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"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
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"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

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Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

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" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
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" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
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-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 18:27

Coande-Nicolae

 

il n'a jamais publié en français ;

il m'envoie quelques poèmes traduits en français par Linda Maria Baros (prix Apollinaire) ;

je lui ai demandé en roumain aussi car il est important de les avoir dans leur véritable langue...


 

longue vie poétique à lui ! un mini "cv" pour mieux le connaitre...

suivent trois poèmes, j'en mettrai d'autres plus tard...

leur légèreté et leur construction me plaisent...

 



 

Nicolae Coande
 
Né le 23 septembre 1962, à Osica de Sus (Olt), en Roumanie, il a étudié l’histoire, la philosophie, la géographie et la sociologie à l’Université de Craiova. Pendant cinq ans, il a été publiciste-commentateur au quotidien „Cuvântul Libertatii” (le Mot de la Liberté) du Craiova, où il avait surtout en charge la page culturelle LAMA (Litterature, Art, Mentalités, Atitudes), en parallèle avec l’activité à la revue “Kalende”. Depuis 1996, il est membre de l’Union des Écrivains de Roumanie, la succursale de Craiova. Présentement, il travaille au Théâtre National “Marin Sorescu” de Craiova, comme chargé de littérature.


Bibliographie :
 
Livres:

Poésie:

“În margine”, Éd. „Ramuri, 1995
“Fincler”, Éd. „Ramuri, 1997
“Fund_tura Homer”, Éd. „Dacia”, 2002
“Folfa”, Éd. „Vinea”, 2003
“Vînt, tutun _i alcool”, Éd. Brumar, 2008
“Femeia despre care scriu”, Éd M_iastra, 2010

Il est présent avec sa poésie dans l’antologie „Gefährliche Serpentinen – Rumänische Lyrik der Gegenwart”, Druckhaus Verlag, Berlin 1998, coordonnée par Dieter Schlesak.
 
Journal de voyage:

“Fereastra din acoperi_”, Éd „Funda_ia Scrisul Românesc”, 2005;

 Interviews:

“Cel_lalt cap_t” , Éd. Curtea Veche, 2006.
 

Bourses:
Boursier de la Fondation „Heinrich Böll” (Köln), novembre 2003 - mars 2004;
Schöppingen, Münsterland, 2008
 
Prix littéraires
- Le prix pour poésie de la revue “Ramuri” (1988)
- Prix de début de l’Union des Écrivains (1995) pour le volume „În margine” (À la frontière), Éd. Ramuri, Craiova
- Le prix de l’Association des Écrivains Craiova (1997) pour le volume „Fincler”, Éd. Ramuri, Craiova
- Le prix de l’ l’Union des Ecrivains de Roumanie (2002) pour le volume „Fund_tura Homer” (Homer, le cul-de-sac), Éd. Dacia
- Le prix „Petre Pandrea” (2004) de la revue „Mozaicul” (Craiova) Octobre 2006

 


 

À la lisière
 
Son absence a de belles jambes. Ces mains mêmes –
qui la décrivent – n’existent pas.
Je me souviens d’elle comme d’un vieux métier : serait-ce
le sou que j’ai donné
au passeur morose ?
Un esprit erre à travers mes pensées, obscur – talita cumi.
Mais je ne peux pas – je ne suis pas Moi.

La frontier_ (I)
Absen_a ei cu picioare frumoase. Chiar aceste mîini
care o descriu – nu exist_.
Îmi amintesc de ea ca de o veche meserie: s_ fie
b_nu_ul pe care l-am dat
vîsla_ului ursuz?   
Obscur un duh îmi umbl_ prin minte – Talita cumi.
Dar nu pot – eu nu sunt Eu.

 

 


 

 

Ma prétention discrète


 
Je vis pour rien je n’aime rien –
un jour je mourrai la cervelle desséchée
dans le silence qui descend sur les choses simples ma voix éteinte
(ma prétention discrète d’être aimé)
sera le cri de la bête blessée
le parfum désuet du thé dans lequel flottent les planètes amères
la dernière illusion d’un style séduisant
ce que j’ai aimé comme un aveugle avec les doigts
quelque chose que Dieu ne voulait pas que je voie
dans un recoin de mon cerveau là où la volonté et le délire
décident malheureusement du sort des autres
j’ai eu le courage de rire jusqu’au bout
j’ai aimé bu écris (pas de pitié pour ceux qui écrivent).
Tu ne peux jamais savoir où se trouve en fait ta vie.


