Certaines choses
Nous entourent « et les voir
Equivaut à se connaître »
George Oppen
"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous
prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et
qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr." Nicolas Bouvier
« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure
" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va
pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux
"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen
Inconnue du vent en moi, et des espaces entre les lettres, et de mes mots choisis
Tu venais pourtant vers moi
je dis « tu », mais c’était vous peut être, votre nombre exact m’était ignoré
Je vous ai cherchées tant de temps, et je suis éreinté, je vous avais crues « indifférentes », vous n’étiez que voilées, il fallait travailler à votre connaissance, au retrait des tissus
Parfois je le souhaitais, parfois, je vous oubliais
J’ai à cette enfance-là, eu des désirs de vous
puis je vous ai imaginées multiples
et dans votre nudité, et dans vos habits, et vos coiffures aussi différaient, vos postures, vos rires et bien sûr l'immense fascination de vos visages
Je vous ai vues, nues et attachées ou habillées et libres
je vous ai vues sages ou mutines, débraillées ou bourgeoises
aux sourires malicieux, aux sourires sévères
mais je vous ai toujours vues « autres », étrangères, en retrait des mondes connus
Bien plus tard, ma vie finissant, rien n’a changé
je ne vous connais toujours pas, vous êtes toujours dans votre constitution, voire votre physiologie des êtres à part, que je ne peux percevoir
Reste mon imagination, lors, je vous rêve…
Et me trompe quasi systématiquement, vous êtes donc la grande inconnue du centre de mon monde, vous êtes aussi les soleils éclairant mes coins d’ombre, les différentes parties de ce qui pourrait être mon tout sans doute ;
Je reste l’enfant qui ne voulait pas grandir
celui qui ne souhaitait que jouer à la pluie, au beau temps, aux soldats de plastique, aux billes et aux coureurs cyclistes
Puis un jour, mon ami aux yeux bleus, dessina à la craie des corps de femmes nues sur le rebord de ma fenêtre, les bassins larges, les tailles fines, les seins attirants… Un corps en attente du mien peut-être et si différent ; dès lors un pan s’écroulait, ma trop célèbre nonchalance défaillait ;
Nous nous mîmes tous à grandir
Les souvenirs restent de ces temps-là
Comme des prises dans la falaise de craie
qu’en rêve j’escalade sans cesse
Enfin je résumerais ainsi :
« mais demeure miraculeux l’incroyable fascination de vos visages ».
Que dire de « L’envie » de Iouri Olécha, publié en 1927 et que l’on nous présente comme un des chefs d’œuvres de la littérature russe de l’entre deux guerres ? Que sa lecture est réjouissante, étonnante, fascinante, impertinente. C’est écrit avec intelligence, burlesque et fantaisie, et pour un texte de cette période, on est surpris de la vivacité moderne de cette prose. Que serait devenu cet écrivain né en 1899 sans l’arrivée de Staline ? Car dès 1930, 1932, tout se gâte, l’écrivain vedette écrira sous censure en permanence (il fera même une vive autocritique de lui en 1934 au premier Congrès de l'Union des écrivains) et arrêtera la forme romanesque. « L’envie » a pourtant remporté un grand succès à l’époque. Issu d'une famille d'origine polonaise, Olecha passe son enfance à Odessa et gardera toujours un souvenir nostalgique de cette ville et de la « Russie méridionale » (Olécha se sent plus « européen » que russe). Il publie ses premiers poèmes à l'âge de 17 ans et meurt à Moscou en 1960 dans la pauvreté et la déchéance, quasi clochard.
Ensuite Olécha consacrera le reste de son travail d'écrivain à son journal qui paraîtra de façon posthume en 1965 sous le titre « Pas un jour sans une ligne ». Puis paraitra récemment dans sa forme complète sous le titre « Le livre des adieux ». Livre que je vous recommande et qui parle bien des conditions de vie et de travail d’un artiste soviétique pendant trente ans (des années 30 à la fin des années 50), de la reconstruction impossible. Le créateur sous le totalitarisme, sous la terreur communiste. (très belles pages aussi sur sa sœur morte du typhus « par sa faute », lui, ayant apporté la maladie et ayant survécu.)(1)
Il s’agit dans « L’envie » de montrer ni plus ni moins la lutte (en outre fraticide) de l’homme nouveau et de l’homme des temps anciens, la tragédie du modernisme. Un troisième larron sera là, on peut y voir un éventuel portait de l’artiste écrivain, en homme cultivé, mais faible, alcoolique et velléitaire, inapte à cette nouvelle vie proposée. Ce sera lui « l’envieux » et par là même « le perdant », l’impuissant à qui manque le mode d’emploi du métier « vivre ».
