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"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

Certaines choses

Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

George Oppen



" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
Ugo Betti

"Le sens trop précis
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ta vague littérature"
Stéphane Mallarmé


" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
Un pilier du pont d’ennui
qui s’étend de moi vers l’autre. "
Mario de Sa-Carneiro
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-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 08:16
Résumé : C'est une vallée perdue dans les montagnes du Montana. Quelques habitants y vivent en paix à l'écart du monde, jusqu'au jour où un prêcheur s'y installe avec son épouse esquimau. Plus loin, un colosse remonte à la nage une rivière bouillonnante en tirant derrière lui un canoë chargé de statues de fonte. Le lecteur de ces trois longues nouvelles découvrira aussi une forme délicate gelée au fond de la rivière, deux frères lanceurs de disque, un ancien joueur de football faisant le difficile apprentissage de la solitude autant d'images proches du fantastique, par lesquelles Rick Bass crée une très séduisante mythologie personnelle.
A propos de l'auteur : Né en 1958, Rick Bass a grandi à Houston, Texas, avant de faire des études de biologie et de géologie à l'université de l'Utah. Il a travaillé pendant plusieurs années dans le Mississippi comme géologue spécialisé dans les gisements de pétrole et de gaz, ce dont témoigne son livre Oil Notes. Rick Bass dit avoir appris à écrire en lisant les romans de Jim Harrison, Eudora Welty et Thomas McGuane. Il est l'auteur d'une douzaine de livres de fiction, dont les recueils de nouvelles intitulés Le Guet et Dans les monts loyauté. Le Sud profond et le Montana constituent les décors privilégiés de ses fictions.


    Ce n'est pas la première fois que je lis Rick Bass, ses descriptions fines et sensuelles des paysages américains m'avaient déjà séduit. Et puis on lit tellement qu'on oublie. Un jour je tombe sur un article disant que le meilleur R. Bass était "Platte River". (Il parait d'ailleurs que le nom de "Platte" est d'origine française, un des premiers découvreurs français Étienne de Veniard, sieur de Bourgmont en 1714, parla de  "flat water". Le mot français "platte" resta.) . Cela tombait bien, il venait après 10/18 d'être réédité dans cette nouvelle collection Christian Bourgois éditeur dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ne se foule pas pour imprimer des couvertures "appétissantes". Bref.

Les 3 nouvelles sont magnifiques.
    La dernière que je préfère "Platte River" a des intonations de Raymond Carver, c'est un petit bijou. Un couple se déchire pour de bon, mais en toute lenteur et amitié. Les scènes de pèche en finale avec un ami suicidaire dans ces beaux paysages sont écrites de manière miraculeuse. La chute d'une infinie tristesse est poignante.
    La nouvelle du milieu "Exploits sportifs" a des airs d'Haruki Murakami avec son côté légèrement fantastique. Un homme très fort A.C. "le gros homme" ne cherche qu'une chose dans la vie : le bonheur dans la communion de sa force naturelle et de la nature. Il le trouvera doublement en rencontrant une famille qui l'adoptera et qui l'aimera. Particulièrement Lorie, la jeune dépressive ; et tout leur amour ne sera que la force naturelle des eaux et des torrents. Juste la joie d'être humain et de vivre dans cet environnement monstrueusement beau.
    La première nouvelle "Mahatma Joe", Leena cherche à s'isoler des hommes, nage nue dans une eau glacée. Le prêtre Mahatma Joe et sa femme esquimau patinent eux sur cette rivière et jette à la volée des graines sur les berges pour créer un potager. Un accident surviendra. Mais la vie continuera.
    C'est écrit simplement mais divinement et si ce recueil parle encore une fois des difficultés des relations humaines et particulièrement des relations homme-femme, la beauté de la nature environnante relativise tout et au contraire donne un espoir invraisemblable pour la nature "humaine". Tout n'est pas perdu tant que nous vivrons dans cette nature-là.

    Les nouvellistes américains sont décidément très efficaces dans leur impressionnisme et leur pointillisme de la nature humaine.

 

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 09:38

bertin-comme un pays 2

 

le nouveau disque de l'ami Jacques vient donc de paraître

comme d'habitude, le coeur s'en ressent


il faut comme d'habitude laisser les mots vous pénétrer avec lenteur, pareil pour la musique et les mélodies si typiques de Bertin

et comme d'habitude il y a la voix, la voix prononçant - elle - chaque syllabe comme unique,

une diction, un chant parfaits


beaucoup de nostalgie dans ce disque :

- un beau poème sur son amie de toujours : la Loire

- la recherche de sa maison comme toujours

- l'amitié estudiantine (où je me reconnais)

- des chansons d'amour ou de souffrance

- les amies féminines indispensables

- le temps qui passe

- les livres

- le beau pays

- le passé



"Le passé", "La Loire", "Ah, vieil ami..." sont perceptibles immédiatement, d'autres chants mettront plus de temps pour vous envahir


Que peut-on dire encore de cette chanson-là qui fait ricaner tant de crétins crétinisants ?


