autre rive
Le sang et l'eau se sont mêlés

Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil

Le temps de rire aux assassins
Le temps d'atteindre l'autre rive
Le temps de courir vers la femme.
Juste le temps de vivre.

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 20:58



Dino Campana était un poète
qu’aimait particulièrement Raymond Carver.
Les chants orphiques sont parus en Août 1914.


La baie vitrée

Le soir fumeux d’été
De la haute baie vitrée verse des lueurs dans l’ombre
Et dans le cœur me laisse une brûlure scellée.
Mais qui a (sur la terrasse sur le fleuve s’allume une lampe) qui a
A la petite Madone du Pont qui c’est qui c’est qui a allumé la
Lampe ? – y’a
Dans la chambre une odeur de putridité : y’a
Dans la chambre une plaie rouge languissante.
Les étoiles sont des boutons de nacre et le soir se vêt de velours :
Et tremble le soir fat : il est fat le soir et il tremble mais y’a
Dans le cœur du soir y’a,
Toujours une plaie rouge languissante.

 

L’invetriata

La sera fumosa d’estate
Dall’alta invetriata mesce chiarori nell’ombra
E mi lascia nel cuore un sugello ardente.
Ma chi ha (sul terrazzo sul fiume si accende una lampada) chi ha
A la Madonnina del Ponte chi è chi è che ha acceso la lampada ?
-c’è
Nella stanza un odor di putredine : c’è
Nella stanza una piaga rossa languente.
Le stelle sono bottoni di madreperla e la sera e tremola ma c’è
Nel cuore della sera c’è,
Sempre una piaga rossa languente.




«  Urgence de contenus jaillis en éclairs dans la nuit irréfrénable ; énergique volonté et volupté de nomade, de tramp, qui connaissait Whitman et Rimbaud et vivait sa poésie comme acte indifférencié de nature à la fois esthétique et volontariste, morale ; song of himself, saison en enfer. » « Sa poésie est une poésie en fuite, qui se défait toujours au moment de conclure. »

Eugenio Montale
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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 12:27

VIVe 2013

bonne année à tous !

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Capture d’écran 2013-01-01 à 12.26.26

421783 3439204097149 1181936869 3635086 728470986 n

= C’EST UN PEU MOI EN CE MOMENT

NEANMOINS CAMARADES DES MOTS

 

JE VOUS SOUHAITE UN EXCELLENT

2013

 

NE PERDEZ SURTOUT PAS COMME MOI

VOTRE (VOS) CAPACITE(S) à Créer

A vous étonner des choses du vivant

 

Et des artistes 

 

Détachez vous de vous mêmes

pour mieux flotter

------------------------------------------

j'accompagne 2013 de diverses photos ci dessus et ci dessous toutes importantes pour moi

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143802523

154505 385099884863650 100000909266003 1157523 1296990530 n

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Capture d’écran 2011-12-25 à 19.08.39

jouer

lire

peindre

yves et marc

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Capture d’écran 2011-11-29 à 21.27.40

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Capture d’écran 2011-12-06 à 21.00.41

 

 

 

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 19:24

« Ah ! autrui ! le besoin d’autrui ! un homme ne peut se dépecer lui-même jusqu’au bout. Pour le dernier sang il est bon qu’il ait quelqu’ami pour l’aider. »

Henri Michaux in "qui je fus"

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 14:40


Qu’il est bon ainsi de longer ce fleuve aux dents immenses
froisser les ronces et les herbes, les fleurs, colonies d’insectes vrombissent
Quelques pêcheurs moitié hommes moitié eau
en rondeur leur corps penche vers le point central du fleuve

    Une petite sente va gaiement d’un point à l’autre de la source à d’autres mers brille même la nuit d’idées déposées
L’homme brouillon alors qui résonne par ses pas
Prend pour ami ces lieux secrets, il les chante de ses yeux
Il bourdonne
Il aimerait lui-même butiner et voler au creux des vagues et dans l’intime des pétales déclarer sa flamme à ce papillon là