Le style d’Olécha mélange burlesque, sérieux, fantastique et poésie puissante ; ce qui ressort à la lecture c’est surtout l’incroyable originalité du style narratif et de la construction du roman. C’est très moderne. La place de l’individu dans la nouvelle société qui s'édifie. Les « hommes nouveaux », rejettent les « vieux sentiments » : l'amour, l'orgueil, la peur, l'envie, la haine, la jalousie, le désespoir etc… et ne s’intéressent qu’à la nouvelle société dans laquelle dominera « la machine ». Adieu sentiments humains, adieu individualisme, vive les machines à fabriquer les saucissons, vive la libération grâce au travail… Adieu sentiments poétiques, adieu rêves inutiles et futiles, sans intérêts, vive le matérialisme triomphant, le sport hygiénique et le rendement ! Action dynamique contre art statique. Hommes du progrès contre rêverie, attentisme pessimiste et « romantisme attardé » !
A la fin du livre les deux compères perdus et perdants, vivant chez une veuve Anetchka, boiront un coup à un sentiment devenu important : l’indifférence !
- Buvons, Kavalérov… Nous avons beaucoup parlé de sentiments… Mais nous avions oublié le sentiment le plus important… Nous avons oublié l’indifférence… ne trouvez-vous pas ? Sérieusement… Je crois que l’indifférence est l’état le plus agréable de l’homme. Soyons indifférents, Kavalérov ! Regardez ! Nous avons trouvé le repos. Buvez ! A l’indifférence ! Hourra ! A Anetchka ! Aujourd’hui, à propos… Ecoutez bien… Je vais vous annoncer une bonne nouvelle… Aujourd’hui, Kavalérov, c’est votre tour de coucher avec Anetchka. Hourra !
"L’Envie", ce livre étrange et fascinant, poètique et pathétique, qui a fait éclater les cadres habituels de la littérature de l’ex-Union soviétique. Un chef-d’oeuvre.”-F. Rude ( La Quinzaine littéraire )
(1) Ma sœur était pour moi un être étonnant. Non, à vrai dire, dans ma relation avec ma sœur, il y avait bien des choses qui aujourd’hui m’étonnent : il est absolument évident que je voyais en elle une femme. Je me livrais parfois à des actions qui donnaient à penser que je la voyais précisément ainsi. Ainsi je l’enlaçais, ainsi j’avais envie de l’embrasser dans le cou, d’embrasser ses bras nus lorsque je les voyais. Elle ne s’y opposait pas. Au contraire, cela lui plaisait. Je nous revois assis sur le bord du lit où je m’apprêtais à me coucher –ma chambre était à la croisée des pièces de l’appartement–, il est tard, tout le monde dort, nous ressentons l’état douloureux et doux d’êtres faits pour se donner l’un à l’autre mais qu’arrête la barrière de la honte, de la responsabilité et de la peur. Je la frôle à chaque instant, je frôle ses jambes et ses épaules nues (elle est sur le point de se mettre au lit) et elle dit pour transformer ce qui est en train de se passer en plaisanterie :
-Tu as les oreilles brûlantes.
Il me semble que c’est elle qui m’aurait fait connaître la plus grande volupté que peut procurer la possession d’une femme. Ce que je suis en train d’écrire est-il offensant pour sa mémoire ? Je ne crois pas ! Il me semble qu’une femme ne peut jamais se sentir offensée d’être reconnue comme telle, quand bien même cette reconnaissance serait le fait d’un babouin, pour ne pas parler d’un frère !