C'est une autre chanson, c'est un autre chant, c'est de l'humanité "tout simplement", la ferveur donc, c'est différent, et bien sûr pour ce qui me concerne "bien mieux"...


à l'intérieur du disque, il y a encore à regarder : les rayonnages (une des bibliothèques de Bertin ?) : on y voit l'étiquette du Politico, acheté quand j'étais étudiant à Toulouse, moi le grand amateur de jeux ; on y voit aussi la photo de "la jeune fille blonde" - une de mes chansons préférées : c'est celle que j'ai demandée d'ailleurs à Sophie Nauleau qui devrait clore ma petite intervention sur "ça rime à quoi", un livre de poème de Pierre Emmanuel, "rien que l'amour" de Lucien Becker, l'aventure culturelle de la CGT, la fin des militants ?, le complexe du loup garou denis Duclos, pierre mauroy : Léo Lagrange, citations du président Mao, Charles de Gaulle, Jules Roy : les années déchirement etc...


...finalement peu de livres de poésies, mais beaucoup sur la culture, la politique, la dernière guerre, les luttes militantes...beaucoup de photographies de femmes...

 

bertin-comme un pays

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 05:00
écrire par « flashs » et suggérer plutôt qu’informer
ne pas faire trop de descriptif (peu importe qu’elle ait une jupe jaune ou rouge)
S’expliquer, choisir le « on »
Arrêter de parler des femmes ou du moins d’une manière moins descriptive, plus elliptique, faussement réaliste
Introduire le « je », le « il » ensuite
(le « il » neutre aussi)
choisir des mots simples
et l’amitié ?
d’ailleurs on ne peut raconter que des souvenirs
écrivain réveille toi !

dire : « et ce sera comme… »
voir les autres
être attentif, bien observer, même si on manque d’envie : s’intéresser aux autres.
étonner
Ou par les mots mais étonner

Etre éveillé pour percevoir
les poèmes cachés alentour
les lignes le long de nos allées et venues
Ne pas craindre l’impossible
Posséder des mots « solides »
Employer le ce, cet, cette

Faire participer le lecteur, lui faire croire à ses souvenirs

Oublier parfois le verbe principal


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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 20:40
Ce
matin
j'ai reçu un télégramme
de ton c o r p s

rédigé dans une langue
inconnue de moi
je n'ai pas compris
son s e n s

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 12:40

"La seule excuse qu'un homme ait d'écrire, c'est de s'écrire lui-même, de dévoiler aux autres la sorte de monde qui se mire en son miroir individuel."

Rémy de Gourmont

Gourmont

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 21:36
enfin je polissais ton Acajou
et toi, tu aimais mon métier d' ébéniste
longeant seul tes chemins inouïs
je me perdais parmi enfants joncs et manilles
j'avais la pépie de tes corps en artifice
et de tes pênes et de tes gâches
de tes pelvis en puissant lamento
je jargonnais tes jambes-jarretelles
où ton corps en jachère prenait son printemps
en accalmie je m'affamais moi-même
de tes ornières humides et crapaudières
je me raidissais robuste et en lumière
je tressais tes oseraies de lavandine
et j'aimais de tes gras et beurres oindre
tes replis et dorures, plissements et feintes
j'ornais tes chapiteaux de magnifiques acanthes
tes portunes et étrilles fatiguaient mes jambes
je croquais un à un tous tes pépins amers
acclamés ainsi nous saluions les foules
peut-être écrivions-nous  alors ainsi
enfin et pour longtemps ce que tu voulais :
un grand roman-fleuve qui lentement nous tissait

apparition du visage d'Aphrodite
S. Dali

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 13:32

« Il y a des moments dans la vie où la question de savoir, si on peut penser autrement qu’on ne pense et percevoir autrement qu’on ne voit, est indispensable pour continuer à regarder et à réfléchir » 

Michel FOUCAULT

foucault

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 20:46

à quoi bon s’ouvrir ainsi
à vrai dire ?  n’est ce pas ?
Pour partager ?
Partager quoi ?
Nos mélanges  d’humanité
nos dégouts des politiques
nos peurs pour demain ?

ou des lambeaux de rimes humaines ?
  "on se croit un peu poète"


quand le silence est roi des réponses
ou la nonchalance de l’ennui
le je m’enfoutisme d’autrui
grande base des fondations humaines

l’autre qu’on dit aimer
c’est autrui et on le laissera crever s’il le faut sur le bas-côté
à condition bien sûr de ne pas être « inquiété »

on dira qu’on a fait « ce qu’on a pu »
et devant les juges, on sera certain d’avoir raison
alors que chacun sait que l’on aura eu tort

------------
 


bon pour mieux terminer : ci dessous photo non trafiquée de la rosée sur la vitre de ma serre, derrière pots de fleurs et géraniums envoient leur couleur ...