    Le chemin est doux et parfumé d’effluves magiques
Eau croupie qui pose, eaux filantes à reflets mercure
Toute chose est vivante protégée nourrie par le fleuve
Le fleuve donne à manger les îlots encerclés, comme un parent
riche de mille précautions

    De grands oiseaux hésitent d’un point à l’autre par grappes incertaines
Changeant de cap à tout va et sans prévenir
Par grandes bouffées d’oxygène et de pâleur lunaire, l’homme aussi
Revient parfois sur ses pas, parfois par inquiétude
Parfois par contentement
S’immobilise souvent dans la tiédeur du vent qui amènera la pluie
Tièdes bourrasques enrichissantes et nourrissantes
Un lait du ciel ni amer qui remplit le fleuve encore et de nouveau

Je n’ai rien d’autre à dire, dit l’homme
Affalé de son corps vers les eaux grises
Si ce n’est voir le fond de ces bancs de sable
Y chercher l’emplacement d’un tombeau
Gisant sous-marin sous ces mètres qui filent
J’y serai en grand repos, en toute fin
Espérer peut être là dans le mouvement final
Ces fameux espoirs que certains nous dictent alors que l’on sait (et tous) que la mort au mufle chaud est là derrière, dans ton dos, on y sent cette haleine chaude, humide, animale, précise
Le fleuve est le lieu unique où dissocier ses atomes
Vers un arc-en-ciel naturel
Vers cette nature unique puissamment vivante
D’eaux et d’air, de terre mouillée, prête à enfanter
Où sans cesse la vie renait chaque seconde tant de coups à donner

Un grand silence, le lieu fourmille de vie en tout sens
  prends ma main, je mouille ta nuque et un baiser
Dans la fouaille de l’été, nous nous sommes encore rencontrés
Touchant par nos peaux nos moments d’éternité

La couleur couchante du ciel donne des traits uniques
Au grand paysage unique semblant dire

et unir les mondes

"Bec du Cher" en fin de journée
Le Cher (à gauche) se jette dans la Loire
la petite plage ferait une tombe idéale

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 01:50

   Ce qui fit le dégel, le déluge c’est mon sang s’abattant abrupt pour une cascade soudaine lorsque j’appris ta mort ; ce fut comme si on me coupait les bras ; comme si on m’asphyxiait un sac en plastique enfoncé profondément ; je ressentis à plein corps une chute, un ravin ou un précipice inconnu ; c’est ton visage qui vint d’un coup, où perlaient au milieu deux yeux coquins, puis ton sourire, enfin tes lèvres bleues, tes lèvres peintes.
Et donc ta voix et ton timbre de rossignol, dans cet univers grisâtre tu bleuissais comme une étoile vive, ton visage unique était mon meilleur amer à moi…

   Je me réveillais ce matin gris, mauvais rêve. J’appris que tu n’étais pas morte puisque personne ne vint me l’annoncer. Du coup je me risquais à aller chez toi. Une bonne heure à pied, mais mes godillots sont solides. En ce mois de janvier, le romarin et les genêts étaient déjà en fleurs. J’arrivais, ton chien m’entendit, mais n’aboya pas, je me cachais derrière cette belle haie d’un vert d’hiver taché cependant de quelques baies rouges. Je fis ma respiration plus lente. Tu sortis, tu montas sur une chaise pour distribuer dans les mangeoires des graines aux oiseaux, tu étiras ainsi ton corps, fusiforme soudainement et bien féminin. La neige devait tomber le lendemain, tu étais prévoyante. Je me fis voyeur de ce tout petit instant de nos toutes petites vies de rien du tout. Mais j’étais là à te regarder et tu l’ignorais, je marquais un point. Puis tu rentras et la cheminée se mit à cracher une fumée qui sentait bon les résineux pas assez secs. Je refis le chemin inverse sachant que je devais aller te voir tout à l’heure. Les mauvais rêves sont étranges et on les dit parfois prémonitoires, mais tout en toi respirait la vie, la vie même que j’ai si souvent écarté, refusé, éloigné de moi comme s’il s’agissait d’une tare. Une tare ancienne. Mais tu le savais, cette histoire sordide ou triste, c’était une histoire d’enfance, encore une. De ces histoires d’enfance qu’on traîne toute sa vie et dont on veut parfois faire un roman. De ces histoires qu’on avait bien oubliées et qui brusquement, on ne sait pourquoi, ressurgissent à la cinquantaine, avec ce cortège de non-dit et de souffrance d'enfant. Avec des pics, des griffes, des clous encore parce que faire mal c’est l’idée de ces histoires d’enfance.