« La caractéristique principale de mon âme, c’est l’impatience. Je me rappelle que toute ma vie j’ai souffert d’une préoccupation qui m’a empêché de vivre et cette préoccupation c’était précisément qu’il fallait faire quelque chose et qu’alors je pourrai vivre en paix. Ce souci emprunta plusieurs travestis : parfois je m’imaginais que ce « quelque chose » était un roman à écrire, mais il arrivait aussi que c’était un appartement confortable, ou encore un passeport à obtenir, ou bien me réconcilier avec moi-même – mais en fait ce quelque chose d’important qu’il me fallait surmonter pour pouvoir vivre en paix, c’était la vie elle-même. Ainsi tout peut se résumer à ce paradoxe que le plus difficile dans la vie, c’est la vie elle-même – attendez un peu que je meure et alors vous verrez comment je vivrai. »
Iouri Olécha
Il dit : « je voudrais changer », mais lui-même, il connaît son mensonge ; elle, elle est présente, attentive.
Il y a quelques jours, ils avaient marché longuement : une rivière sortie de son cours, des moulins abandonnés, des grosses meules cachées par les hautes herbes et les fleurs du printemps. Des caniveaux et rigoles creusés dans la pierre de Provence dessinaient au sol des tracés labyrinthiques. C’était étrange et plaisant de marcher dans le lit d’une petite rivière disparue ; les plaques calcaires bien lissées et les berges reflétaient puissamment les rayons du soleil, il faisait blanc et chaud, on devait plisser les yeux ou mettre la main comme une visière. Il ne portait jamais de lunettes de soleil, trouvant alors les variations de couleur du monde trop « inadmissibles ».
Tandis qu’il herborisait comme à son habitude, elle, elle jouait avec les chiens ; plus tard le petit de robe noire, abruti par la chaleur refusera de marcher, il faudra le porter jusqu’au lavoir du village plus haut où enfin il retrouvera la joie de piétiner et de se rafraîchir. Les lavoirs provençaux sont enchanteurs et si étranges remplis de cette eau glacée qui semble pourtant manquer partout. La force du soleil d’été et la grande sieste de l’eau fraîche. Deux amis qui s’acoquinent bien.
Plus tard, lui redescendra seul, parmi les arbres secs, dans la grande forêt, en ubac de sa solitude ; à grands pas, à grandes enjambées, il aurait cherché à résumer son monde, sa vie, à deviner quelque barbarie naturelle au détour d’un sentier. Mais l’imprévu n’est pas venu, la descente fut simplement une « descente » naturelle dans des bois « naturels », pas de surnaturel, ni de faunes, ni de fées. Pas de Pan aux sabots caprins qui aurait proposé une pipe de tabac brun.
C’est cela qui le gênait, une lacune, un trou cruel, une partie manquante ; mais jamais et depuis si longtemps, il ne sut, ou il n’imagina ce que tout cela pouvait bien être. Une blessure de son enfance ? Une déficience inhérente à tout être du genre humain ? Un désarroi devant l’avenir ? Une incompréhension plus générale ? Une « insuffisance centrale de l’âme » pour reprendre les mots de Nicolas Bouvier.
C’est cela qui faisait mal si souvent, et pensa-t-il, engendrait tant de suicides ?
Au volant de la voiture, il remonta les quelques kilomètres jusqu’au village. Les chiens aboyèrent et se trémoussèrent, reconnaissant l’automobile. C’était l’été flamboyant dans toute la splendeur du sud ; on but des boissons froides, mangea une glace dans le silence des ocres durs sur une petite terrasse isolée.
Près du parking, les pins crépitaient comme des balles leurs cigales. J’ai toujours aimé les feux d’artifices. Le boucan, parfois, était énorme. L’enfant s’amusait à s’approcher de chaque arbre rapidement, les bruits les uns après les autres cessèrent comme par un charme. Et un stupéfiant silence – grâce à l’enfant – vint. Cette pause reposait.
Puis nous rentrions calmement, l’air était bleu, l’asphalte d’un beau gris, les routes bien dessinées comme un croquis d’enfant, les arbres bien verts et brune la terre. Nous étions un couple normal avec enfant et chiens.