 

Preten ia mea discret



N-am nici un scop în via nu mai iubesc nimic
cîndva voi muri cu creierul sec_tuit
în t_cerea care se las_ peste lucrurile simple vocea mea stins
(preten_ia mea discret_ de a fi iubit)
va fi urletul fiarei r_nite
parfumul desuet al ceaiului în care plutesc planetele amare
o ultim_ iluzie a stilului seduc_tor
ceea ce am iubit ca orbul cu degetele
ceva ce Dumnezeu nu a dorit ca eu s_ v_d
într-o camer_ a min_ii unde voin_a _i delirul
fac din nefericire soarta _i voca_ia celorlal_i
eu am avut curajul s_ rîd pîn_ la cap_t
am iubit am b_ut am scris (nici o mil_ pentru cei care scriu).
Nu po_i s_ _tii niciodat_ unde este cu adev_rat via_a ta.

 

 


 

 

À ce moment précis de ma vie


 
J’ai failli pleurer ma jeunesse passée et les autres dons de la vie
si je ne l’ai pas fait
c’est parce que j’ai regardé attentivement la manière dont les autres vieillissaient
les larmes ont failli inonder mes yeux
à ce moment précis de ma vie – mais en fait le démon du rire
m’a donné un coup de coude
mais en fait l’insouciance la vieille indifférence
ont posé ma main sur mes lèvres
ceux qui m’auraient vu et je suis sûr qu’il y en a eu quelques-uns
m’auraient tiré du drame de cette vie
et le voilà mon drame : j’ai ri amèrement parmi les modernes et après eux
et ce rire – vous ne pouvez pas le savoir – me tient en vie
parmi les vivants.
Si maintenant j’écris toutes ces choses pour ceux qui sont déjà morts, je le fais
avec la même main détachée de mes lèvres.


 
Într un moment al vie ii mele



Cît pe ce s_ plîng dup_ tinere_ea dus_ _i celelalte daruri
dac_ n-am f_cut-o
e pentru c_ am fost atent la felul în care îmb_trînesc
ceilal_i
cît pe ce s_-mi scalde lacrimile ochii
într-un moment al vie_ii mele – cînd colo demonul rîsului
îmi d_du coate
cînd colo nep_sarea vechea indiferen__
îmi duser_ mîna la gur_
cine m-ar fi v_zut _i e sigur c_ m-au v_zut cî_iva
m-ar fi scos din drama _stei vie_i
_i asta era drama mea: am râs amar printre moderni _i dup_
_i rîsul _sta – nu pute_i s_ _ti_i – m_ _ine-n via__
printre vii.
Dac_ acum scriu toate astea pentru mor_i le scriu
cu-aceea_i mîn_ dus_ de la gur_.

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 06:13

Nous finirons l'année par un poète exceptionnel

qui malgré son apparent minimalisme

et "ses mots faciles"

nous offre des horizons et des images

inouïs d'infini et de beauté...

en outre j'aime beaucoup ce poème...

bonne année 2011

! French Peter Pan !

 

 

prevert

 

Voyages


Moi aussi
Comme les peintres
J’ai mes modèles
Un jour
Et c’est déjà hier
Sur la plate-forme de l’autobus
Je regardais les femmes
Qui descendaient la rue d’Amsterdam
Soudain à travers la vitre du bus
J’en découvris une
Que je n’avais pas vue monter
Assise et seule elle semblait sourire
A l’instant même elle me plut énormément
Mais au même instant
Je m’aperçus que c’était la mienne
J’étais content.


(Jacques Prévert)

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 20:48

   Samedi dernier j'ai été assisté à une conférence très intéressante à propos de la traduction poétique, l'invité principal était Yves Bonnefoy, mais les 3 autres orateurs étaient eux mêmes des gens connus et brillants : Jean-Yves Masson, Louis Martinez et Michaël Edwards.