NB : la photo "en vrai" est encore mieux ; mais "over-blog" écrase un max, c'est un peu dommage ...
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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 00:42


    Ma jeune amie Clara se réveille

L’œil fixe, absent, l’anesthésie aidant
Elle aimerait sans doute me dire :
Je veux partir, retrouver les joies des arbres, des nids dans les branches, de la vie en bande, des fruits sauvages et des hautes herbes riches en sucres, surveiller mes enfants :
vivre en communauté. Me retrouver chimpanzé.
    Je veux quitter cette prison avec tous ces barreaux de fer, ne plus manger ces croquettes amères et ces mauvais fruits qui n’ont pas de goût.
Pourquoi un jour, petite, m’a-t-on attrapée ? Le plus souvent en tuant ma mère ?
Pourquoi me chasse-t-on ? Pourquoi mon espèce disparaît ?
Pourquoi les hommes encore aujourd’hui tuent tant d’animaux ?

    Tu sais Clara : j’ai vu en Afrique des blancs faire des cendriers avec des mains de gorille ou des pieds d’éléphants, offrir encore des objets sculptés en ivoire, chasser de petites antilopes protégées, et rire avec obscénité et racisme. Je me suis éloigné de ces gens-là ; et même parfois des gens tout court ; on me dit misanthrope maintenant, je confirme, je le suis. Et j’aimerais te libérer. Mais je suis lâche comme beaucoup, je suis parti, j’ai quitté cette grande Afrique, ce continent tant aimé, ma maison est décorée d’objets africains, masques, statues, totem, marionnettes, reliquaires et objets magiques…mais l’Afrique n’est pas là. Et il y a ta photo encore là au-dessus du bureau et tes yeux malins ; je me rappelle bien comment tu me curais les ongles, comment tu aimais me montrer comment tu fumais, ton contentement à mon arrivée. Je pense à toi, tu n’es peut-être pas morte à l’heure qu’il est. Tu auras vécu une drôle de vie même si tes conditions de détention auraient pu être pires ; tu es à 97-99% comme moi, et des deux primates qui se regardaient, j’étais sans doute le plus étonné. Ton génome l’année dernière a été complètement séquencé. Tu es encore plus proche de l’humain qu’imaginé. 46 chromosomes contre 48, c’est peut-être tout.

    Je n’aime pas mon espèce. Mais je suis ainsi né. Je pense à toi dans cette vie aseptisée, et je pense aussi à l’Afrique qu’on a tous abandonnée.
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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 18:12

hotel-univers.

 

photographie issue d'un paquet acheté par deux libraires malins / l'ensemble portait le nom "Hotel Univers" / or c'est le nom de l'hôtel à Aden où Rimbaud descendait. Les photos sont datées entre 1880 et 1890.

 

L'ensemble des photos est acheté : une sort du lot, le deuxième personnage à droite pourrait être Rimbaud ; vérification faite par des spécialistes (tel Jean Jacques Lefrère), il s'agit quasi à coup sûr du poète !

Si on avait été le premier Avril, j'aurais cru à un canular, oui mais voilà aujourd'hui dans le Figaro Littéraire et dans l'Express, les libraires Alban Caussé et Jacques Desse racontent leur intuition de génie... Les photographies auraient appartenu à Jules Suel, négociant à Aden qui finança les ventes d'armes de Rimbaud.


On connait maintenant 5 photographies du poète ; sur cette dernière le visage est moins hâve que les autres, les cheveux moins gris, nul doute qu'elle est sans doute plus ancienne que les autres... Rimbaud ne semble pas malade ou amaigri.


Rimbaud fixe le photographe avec un regard à la fois intéressé et plein d'ennui ; le visage se voit bien ; quelle belle trouvaille ! Bravo aux chercheurs curieux et gloire à eux ! (le dernier cliché du poète vendu en 2007 s'était adjugé 75.000 €)

 

Rimbaud-photo

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 13:58

" On cherche toujours à être différent des autres ; c'est de soi qu'il faut être différent. "

François Bon

FrancoisBon

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 17:34

Sur le mot : je regarde
Lequel pour mon choix : le gros posé, finement sensuel, l'autre là timide ?

