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"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

Certaines choses

Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

George Oppen



" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
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"Le sens trop précis
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Stéphane Mallarmé


" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
Un pilier du pont d’ennui
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-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 21:46

Je caresse tes cheveux avec la main qui ne les caressera plus

J'écris avec la main qui les caressera

Ainsi ma main te caresse-t-elle toujours.

 

Quand tu quittes ma chambre

Tu me laisses prisonnier de tes empreintes

Quand tu arrives dans ma chambre

Tu m'emprisonnes dans ton amour

Ainsi suis-je toujours libre de la solitude

 

Quand tu n'es pas là

Je pense que tu seras là

Mais quand tu es là

Je pense que tu ne seras plus là

Ainsi le bonheur joue-til à cache-cache avec le malheur, ta présence avec ton absence.

 

Christian Dotremont, inédit, 1950.

 

Dotremont

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 21:21

    d'andré Breton : une belle union libre "sur-réaliste" comme on aimerait en voir plus souvent ;-)
poème publié un an avant "les vases communicants", un de ses livres théoriques les plus fondamentaux.






L’union libre



Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquets d’étoiles de dernière grandeur
Aux dents d’empreinte de souris blanche sur la terre blanche
A la langue d’ambre  et de verre frottés
Ma femme à la langue d’hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâton d’écriture d’enfant
Aux sourcils de bord de nid d’hirondelle
Ma femme aux tempes d’ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
M femme aux poignets d’allumette
Ma femme aux doigts de hasard et d’as de cœur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit  de la Saint Jean
De troène et de nids de scalares
Aux bras d’écume de mer et d’écluse
Et de mélange du blé et du moulin
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d’horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d’initiales
Aux pieds de trousseaux de clefs aux pieds de calfats qui boivent
Ma femme au cou d’orge imperlé
Ma femme à la gorge de val d’or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux sens de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
Ma femme au ventre de dépliement d’éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d’oiseau qui fuit vertical  
Au dos de vif argent

Au dos de lumière
A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d’un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc  De balance insensible
Ma femme aux fesses de grès et d’amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul
Ma femme au sexe de placer et d’ornithorynque
Ma femme au sexe d’algue et de bonbons anciens
Ma femme au sexe de miroir
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d’aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d’eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
Aux yeux de niveau d’eau de niveau d’air de terre et de feu

André Breton , 1931 .
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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 17:54

Longtemps, enfant, puis adolescent, j'avais ce poème en tête dû à la superbe diction d'un Philippe Clay au meilleur de sa forme...

Adulte , ce poème revenait de temps en temps en litanie dans ma tête ; on s'évade tous, un jour ou l'autre d'une prison singulière...

c'est avec plaisir que je le mets enfin ici, avec la belle diction de P. Clay / cliquez sur la vignette / 

 Boris vian - philippe Clay

Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie

Il respirait l'odeur des arbres
Il respirait de tout son corps
La lumière l'accompagnait
Et lui faisait danser son ombre

Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil

Les canons d'acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l'eau

Il y a plongé son visage
Il riait de joie il a bu
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il s'est relevé pour sauter

Pourvu qu'ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L'a foudroyé sur l'autre rive
Le sang et l'eau se sont mêlés

Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil

Le temps de rire aux assassins
Le temps d'atteindre l'autre rive
Le temps de courir vers la femme.
Juste le temps de vivre.

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 20:58



Dino Campana était un poète
qu’aimait particulièrement Raymond Carver.
Les chants orphiques sont parus en Août 1914.


La baie vitrée

Le soir fumeux d’été
De la haute baie vitrée verse des lueurs dans l’ombre
Et dans le cœur me laisse une brûlure scellée.
Mais qui a (sur la terrasse sur le fleuve s’allume une lampe) qui a
A la petite Madone du Pont qui c’est qui c’est qui a allumé la
Lampe ? – y’a
Dans la chambre une odeur de putridité : y’a
Dans la chambre une plaie rouge languissante.
Les étoiles sont des boutons de nacre et le soir se vêt de velours :
Et tremble le soir fat : il est fat le soir et il tremble mais y’a
Dans le cœur du soir y’a,
Toujours une plaie rouge languissante.