   Peu importe, je suis une grande personne maintenant. N’est ce pas ?

   Au retour, je fis ce détour pour voir la grande ville là en bas, on entendait quelque bruit. Puis je rentrais. J’essayais de me faire beau pour tout à l’heure, je rentrais mon ventre, lissais mes joues, coupais mes sourcils qui partent dans tous les sens, puis me parfumais. Je mis même ma vieille chemise de grand père. Là encore un souvenir de notre adolescence. Puis je me dis que la vie était sereine ainsi, que ton corps était rouge de désirs de femme, que ton chien était fidèle. Il pouvait neiger je m’en foutais. Je marcherais.

   Je me souvenais de notre dernière soirée ensemble, nous étions allés écouter chanter l’ami Jacques Bertin. La petite salle était remplie d’une petite centaine de personnes. Un comédien connu, François Morel, était là tout près de toi, j’appris peu après que lui aussi écrivait des petites chansons. Quand Jacques chante, il se fait un silence unique, chacun retient sa toux avec force pour que les mots du chanteur ou du poète ne soient pas amputés. De sa masse assise sur la chaise se dégage une force incroyable, incalculable, presque impensable. Il me chante moi, et mon enfance ; il chante ma mémoire, ma vie près de la Loire, mes amours disparus. Il chante tout à fait mon monde « à moi ». C’est ainsi, mais il ne le sait pas, qu’il est devenu mon grand frère.

   Effectivement, il neige déjà.
Je bois mon café doucement, tout à l’heure j’irai voir ton nombril rigolo briller sous mes doigts facétieux. J'essaierai de te caresser au mieux, car je te veux du bien.
Il neige beaucoup, et alors, le bruit que fait mon pas dans la neige est un bruit de ravissement. Et ton corps à venir une extase. Que j'imagine, que je fétichise, que j'idéalise. Le plaisir des femmes est pour nous choses inconnues. 


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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 07:24

 

 

Ariettes oubliées

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre est sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure .
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peineverlaine

(je n'ai pas dit la troisième strophe que j'aime beaucoup moins... Que le grand Verlaine me pardonne !)

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 10:26

 

 

Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde champêtre
mon escargot d’opale
 mon moustique d’air
mon édredon de paradisiers
 ma chevelure d’écume noire
mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges
mon île volante mon raisin de turquoise
ma collision d’autos folles et prudentes ma plate-bande sauvage
mon pistil de pissenlit projeté dans mon œil
mon oignon de tulipe dans le cerveau
ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards
ma cassette de soleil mon fruit de volcan
mon rire d’étang caché où vont se noyer les prophètes distraits
mon inondation de cassis mon papillon de morille
ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le printemps
mon revolver de corail dont la bouche m’attire comme l’œil d’un puits
scintillant
glacé comme le miroir où tu contemples la fuite des oiseaux mouches de ton regard
perdu dans une exposition de blanc encadrée de momies
je t’aime

 

Benjamin Peret

benjamin-peret(in "Je sublime", 1936)