Là sur ma table : je regarde
J’entrevois mots et phrases
Il faut classer, réorganiser
Toujours se battre avec la syntaxe
Grammaires en guerre
Mots qui font le mur
Ponctuations en vacances

C’est la force de l’écrivain
De tout réaligner

De tout reconstituer

Puis de tout défaire

dans un éclat salutaire

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 17:56

la cote sauvage - Huguenin

 

« La lune était posée derrière les chênes – une couleur d’abricot mouillé. »

 

 


++++++++++++++++++++++++++++++++++++


J’ai dû lire 4 ou 5 fois ce livre, très régulièrement, je réouvre ce roman dont la couverture et les pages commencent à être fatiguées.

Jean René Huguenin est mort à 26 ans dans un accident de voiture en 1962.
« La côte sauvage » est son unique roman, écrit à 24 ans.

A cet âge : quelle force, déjà ! Un très grand écrivain était né, de la stature d'un Radiguet ou d'un Guibert, mêmes précocités et morts jeunes.

Il avait fondé avec la complicité amicale de Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier la célèbre revue littéraire « Tel Quel ». Ce trio était à l’époque d’une jeunesse triomphante. Il laisse aussi un « Journal » que je n’ai jamais lu mais qui – parait-il – croustille de détails intéressants sur le monde littéraire de l’époque.

 

 

HUGUENIN

 

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La côte sauvage est un livre monstrueux. Ecrit magnifiquement, émouvant, solaire, sensuellement désespéré. C'est l'enfance qui s'enfuit dans ces paysages bretons extraordinaires, c'est l'amour d'un frère pour sa soeur, c'est la solitude qui mange tout, et les coeurs surtout.

Olivier rentre chez lui après deux ans d’absence pour cause de service militaire, il n’a qu’une idée : revoir sa sœur Anne, 5 ans plus jeune que lui.
Il retrouve en même temps Pierre, son meilleur ami, il apprend que Pierre et Anne vont se marier, il retrouve aussi la Bretagne de son enfance. La mer et son eau lissée est là tout au long de ce livre comme une confidente, un trait d'union.


Olivier est un être solitaire, très mélancolique, très romantique, mais un romantisme amer très désabusé, beaucoup d’illusions perdues malgré sa jeunesse. Ces souvenirs sont perpétuellement ceux de l’enfance, de son enfance AVEC Anne, de leurs souvenirs communs. Olivier est un être solitaire, tourmenté, triste, se rappelant de l’exode durant la guerre, de la mort mal élucidée de son père. Il rêve de sa sœur, il rêve de cet amour impossible (très belles scènes dans l’hôtel, ou sur le Griec (petite île) où ils rejouent à faire le mort comme autrefois).Il y a une sensualité terrible dans ces pages-là.
Pierre est seul aussi – ses parents étant à l’étranger -, ses amis d’enfance furent Olivier et Anne et c’est tout naturellement qu’il se tourne vers ses deux amis.
Anne ne sait pas, elle imagine qu’il est logique et naturel qu’elle épouse Pierre, elle fera ce que dira son frère.

 

Et puis, ce sont les fins des vacances... le désespoir de Pierre qui perd l'amitié d'Olivier, et celui d'Olivier qui perd là sa soeur et son enfance. C'est une fin douce et sereine, d'une infinie tristesse, mais pouvait-il en être autrement ?