 

    La conférence que j'ai enregistrée était fort intéressante, nous en reparlerons plus tard peut être, histoire de temps essentiellement... J'en manque de plus en plus cruellement...

 

   Yves Bonnefoy a terminé en lisant des poèmes de Leopardi et de Yeats traduits pas ses soins, un bien bel après-midi...Nous étions bien 200 dans l'hémicycle à boire les paroles des poètes et des traducteurs. Je n'ai pas osé poser de questions, pourtant j'aurais bien parlé d'Armand Robin (que j'admire) et dont Elsa Triolet disait qu'il traduisait "trop bien" Maïakovsky...

 

bonnefoy Yves

 

-----------------------------------------------------------

 

Donc, simplement ce mot pour rappeler qu'Yves Bonnefoy est sans doute un des tous meilleurs, un des plus grands poètes actuels contemporains, son érudition est exceptionnelle, ses dons de traducteurs fascinants, sa rigueur de poète impressionne, il est tourangeau comme moi et nous avons tous deux connu le même lycée Descartes de Tours.

J'ai été lui serrer la pogne à la fin, j'étais ému comme un petit écolier...

On pourrait laisser ici des centaines de poèmes complets, je vous laisse juste celui-ci que j'aime pas sa simplicité :

 

--------------------------------------------------

 

ici, toujours ici

 


 

Ici, dans le lieu clair. Ce n'est plus l'aube,

C'est déjà la journée aux dicibles désirs.

Des mirages d'un chant dans ton rêve il ne reste

Que ce scintillement de pierres à venir.

 

Ici, et jusqu'au soir. La rose d'ombres

Tournera sur les murs. La rose d'heures

Défleurira sans bruit. Les dalles claires

Mèneront à leur gré ces pas épris du jour.

 

Ici, toujours ici. Pierres sur pierres

Ont bâti le pays dit par le souvenir.

A peine si le bruit de fruits simples qui tombent

Enfièvre encore en toi le temps qui va guérir.

 

(in Hier régnant désert, 1958)

 

Yves-Bonnefoy-nov2010

photographie frenchpeterpan nov 2010

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 10:27

encore un beau texte du poète des poésies verticales !

 

ici : mis en musique "électro-poétique" par mon ami Nicolas Judéléwicz

 ECOUTEZ ICI

 

Vous pouvez aller voir sur son site : bretzel lab


et en cliquant sur "performance" vous pouvez réentendre tout ce qu'il a fait avec ses deux amies comédiennes sur les poèmes du poète argentin... (vidéos et poésies sonores)


 

roberto-juarroz






Aujourd'hui je n'ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n'existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leur corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l'équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi
pèse sur le plateau vide de la balance.

Hoy no he hechonada.
Pero muchas cosas se hicieron en mi
Pajaros que no existen
encontraron su nido.
Sombras que tal vez existan
hallaron sus cuerpos.
Palabras que existen recobraron su silencio
No hacer nada salva a veces el equilibrio del mundo,
al lograr que también algo pese en el platillo vacio de la balanza.

 


Roberto Juarroz (extrait : XIIIième Poesie Verticale)








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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 10:28
Sans doute un des premiers poètes a avoir fait un enregistrement de lui-meme en train de lire un de ses propres poèmes... en 1892 ! (4 vers de "America"...)
c'est ici : 
Whitman
  
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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 02:18



Une photo de little boy
La bombe à Uranium 235

beau nom "petit garçon"
et l'autre colonel-là qui donne à son B29 le nom de sa mère "Enola Gay"
; c'est touchant ; il y a de la tendresse dans ces mots-là
les militaires sont - après tout - des gens comme les autres