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 16:29

     En découvrant avec extase ce livre si atypique écrit en 2006 : successions de très courts paragraphes , avec des retours à la ligne évoquant les rythmes libres utilisés par les poètes, je me dis que l'écriture est parfois réellement "merveilleuse" ; d'ailleurs l'auteur au début de son ouvrage note :

"Depuis que la plupart des poètes ont pris congé de la langue versifiée et recourent, à la place des vers, à des rythmes libres et à une phrase flottante articulée en strophes, le malentedu s'est fait jour ici et là, qui veut que tout texte constitué de phrases flottantes, donc de lignes d'inégale longueur, relève de la poésie. C'est faux. La phrase flottante - ou mieux : la phrase volante - est libre et n'appartient pas seulement aux poètes."

C. Ransmayr

(*) ce procédé étrange et somme toute très rare dans la production de romans et de nouvelles a été repris aussi dans le très puissant "Un voyage en Inde" de Gonçalo M. Tavares, un des tout meilleurs livres de cette rentrée 2012.

 

 

    Et merveilleuse aussi la lecture. Qu'il soit encore possible de rêver les montagnes, de rêver les pays (ici : Irlande et Tibet), de chanter avec de tels exploits, la vie et la mort, avec un art suprême : celui des mots, tient du prodige. 

    Quant à moi, je ne suis pas sûr comme le dit l'auteur qu'il ne fasse pas partie lui même d'une race particulière de poètes, de celles par exemple qui n'écriraient pas de poésie, mais de longs textes chantants, une lente et longue mélopée. Car il s'agit ici bien d'un long poème en prose racontant les amours et difficultés de deux frères Pad et Liam, l'un proche de la mer, l'autre des rêves d'Internet, avec des souvenirs importants de l'Irlande et d'un père défenseur de son pays, mais autoritaire. Tous deux décident un jour d'escalader une montagne magique mal répertoriée sur les cartes et dont les tibétains locaux disent qu'elle est éphémère ; localement les deux frères somme toute très différents réussiront leur quête : à vous de découvrir laquelle ou lesquelles...

    Très vraisemblablement chef  d'oeuvre de la littéraure mondiale, ce livre exceptionnel doit nous donner envie de découvrir les autres livres de cet auteur. 

 

Ici : j'ai volé sur Internet la bien belle description de Hubert Trouiller parue dans "le choix des libraires" ; Hubert Trouiller est libraire à la librairie "Le marque-page" à St Marcellin :

Publié par Albin Michel en janvier 2008, ce récit nous emmène dans les hautes altitudes où la poésie et le rêve peuvent se déployer sans limites.
Deux frères irlandais Pad et Liam, aussi proches et différents que peuvent l'être les membres d'une même famille, rejoignent le Tibet oriental pour gravir PHUR-RI, la montagne volante, montagne éphémère qui n'apparaît qu'à de brefs intervalles entre la fin de l'hiver et le début de la mousson. D'après une légende tibétaine, transmise par les pasteurs du Kham qui sillonnent les hauts plateaux à la suite de leur troupeaux de yacks, les montagnes déposées par les dieux ne resteront pas toujours dans le monde des humains mais s'envoleront de nouveau dans les airs et disparaîtront comme elles sont venues.
Ces montagnes qui ont volé au secours des hommes quand ceux-ci ont commencé à se redresser de la position animale pour lever la tête et le regard vers le haut, les deux frères réaliseront leur rêve ; l'un y laissera la vie après avoir sauvé celle de l'autre.
Une longue et lente mélopée contemplative, rendue par une prose rythmée musicale et nostalgique, un long poème non versifié, une phrase " flottante " englobant tout (pensées, dialogues, descriptions) et cela coule et s'amplifie comme le Yang Tse, minuscule ruisseau à sa source tibétaine et fleuve gigantesque à son embouchure chinoise.
Avec en toile de fond cette vision orientale d'une nature habitée, secrète et mystérieuse, où tous, humains, animaux, végétaux et minéraux sont solidaires.
Et cette idée que tout revient toujours à sa source pour commencer à nouveau.
Avec la montagne volante, Christoph Ransmayr rejoint les grands visionnaires de la montagne.