« Les jours tombèrent.
Ils se baignaient vers midi, Pierre revenait déjeuner au manoir. L’après-midi, quand ils ne retournaient pas tous les trois sur la plage, ils se promenaient dans la lande, toujours tous les trois, et entre les fougères que l’été commençait à brunir, le mince sentier des douaniers les emmenait vers quelque cap, Olivier, puis Anne, puis Pierre, au-dessus d’une mer lisse, glacée de soleil, et ramenai dans le soir leurs pas absorbés, silencieux, leurs visages baisés. Olivier, puis Anne, puis Pierre, jusqu’à la barrière blanche où il se séparaient. Depuis que Louise, la domestique des Aldrouze, était revenue de Quimper où elle avait passé huit jours dabs sa famille, Anne pouvait dîner presque chaque jour chez Pierre. Olivier restait seul, le soir, à l’attendre, assis dans le salon, tournant les pages d’un livre déjà lu, écoutant le silence auquel seul un chien répondait, dans la campagne fourmillante de nuit. Soudain un bruit montait, feutré, régulier et doux, s’épanouissait dans un crissement de gravier, trois petites notes claires tintaient contre les marches du perron, la porte s’étirait en grinçant – puis, durant une prodigieuse seconde tout s’arrêtait – et aussitôt elle était là, debout dans la lumière, et sa voix seule emplissait la pièce. « Tu n’es pas encore couché ? » Il avait attendu trois heures pour entendre cette phrase unique.
Parfois ils allaient goûter à Brest, ou plutôt ils emmenaient Anne goûter : elle choisissait presque toujours une tartelette au flan et un puits d’amour, tandis qu’ils buvaient de la bière danoise. Parfois ils allaient manger des crêpes – ces crêpes épaisses, grasses et fondantes – chez des fermiers qu’ils connaissaient, Kervélegan, Perec ou Le Gallois ; ils revenaient le long des chemins bordés de pommiers, s’arrêtaient devant l’éternelle barrière,
    Et il les regardait s’éloigner, s’éloigner, glisser loin de lui, et il restait appuyé à la barrière, déchiré par cette illusion de légèreté que donnent les êtres qui nous quittent. »


---

 

«  tous les hommes sont misogynes, dit Nicolas en souriant, mais Olivier c’est différent : c’est le plaisir qu’il n’aime pas. »

«  - Mais à quoi sens-tu qu’elle t’échappe ? »

« Au fond, pourquoi tu épouses Anne ? »

« Il accueillait sa solitude avec la même résignation placide dont il offrait, quand il aurait dû être heureux, le décevant spectacle. »

« laisse ta sœur se marier. » dit la mère à son fils

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« Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C'est moi que je prie, c'est moi qui m'exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l'aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon cœur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma soif délirante de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. J'explore. La curiosité c'est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l'amour - qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d'espoir à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu'à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines, pour découvrir que mon étrange amour n'était qu'une façon d'approcher la mort ? »

 

   Bien plus tard, bien des années plus tard, la tête et les jambes engourdies près de cette falaise où Olivier rêvai un jour la chute de sa soeur, Olivier se levera, la tête lasse : "à quoi bon tant de lettres ?" ; et puis il y a cette mer là en bas, "si pure, si lissées, si lassée de soleil" ...

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 14:33
forrest-gander

très beau premier roman du poète Forrest Gander
"En ami"
Sabine Wespieser Editeur, 2009



"En ami" raconte en 4 tableaux la vie (NE LISEZ PAS LA QUATRIEME DE COUVERTURE +++ / elle donne une indication majeure qu'il est préférable - je pense - d'ignorer pour le plaisir de la lecture. ) de Lester, homme brillant et fascinant ; grand séducteur, il partage habilement - mais comme fildefériste - sa vie entre sa femme et Sarah sa maitresse ; il est poète et géomètre.
On assiste :
- à la naissance du "héros" (c'est énorme !)
- la vision de la vie de Lester par son meilleur ami Clay, celui-ci jaloux de la - semble-t-il - belle vie que mène son ami agira... maladroitement vraisemblablement...
- la vision de Sarah (cette partie est écrite comme un long poème en prose) et est très belle
- quelques passages de Lester lui-même

On y parle donc très astucieusement des frontières floues entre l'amitié, la mort, l'amour, la création aussi, une fois de plus, mais c'est ici écrit de manière fort nouvelle et même assez idéalement ; un premier roman très réussi . Que l'on referme à regrets, déjà sous le charme.




    L'auteur cite Edmond Jabès et en citation première page de son roman et dans la petite vidéo ci-dessous, le poète parle d'abord...
Dans cette courte vidéo, il explique succintement aussi les difficultés qu'il a eu en tant que poète pour se mettre "au roman".
Amoureux des mots et des autres langues, il se plait dans les traductions (traducteur de l'espagnol) et y découvre un autre monde de mots et de syntaxes que son monde à lui .


Cliquez sur la vidéo courte (2 minutes)

video forrest gander
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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 11:27


    Il y avait Miles, vu et entendu plusieurs fois et ces tenues extravagantes
ses solos en rage, ses illuminations soudaines, son look d'enfer, sa trompette rouge, mort du sida en quelques mois

Il y avait Chet vu au Hot-Brass à Aix en Provence juste quelques semaines avant qu'il ne tombe de sa fenêtre d'hôtel au Pays-Bas, son visage ravagé, alcools et drogues compactés sur cette ancienne gueule d'ange, sa voix extraordinaire de bluesman

A ces deux dieux de la trompette et de la musique
une petite stagiaire souriante
pour vos swingueries endiablées



















merci encore
pour vos musiques de rêve
merci
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