 

L’invetriata

La sera fumosa d’estate
Dall’alta invetriata mesce chiarori nell’ombra
E mi lascia nel cuore un sugello ardente.
Ma chi ha (sul terrazzo sul fiume si accende una lampada) chi ha
A la Madonnina del Ponte chi è chi è che ha acceso la lampada ?
-c’è
Nella stanza un odor di putredine : c’è
Nella stanza una piaga rossa languente.
Le stelle sono bottoni di madreperla e la sera e tremola ma c’è
Nel cuore della sera c’è,
Sempre una piaga rossa languente.




«  Urgence de contenus jaillis en éclairs dans la nuit irréfrénable ; énergique volonté et volupté de nomade, de tramp, qui connaissait Whitman et Rimbaud et vivait sa poésie comme acte indifférencié de nature à la fois esthétique et volontariste, morale ; song of himself, saison en enfer. » « Sa poésie est une poésie en fuite, qui se défait toujours au moment de conclure. »

Eugenio Montale
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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 07:24

 

 

Ariettes oubliées

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre est sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure .
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peineverlaine

(je n'ai pas dit la troisième strophe que j'aime beaucoup moins... Que le grand Verlaine me pardonne !)

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 10:26

 

 

Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde champêtre
mon escargot d’opale
 mon moustique d’air
mon édredon de paradisiers
 ma chevelure d’écume noire
mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges
mon île volante mon raisin de turquoise
ma collision d’autos folles et prudentes ma plate-bande sauvage
mon pistil de pissenlit projeté dans mon œil
mon oignon de tulipe dans le cerveau
ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards
ma cassette de soleil mon fruit de volcan
mon rire d’étang caché où vont se noyer les prophètes distraits
mon inondation de cassis mon papillon de morille
ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le printemps
mon revolver de corail dont la bouche m’attire comme l’œil d’un puits
scintillant
glacé comme le miroir où tu contemples la fuite des oiseaux mouches de ton regard
perdu dans une exposition de blanc encadrée de momies
je t’aime

 

Benjamin Peret

benjamin-peret(in "Je sublime", 1936)

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 11:11

 

Cendrars

 

DICTION : Cendrars Cendrars

 


Tout le monde est sur le pont
Nous sommes au milieu des montagnes
Un phare s'éteint
On cherche le Pain de Sucre partout et dix personnes le découvrent à la fois dans cent directions différentes tant ces montagnes se ressemblent dans leur piriformité
M. Lopart me montre une montagne qui se profile sur le ciel comme un cadavre étendu et dont la silhouette ressemble beaucoup à celle de Napoléon sur son lit de mort
Je trouve qu'elle ressemble plutôt à Wagner un Richard Wagner bouffi d'orgueil ou envahi par la graisse
Rio est maintenant tout près et l'on distingue les maisons sur la plage
Les officiers comparent ce panorama à celui de la Corne d'Or
D'autres racontent la révolte des forts
D'autres regrettent unanimement la construction d'un grand hôtel moderne haut et carré qui défigure la baie (il est très beau)
D'autres encore protestent véhémentement contre l'abrasage d'une montagne
Penché sur le bastingage tribord je contemple
La végétation tropicale d'un îlot abandonné
Le grand soleil qui creuse la grande végétation
Une petite barque montée par trois pêcheurs
Ces hommes aux mouvements lents et méthodiques
Qui travaillent
Qui pèchent
Qui attrapent du poisson
Qui ne nous regardent même pas
Tout à leur métier

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 16:00

    Jacques Dupin vient de nous quitter il y a quelques jours, à l'âge de 85 ans. Ami de Char, et grand connaisseur de Miro et de divers autres artistes de l'époque (Giacometti, Tàpies...), il n'écrivit que de la poésie et divers essais sur l'art contemporain. Son oeuvre assez atypique est à mettre au même niveau que Char ou que Bonnefoy.Il travailla aussi à la fondation Maeght (dont je rêvais lorsque j'étais jeune d'y travailler) et y organisa en 1977 une rétrospective de l'oeuvre peinte de mon poète préféré Henri Michaux.