Alexandre David Néel et le voyage d'une parisienne à Lhassa - René Daumal et le mont analogue - Thomas Mann et la montagne magique - Yasushi Inoué et la paroi de glace - Jiro Tanigushi et le sommet des dieux - Ramuz et la grande peur dans la montagne, sans oublier son compagnon et ami Reinhold Messner... une belle photo de famille.

 

Hubert Trouiller

 

la montagne volante

La note de Sophie Deltin du Matricule des anges

http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=57761

La note de Fabienne Pascaud dans TELERAMA :

http://www.telerama.fr/livres/24018-christoph_ransmayr_la_montagne_volante.php

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 15:52

« La poésie en détruisant édifie, en se refusant se donne. Elle ne peut s'ouvrir à la fin qu'à l'altérité. De l'intime à l'extrême, du coin de la table où j'écris, à l'invisible des lointains. »

Jacques Dupin

 

Jacques-Dupin

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 14:53

Ton bruit – souffle gris –

Ton sexe de paille vieilli

Neige empourprée

En ce sein vous romprez

Ventre refleuri

Je suis ta cavalerie

Enfin fillette

Tes billes je cueillette

Et en toi je grandis

My sweet milady

 

De jeunes filles joyeuses ont passé

Trains des ennuis trop enlacés

Pensées de corsage délacé

Ont fui mes vies effacées

 

La vie ? – plainte grise –

Souvenirs en fouillis

Désertification en route

Mois d’août en black-out

Je regarde les décors

Et ton corps comme accord

Enfin fillette

Ma fille parfaite

Et en toi je grandis

My sweet milady

 

De jeunes filles joyeuses ont passé

Trains des ennuis trop enlacés

Pensées de corsage délacé

Ont fui mes vies effacées

 

L’avenir – cintres gris –

Comme une treille vieille

Un panier peu rempli

Où bien tard j’y sommeille

C’est une parole bègue

Que bien triste je lègue

Enfin fillette

Belle femme coquette

Et en toi je grandis

My sweet milady

 

De jeunes filles joyeuses ont passé

Trains des ennuis trop enlacés

Pensées de corsage délacé

Ont fui de mes vies effacées

 

la jeune fille au bas noirs

(la jeune fille aux bas noirs / Bonnard, 1893)

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 11:11

 

Cendrars

 

DICTION : Cendrars Cendrars

 


Tout le monde est sur le pont
Nous sommes au milieu des montagnes
Un phare s'éteint
On cherche le Pain de Sucre partout et dix personnes le découvrent à la fois dans cent directions différentes tant ces montagnes se ressemblent dans leur piriformité
M. Lopart me montre une montagne qui se profile sur le ciel comme un cadavre étendu et dont la silhouette ressemble beaucoup à celle de Napoléon sur son lit de mort
Je trouve qu'elle ressemble plutôt à Wagner un Richard Wagner bouffi d'orgueil ou envahi par la graisse
Rio est maintenant tout près et l'on distingue les maisons sur la plage
Les officiers comparent ce panorama à celui de la Corne d'Or
D'autres racontent la révolte des forts
D'autres regrettent unanimement la construction d'un grand hôtel moderne haut et carré qui défigure la baie (il est très beau)
D'autres encore protestent véhémentement contre l'abrasage d'une montagne
Penché sur le bastingage tribord je contemple
La végétation tropicale d'un îlot abandonné
Le grand soleil qui creuse la grande végétation
Une petite barque montée par trois pêcheurs
Ces hommes aux mouvements lents et méthodiques
Qui travaillent
Qui pèchent
Qui attrapent du poisson
Qui ne nous regardent même pas
Tout à leur métier

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