Elle a explosé au jour près
Il y a 64 ans

Hiroshima devint ainsi un nom universel

Le nom de ce qu’il y a de plus innommable

140 000 morts dit-on
sur 255 000 présents

4000°C au sol
aucun bâtiment debout sur 30 Km2

mais en tout cas sur cette ville
certains survécurent ( !)
leur peau partait comme un vêtement trop grand tombant sur les chevilles, parait-il
des civils
que des civils, 250 000
des chéloïdes comme signatures, cicatrices douloureuses et perpétuelles
des hommes et femmes qui se noyaient dans les  sept rivières car assoiffés
des crânes ouverts des yeux qui pendaient

Il eût été bon qu’Obama
Aille se recueillir ce jour au Japon
Comme il y fut convié
Mais comme Truman, sans doute, il a oublié ce peuple

Nous coexistons sur Terre ? n’est-ce pas ? nous autres, pauvres humains


Tôge Sankichi mourut à 36 ans
Irradié 8 ans plus tôt
Il était à 3 Km à l’est du point d’impact

Il laisse de très émouvants poèmes
« Poèmes de la bombe atomique »
écrits entre mai 1949 et avril 1951
en français : éditions Laurence Teper, 2008

pour une fois je ne recopierai pas un poème ici
c’est à vous d’acheter ou de feuilleter de parcourir
ces assemblages écrits sur les silhouettes carbonisées et les entrailles fondues

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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 06:55

Encore Harold Pinter, poème étonnant que j'apprécie particulièrement.

 

 

Hampstead Heath

 


Couché sur l'herbe, je couche

ce moment plein d'éclairs

voix arrachée

aux limites du gazon.

 

Pierre dans l'utérus du fruit

monde sous l'herbe

solitaire sous solitaire.

 

Vers suggérés que mon corps

consomme, dans le graphique du jour.

Observe la fourmi brune

dans sa jungle de lames.

 

Je suis la défaillance de mon élève, rejette

hors de proportion la fourmi,

réduis l'activité de la graine

en cette minute abrupte.

 

Sous la mouche transparente

un insecte équation chevauche

le mince verre du mot,

pour instruire le vide.

 

Astuces extérieures : le cliquetis

du buisson ; le négoce oblong

du bruit ; la posture de ces

hautes branches.

(1951)

Harold Pinter / autres voix / prose, poésie, politique 1948-1998 ; BUCHET/CHASTEL , 2001

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 19:23

Le Tribunal,


Attendu que l'erreur du poëte, dans le but qu'il voulait atteindre et dans la route qu'il a suivie, quelque effort de style qu'il ait pu faire, quel que soit le blâme qui précède ou qui suit ses peintures, ne saurait détruire l'effet funeste des tableaux qu'il présente au lecteur, et qui, dans les pièces incriminées, conduisent nécessairement à l'excitation des sens par un réalisme grossier et offensant pour la pudeur...


Condamne Baudelaire à 300 francs d'amende...


Ordonne la suppression des pièces portant les numéros 20, 30, 39, 80, 81 et 87 du recueil ;


Condamne Baudelaire, Poulet-Malassis et de Boise solidairement aux frais liquidés à dix-sept francs, 35 centimes, plus 3 francs pour droit de poste. Et non compris les frais de signification du présent jugement à Poulet-Malassis, ni les frais de capture s'il y a lieu ;


Fixe à une année la durée de contrainte par corps qui pourra être exercée contre Baudelaire.

 

Au Palais de Justice, le jeudi vingt août 1857.

 

baudelaire nadarAh ! Nadar ! Sacré photographe ! mais le modèle aide, n'est-ce pas ?

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 03:55
Je suis pâturé d’un horizon d’humides dents


Un effort gonflé d’eau vogue de gorge en gorge ;
En roulement des flots, le même que des yeux
En battement des eaux, le même que des cœurs,
Passe, à jamais fragile, le grand songe,
Du plus humble, du plus dédaigné des travailleurs ;
Et le hasard humain vacille de rive en rive.

Rien n’aura fait de bruit, la force aura passé,
Apre et douce, arrachant aux rives leurs caresses.
Alentour, le pays stagnait, dru de midi,
Ignorant que sa force et sa beauté voguaient.

J’ai fini, je descends la terre lentement,
Je m’enfleuve de vase au-delà de la haine,
Dans la lointaine vase se trainent mes derniers bras
Et mon regard roulant, onde morte, recrée
Un grand pays muet, sur son eau refermé.