 

 

  Jacques-Dupin

 

 

 

Une forêt nous précède

et nous tient lieu de corps

 

et modifie les figures et dresse

la grille

d'un supplice spacieux

 

où l'on se regarde mourir

avec des forces inépuisables

 

mourir revenir

à la pensée de son reflux compact

 

comme s'écrit l'effraction, le soleil

toujours au coeur et à l'orée

de grands arbres transparents

 

 

Jacques Dupin ( in "l'embrasure", 1969)

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 15:23

Il y a environ un mois, c'était mon anniversaire, on m'a envoyé ce joli petit poème de Ted Kooser, l'ami de Jim Harrison

j'ai essayé de le traduire au mieux...

si vous jugez autrement me le dire svp :)

 

 Ted-kooser

 

A Birthday Poem

Just past dawn, the sun stands


with its heavy red head


in a black stanchion of trees,


waiting for someone to come


with his bucket


for the foamy white light,


and then a long day in the pasture.


I too spend my days grazing,


feasting on every green moment


till darkness calls,


and with the others


I walk away into the night,


swinging the little tin bell


of my name.

 

L'aube à peine passée, le soleil se tient debout

avec sa lourde tête rouge

dans un chandelier noir d'arbres,

attendant que quelqu'un vienne

avec son seau

pour la lumière blanche spumeuse,

et ensuite un long jour dans le pâturage.

Je passe également mes journées paissant,

festoyant à chaque moment vert

jusqu'aux appels de l’obscurité,

et avec les autres

Je m'éloigne dans la nuit,

balançant la petite cloche d'étain

à mon nom.

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 13:09

PREVERT

 

La fermeture éclair a glissé sur tes reins

Et tout l'orage heureux de ton coprs amoureux

Au beau milieu de l'ombre

A éclaté soudain

Et ta robe en tombant sur le parquet ciré

N'a pas fait plus de bruit

Qu'une écorce d'orange tombant sur le tapis

Mais sous nos pieds

Ses petits boutons de nacre craquaient comme des pépins

Sanguine

Joli fruit

La pointe de ton sein

A tracé une nouvelle ligne de chance

dans le creux de ma main

Sanguine

Joli fruit

Soleil de nuit

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 20:05

Mettez-vous dans l’amour Louis-Scutenaire

 

Les jambes nues très haut

La grandeur folie des yeux

Au fond de la gorge ce peu de voix

Pour des bas noirs bon gré mal gré

Les bras nus jusqu’au milieu des épaules nues et les aisselles nues

Au bord des seins

Entrave d’ivoire de la robe pour le corps plus haut et plus bas que les hanches et les hanches nues

La jupe

A peine la courbe des genoux ou les genoux droits

Pliés pour unir la plénitude des jambes aux cuisses élargies

Au palais la fraîcheur des cuisses et leur forme

La saveur

L’odeur

Les gouttes de la pluie sur le manteau et sur les cheveux

Les cheveux

Les rides aux commissures d’une lèvre ont détruit le regret

La courbe du sexe de la femme définie par le maillot noir très juste

Les souliers à l’extrême découpé

La perfection de la jupe au-delà des chaussettes blanches roulées

La jupe

Et les jambes nues très haut

 

Ce sont les serrures du bruit que les yeux viennent fermer

 

Louis Scutenaire

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 19:43

 

Marilyn-livre-poèmes

(très beau livre, très intéressant et une très belle préface d'Antonio Tabucchi)

 

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UN EXTRAIT des dons d'écriture de Marilyn :

 

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Papier à en-tête du Waldorf-Astoria (premier feuillet) 1955

(traduction Tiphaine Samoyault)

 

Arbres tristes et doux – je vous souhaite – le repos mais vous devez rester sur vos gardes.

 

C’était quoi maintenant – il y a un instant – qui était important et maintenant a fui – comme le mouvement rapide d’un instant passé – peut-être  que je me souviendrai parce que ça faisait comme si ça allait devenir mien.

 

Tant et tant de lumières dans les ténèbres transformant les immeubles en squelette et la vie dans les rues.

A quoi pensais-je hier dans les rues ? ça semble si loin, si ancien et la lune si pleine et sombre. C’est mieux qu’on m’ait dit quand j’étais enfant ce qu’elle était sinon je ne pourrais pas la comprendre maintenant.