« En quatre jours, il m’a donné une vie entière, un univers, et a fait un tout des parties de mon être. »
« Plus tard, il lui dirait que, de manière indéfinissable, la regarder retirer ses bottes ce jour-là avait été un des moments les plus sensuels de sa vie. Pourquoi ? Cela n’avait pas d’importance. Ce n’était pas comme ça qu’il approchait la vie. « L’analyse détruit l’unité. Certaines choses, les choses magiques, ont besoin d’être vues comme un tout. Si on les fragmente, elles disparaissent. »
« Les vieux rêves étaient des bons rêves. Ils ne se sont pas réalisés, mais je suis content de les avoir eus. »
« J’ai toujours pensé que la maturité se mesurait à deux facteurs principaux. D’abord la faculté de rire de soi. La plupart des gens parlent d’eux-mêmes et de leur vie avec une gravité excessive. Ils ont du mal à voir qu’au bout du compte tout cela est absurde. »
Francesca lui avait demandé quel était pour lui le deuxième critère de maturité.
« La faculté d’admirer l’œuvre d’autrui, d’en être heureux, au lieu d’en être jaloux … ».
Tout le monde connait grâce au film précieux de Clint Eastwood « Sur la route de Madison » cette histoire d’amour, riche d’émotions et que présente faussement son auteur (Robert James Waller) comme une histoire vraie ; ( d’ailleurs à voir les photographies de l’auteur du roman : cheveux longs, belle gueule, bretelles orange, photographe et musicien, on se dit qu’il aurait pu remplacer lui-même l’ami Eastwood sans grande difficulté (au moins « extérieurement ») et/ou qu’il y a de lui-même dans le personnage de Robert Kincaid. )
Bref très beau film émouvant, admirablement interprété aussi par Meryl Streep, mais aussi bien joli petit roman qui se lit très agréablement et qui donne de temps en temps des chemins de traverse avec la fantaisie de Robert Kincaid, ses digressions poétiques et ses mots sur le magique. Sur l’appréhension du monde.
Bien sûr : quatre jours d’amour, de découverte, de nouveautés : le bilan ne peut être que positif ; les mauvaises langues comme moi diront : et que sera devenu ce couple au bout de 6 mois, de 6 ans de vie commune ?
Mais restons optimiste et glorifions la magie de l’amour, une des rares choses qui peut nous permettre de rester debout dit-on et qui donne envie de vivre.
Ce roman se lit très bien et même en connaissant l’histoire par cœur, on est surpris par la délicatesse des mots, des situations, par la magie de l’ambiance, de la rencontre de ces deux solitudes. On imagine sans mal le monde paysan américain des années 1960 où vit Francesca et l’irruption brutale et extraordinaire du diable ; mais un diable gentil, aimant, prévenant, attentif, attentionné, proche des femmes… Un diable intelligent et sensible…
Le souhait aussi « à nouveau » de séduire ; la séduction (par seulement sexualisée) est très vraisemblablement quelque chose qui nous guide pendant longtemps, ne pas y voir de vanité là dedans, mais simplement des besoins humains de reconnaissance et d’amour. Egalement d’être fier parfois d’être soi-même…
Lisez donc ce bien agréable roman, bien écrit et riche de choses essentielles…
(The Bridges of Madison County) 1992
Qu’est la poésie ?
Ou plutôt de quoi est fait un poème ? Comment s’écrit-il ?
Pour moi, cela a toujours été un acte de liberté, voire libertaire ; ce que j’écrivais à 17 ans était illisible (trop influencé par les surréalistes), mais peu importait, n’est-ce pas ? Jouer avec les mots, les phrases, la syntaxe... chercher le contexte ultime pour décrire de manière originale nos sentiments, nos regards, nos souffrances, nos joies, notre béatitude face au monde vivant...
Je suis toujours stupéfait en lisant les poètes de voir la diversité incroyable des poèmes, leur grande pluralité, leur grande variété...
Les poètes sont des hommes et femmes habiles, leur lecture la plupart du temps m’enchante ; y compris la poésie contemporaine qui n’a pas toujours bonne presse...
Lysiane Rakotoson a eu la chance (mais sans doute n’est-ce pas que de la chance) de gagner le prix de poésie de la Vocation (Fondation Marcel Bleustein-Blanchet) ce qui lui permet aujourd’hui d’être publié par une maison dont tous les poètes rêvent : les éditions Cheyne.
Lysiane est une jeune agrégée de littérature et son premier recueil publié laisse augurer de belles choses... Elle s’intéresse au rapport théâtre poésie et à l’oralité en littérature.