Bruits d’impatience des chauffeurs de taxi toujours conduisant qui ils doivent conduire – rues chaudes, poussiéreuses, verglacées pour pouvoir manger et peut-être épargner pour les vacances, pendant lesquelles ils conduisent leurs femmes à travers tout le pays pour visiter leurs familles à elles. Ensuite le fleuve – la partie faite de pepsi cola – le parc – dieu soit loué pour le parc.

Mais je ne cherche pas à voir ces choses

Je cherche mon amant.

C’est bien qu’on m’ait dit ce qu’était la lune quand j’étais enfant.

 

Le fleuve silencieux s’agite et remue dès que quelque chose passe dessus, le vent, la pluie, les gros bateaux. J’adore le fleuve – jamais affecté par quoi que ce soit.

C’est calme maintenant et le silence est seul exceptés le grondement de tonnerre des choses inconnues et au loin des coups de tambour très présents, et sauf des cris perçants et le murmure des choses, et les bruits aigus et soudain étouffés en gémissements au-delà de la tristesse – terreur au-delà de la peur. Le cri des choses, vague et trop jeune pour être connu.

Les sanglots de la vie même.

 

Tu dois souffrir – de la perte de ton or sombre quand ta couverture de feuilles déjà mortes te quitte

Fort et nu tu dois être – vivant quand tu regardes la mort droit devant penché sous le vent

 

Et porter la souffrance et la joie du nouveau dans tes membres.

 

Solitude – sois calme. 

 

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marilyn

 

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Un hommage de ma part

Pour les 50 ans de la mort de cette femme malheureuse

et dépressive

(et bougrement humaine)

que j'ai toujours follement aimé / 

A celle qui cherchait avec douleur à être « a true actress »

A celle qui n’a jamais connu son père, qui a vu sa grand-mère et sa mère sombrer dans la folie

Qui ne sera quasiment jamais avec sa mère, élevée par d’autres et sera mise en orphelinat dès l’âge de 9 ans -

(épousa dès 16 ans un homme pour quitter l'orphelinat)

Qui fit de nombreuses fausse couches et ne tomba jamais sur l’homme honnête, celui qui aurait pu être un père pour elle, un amant, un mari, un père pour ses enfants

(sauf sans doute le second mari Di Maggio qui fut celui qui la sortit de l’unité psychiatrique après 5 jours infernaux et aussi le seul à son enterrement)

 

L’image sexuelle qu’elle donnait était pour elle le seul moyen « d’exister », sa quête identitaire ; exister c’est autre chose, n’est-ce pas ? Obligée de jouer un rôle dans sa vie de tous les jours alors qu’elle ne souhaitait que du bonheur simple, obligée de mettre son corps en avant alors que son âme écrivait des plaintes poétiques

 

Lee Strasberg, professeur de théâtre, fut le premier à imaginer une autre carrière pour Marilyn, puis Paula sa femme s’y mit aussi (sans doute avec des idées maladroites derrière : ils furent d’ailleurs les héritiers de Marilyn) : faire tomber les masques, rechercher et trouver enfin une famille

 

Avec Arthur Miller, l’ « intellectuel», elle crut enfin y voir une marque de reconnaissance, autre chose, mais A.M. la trahit comme tous les autres, y compris Montand, y compris J.F. Kennedy pour lequel elle ne fut sans doute qu’une starlette de plus à son palmarès…

 

Son dernier film « Misfits » est cependant un chef d’œuvre (pourtant il sera mal accueilli par la critique), dernier film aussi pour Clark Gable mort quelques mois après (on lui reprocha véhémentement de l’avoir « fatigué ») ; scénario sans doute trop intimiste car écrit par A. Miller, le personnage de Roselyne dans le film EST celui de Marilyn : une femme triste et désoeuvrée, aux réactions parfois incohérentes, en perpétuelle quête identitaire…

 

A bout de souffle elle se réfugiera dans l’alcool, les drogues - somnifères et amphétamines - et la psychanalyse ; Ralph Greenson y pratiqua des labours intensifs sans résultats probants (il abandonnera la psychanalyse d’ailleurs après la mort de l’actrice)

 