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En deux temps : respiration des commencements puis confidence faite à ma nuque (ah ! les nuques des femmes !), Lysiane Rakotoson a confectionné un petit livret sensible. L’ouverture : c’est l’aube : (en bleu : de l'auteur)
Le matin a remué d’un coup sa volière de silence et de lumière.
Je porte cette bure jusqu’à ce que le poème creuse un passage dans ta chair
Il y a de la fragilité, mais tout autant de la force, et puis des phrases courtes, certains poèmes pouvant évoquer des idées d’haïkus... (une influence de Guillevic connu pour sa concision et qu'aime l'auteur ?) comme :
Tes mains
Je rêve de ces couteaux plus hauts que l’été,
Et de leur répétition.
On y trouve un langage des corps amoureux et un retour régulier au monde solaire et aérien (beaucoup d’oiseaux), sensuel et terrien, comme :
Le soleil me dévalise -
ma bouche capitule
au bord -
me livre ainsi tes contours
un parfum de cailloux frottés -
feu de joie dans la détresse des muqueuses.
Puis comme dit la poétesse : devenir à son tour un corps conducteur, être traversée par une brûlure croissante ; le « nous » le « nos » le « notre », le « tu » et le « je » ensuite deviennent le squelette de cette traversée bleue, comme si le couple, ou l’amour – à lui seul – suffisait à décrire le monde...
Un constante attention aussi au monde extérieur : celui des nuages, des écorces, des oiseaux, des paysages...
Poèmes brefs et concis, les textes de Lysiane Rakotoson se lisent comme des épures...
Le ciel fait la diérèse du rose et du bleu et nous
le roulons paume contre paume féconde. Nous entrons dans le jour, nous inventons une neige et des baisers exacts – violets comme nos bouches un soir.
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en cliquant sur son portrait une visite de son site...
Voici une bien belle tulipe verte
bien fière, mais on distingue des petits filaments, qu'est-ce ?
je soulève discrètement le pétale du bas
( photographies frenchpeterpan )
une coquine araignée sauteuse ( Salticide) se camoufle...
redoutable prédatrice elle chasse à vue
Munie de ses 8 yeux, elle peut voir partout,
même si sa vue est parait-il médiocre
Récemment, on s'est rendu compte que ce type d'araignées voyait les UV
ces rayons sont même essentiels pour déclencher les parades nuptiales
dans le noir, ces animaux perdent leur libido
avec un peu d'UV c'est Champagne !
à l'envers camarade je te vois quand même ! t'es marrante avec ta coupe en brosse
et tes yeux multiples, allez hop ! je te classe parmi les animaux poétiques
une des plus belles chansons de ce chanteur plein de gouaille, de vie, de truculence païenne ; lui qui est passé si près de la mort et qui remercie son donneur dans une de ses dernières chansons : "je suis organe de toi"...
j'aime beaucoup le personnage et la joie de ses chants ; la formidable singularité de ses textes en très habile manieur de mots : des échanges perpétuels entre écriture poétique parfaite (très écrit) et l'humour ; "le geste d'amour" est l'une de ses chansons les plus connues
en cliquant sur sa photo : vous atterrissez sur son site
LE GESTE D'AMOUR / J-M PITON ©
Avec les camisoles que me forment les mots
Lentement je m'isole, je creuse mon tombeau
Dans cette page friche qui tremble et qui s'enivre
Mes mains deviennent riches des instants qui font vivre
Avec le bien, le mal, tout ce qui passe vite
Les écrits du journal, le mensonge, le rite
Et l'aptitude vile à tromper son bonheur
Les passions serviles, la crainte et puis la peur
J'affirme la nécessité du geste d'amour
Je suis le paysan, vous êtes mes labours
Ô mes chansons sans fin, territoire des hommes
J'affirme la nécessité du geste d'amour
Contre la toile rude, je glisse le velours
Ô mes chansons qui naissent
Ô mes chansons qui chantent
Avec, sans y penser, le silence des glaces
Aux épaules voûtées qui doucement se tassent
Avec, de l'intérieur, les craquements sinistres
Dans la maison du cœur, des meubles qui s'attristent
Avec, si je disais "Je sais" sans rien connaître
Admettant du mensonge, la clarté des fenêtres
Avec le temps précis qu'il faut pour être lâche
Et s'en aller sans bruit comme un chien qui se cache
J'affirme la nécessité du geste d'amour
A travers mes chemins creux à travers mes détours
Ô mes chansons de larmes, ombragées et sensibles
J'affirme la nécessité du geste d'amour
Découvrant du soleil sous les nuages lourds
Ô mes chansons qui crient
Ô mes chansons qui cherchent
Avec le feu nouveau brûlant les herbes sèches
Dans un coin du cerveau en creusant une brèche
Avec les filles nues qui dansent à l'étage
Avec les mains tendues, la joie et le partage
Avec deux ou trois heures passées, à moitié ivre
Dans les bras du bonheur, dans les pages d'un livre
Avec, marchant sur l'eau, un homme d'un autre âge
Et parmi les corbeaux la colombe volage
J'affirme la nécessité du geste d'amour
Pour la chaude lumière, j'éteins le contre-jour
Ô mes chansons de l'aube qui se lèvent tranquilles
J'affirme la nécessité du geste d'amour
Et le voilà donné, vidé des faux discours
Ô mes chansons qui croient
Ô mes chansons qui aiment
Avec les camisoles que me forment les mots
Lentement je m'isole, je creuse mon tombeau
Dans cette page friche qui tremble et qui s'enivre
Mes mains deviennent riches des instants qui font vivre
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une très belle chanson du répertoire français, il y a là un mélange d'Ogeret et de Chelon
voici une vieille vidéo (pas très bien enregistrée) mais qui restitue bien l'intensité du chant ; un mélange aussi de Dimey et de Boby Lapointe, 2 auteurs qu'aime particulièrement jm Piton.
Un mystère encore : pourquoi un tel chanteur n'est pas plus connu ? lui aussi ? Je vous conseille le CD "La gosse" , demain cet artiste enregistre son nouveau CD, on l'attend avec impatience...
à la pointe de la presqu’elle de mes pays intérieurs
(là où ondulent de jeunes vagues pleines de lassitude)
j’ai cru voir exposé
ton jeune corps
dans le chas du vent matinal
Il paraît que c'est bien à deux...
d'autres disent qu'à 3, c'est pas mal non plus...
les plus téméraires s'y mettront à 4...
encore des images magnifiques !
c'est toujours un plaisir de voir les images proposées par la NASA
photographie de professionnel ou d'amateur avec les explications d'un astronome professionnel...
(une par jour)
ici :
http://apod.nasa.gov/apod/astropix.html
il y a quelques jours, c'était sur les aurores boréales (Norvège)
une petite vidéo de 2 minutes de Terje Sorgjerd
cliquez sur l'image
c'est
m a g n i f i q u e
" Far better it is to dare mighty things, to win glorious triumphs, even though checkered by failure, than to take rank with those poor spirits who neither enjoy much nor suffer much because they live in the gray twilight that knows neither victory nor defeat.
It is not the critic that counts; not the man who points out how the strong man stumbles, or where the doer of deeds could have done them better. The credit belongs to the man who is actually in the arena, whose face is marred by dust and sweat and blood; who strives valiantly, who errs, and comes short again and again, because there is no effort without error and shortcoming; but who does actually strive to do the deeds. "
Theodore Roosevelt
photographies frenchpeterpan
Chez moi, je déclare l'arrivée du Printemps lorsque les fleurs des ficaires apparaissent, cette année je prends cela en photo, bon rien...
ça y est avec quelques jours d'avance sur les dates officielles...
J'aime cette fleur, surtout en pays sec où je suis, elle rappelle les sources qui existent dans la garrigue, d'ailleurs en suivant les massifs, on les rencontre lors où la terre est la plus humide...
Les bourgeons neufs sont magnifiques avec leurs fines rayures rouges...
Voici, la princesse renonculacée et sa robe jaune éclatante qui lui a valu le nom de faux bouton d'or, fausse renoncule...
En passant l'arme à gauche, les fleurs quittent leur collant jaune citron pour de séduisants bas blancs ; bref une
fleur que j'adore, surtout ici en terrain sec ; bref c'est le printemps !