Seule ! (et oui cela parait incroyable) dans  sa maison vide, très dénudée, elle sombre encore plus dans l'alcoolisme et la dépression ; ivre aux Golden Globe où elle reçoit une récompense, tous ses amis s’éloignent d’elle ; les gens de la Fox aussi qui payaient royalement Elisabeth Taylor et d’autres, alors que Marilyn avait un cachet de misère…

 

Le jour de sa mort accidentelle (vraisemblablement), bien sans doute que les idées suicidaires aient toujours été présentes, Ralph Greenson ne la sent pas bien et demande à une gouvernante de rester avec elle, mais cette dernière est comme tout le monde : inattentive…

 

Marilyn, la dépressive, la paumée, la malheureuse, celle qui rêvait de bonheur simple et de jouer de vrais rôles d’actrice, meurt à 36 ans dans son lit, seule encore ivre et droguée, abrutie…

et abandonnée de tous

je t'embrasse Marilyn et te prends la main...

 

marilyn-monroe--le-mythe-en-images

 

 

 

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 09:50

  Roberto Juarroz est un grand de la poésie sud-américaine. Décédé en 1995, tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un poète d’exception.
Toute sa vie il a publié des recueils de poésie avec le même nom « Poésie verticale », de même les petits poèmes ne portent pas de titre, juste des numéros. C’est une œuvre unique et singulière.
La verticalité est d’abord une chute, chute des corps nous dit Roger Munier.

J’ai manqué tout ou presque tout/ sauf le centre
. Nous dit le poète argentin.



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D’abord,
Peindre des portraits sans modèle.

Ensuite,
Peindre des autoportraits sans modèle.

Peut-être qu’alors on pourra
Peindre le néant sur modèle.  (VI, 79)

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la solitude m’appelle par tous les noms
sauf par le mien.

la solitude m’appelle aussi parfois par ton nom.

Mais il est d’autres fois
Où la solitude m’appelle par son propre nom.

Peut-être un jour
Pourrai-je appeler la solitude par mon nom.
Sûrement, alors,
Il lui faudra me répondre.  (VI, 82)

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 17:31

Le poète

et la roue des questions

A-t-il failli lui aussi ?

Il s’est battu

tant que le monde avait une assise

et le berger une étoile

Il a hurlé avec les fous

et arboré le sourire de l’éveillé

Il a tendu la main

jusqu’à ce qu’on la lui coupe

De sa marge

il observe maintenant les broyeurs

succédant aux broyeurs

Jusqu’à quand ?

 

Abdellatif Laâbi (in "Zones de turbulence", 2012, éditions de la différence)

 

Laabi

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 16:12

George-Oppen

 

D’ETRE EN MULTITUDE (1968)

(traduction Yves di Manno)

(Of Being Numerous)  

---------------

George Oppen 1908-1984, un des pères du fugace courant "objectiviste", victime longtemps du maccarthysme, dut s'exiler au Mexique ; après 25 ans de silence , il se remit à écrire... Et nous livra ce splendide "Of Being Numerous", long poème atypique qui allait influencer quantités de jeunes poètes, il eut le prix Pulitzer pour cette oeuvre... En voici un extrait :

 

 

 

27

 

Difficile à présent de parler poésie ----

 

concernant ceux qui ont admis l’étendue du choix ou ceux qui ont vécu la vie à laquelle leur naissance les destinait ---. Ce n’est pas véritablement une affaire de profondeur, mais d’un autre ordre d’expérience. On doit pouvoir dire ce qui se passe dans une vie, quels choix se sont offerts, ce que représente le monde à nos yeux, ce qui advient en temps voulu, quelle pensée imprègne le cours d’une vie et par conséquent ce qu’est l’art, et l’isolement des choses concrètes

 

Je voudrais parler des pièces et de leurs perspectives, des sous-sols et des murs grossiers portant encore la marque du coffrage, les vieilles traces du bois dans le béton, toute la solitude que nous savons ---

 

et des sols balayés. Quelqu’un, un ouvrier supportant, éprouvant cette dénomination précise comme une paternité honteuse a balayé ce sol solitaire, ce sol profondément caché --- toute la solitude que nous savons.

 

Il ne faut pas croire que l’on ait tant de fils à sa disposition,

Et c’est parfois l’unicité qu’il faut voir ;

Là est le niveau de l’art

Il existe d’autres niveaux

Mais pas d’autre niveau pour l’art


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