C’est fini, je descends dans la mort sans un cri,
Couché dans le sommeil des grandes choses vraies.
Tout autour les buissons, les roseaux chanteront
Et la lune, comme un grand cheval dans l’ombre rousse,
Courbe l’automne rouillé des fougères.

Alors déferlera, comme le vent dans les buissons,
De toutes les landes le peuple immense
Et plus rien ne sera que lui.

Sourd au coup de tocsin mortuaire je tomberai.

Il ne me reste plus qu’à crouler
Et dormir front contre terre muettement,
Avec sur moi poussant pendant des milliers d’ans
Ce qui fut mon élan, mon besoin de plant grimpant.

J’aurai pour ma mort de prolétariens étés,
Dans la sueur, dans la balle d’avoine,
Sous les poutres des grandes granges je m’étendrai,
Tenant dans mes mains mon grand travail épuré.


Armand Robin

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 05:14

   En relisant cet excellent livre qu'est "Marelles sur un parvis" de Gabriel Bounoure, le seul livre publié de son vivant, je ne peux m'empêcher - avant de vous parler du livre lui-même - d'évoquer l'excellente préface de Gérard Macé.

 

« La poésie, c’est-à-dire le mystère qui se lit aussi bien sur un visage humain qu’entre les lignes d’un poème. »  Gérard Macé ( in la préface de « Marelles sur le parvis »)

 

g-Macé

 

   Cette préface est d'une grande lucidité - à mon sens - sur la position de la poésie aujourd'hui, G. Macé n'est pas tendre avec les apprentis-poètes parmi lesquels je me classe ; écrire de la poésie est donc à la fois aisé et impossible.

  G. Macé dit aussi (ailleurs que dans cette préface) maintenant que si c'était "à refaire", il aurait fait sans doute autre chose qu'écrire de la poésie. Voyager davantage par exemple, photographier (c'est un excellent photographe) encore plus...

   Il a publié récemment aux éditions Gallimard "Promesse, tour et prestige", son dernier recueil dont il parle dans une émission récente de "ça rime à quoi" de Sophie Nauleau sur France Culture.

 

voici son constat d'échec dans cette préface :

 


   « Quarante ans après, on se dit que l’enthousiasme est bien retombé ; que la poésie contemporaine, par rapport au tableau qu’en faisait Gabriel Bounoure est devenu un paysage désolé, au-dessus duquel flotte, comme un nuage qui ne veut pas crever, l’affreux supplément d’âme. .../... A l’arbitraire et la joliesse de l’image cultivée pour elle-même, à la logorrhée d’inspiration surréaliste se sont ajoutés des mystères faciles et des fureurs fabriquées, des prétentions philosophiques, l’éloge du silence et la glossolalie, l’artifice de mise en pages qui servent souvent de cache-misère, une découpe syntaxique tenant lieu de prosodie, la disparition du chant qui fait de tant de poèmes un dialecte torturé, traduit par des sourds ; sans parler de l’élégie frileuse et du vers libre qui ronronne, nouvelle académie qui rappelle les jeux floraux d’autrefois ou les clubs de haï-ku dans le Japon d’aujourd’hui. Sous respiration artificielle, la poésie est devenue un refuge et un passe-temps, qui vit de subventions, de colloques et d’hommages réciproques, de lectures publiques dans lesquelles Leopardi, des siècles après Martial, voyait « un tourment supplémentaire infligé à l’humanité »... Bref, la poésie est une infante défunte, autour de laquelle on se pavane en attendant sa résurrection.  » Gérard Macé

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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 19:27
« Corps de femme
un instant suspendu
à mes doigts. » René Guy Cadou

RG-Cadou


    René Guy Cadou est mort jeune à 31 ans. Ce fut le poète de l’amitié, de l’amour, de l’enfance…

Jacques Bertin lui consacre un beau film (oct 1999) : « De Louisfert à Rochefort sur Loire » . La version DVD offre en outre un livret de 28 pages très bien fait et 1 CD supplémentaire :
- 10 poèmes dits par Daniel Gélin
- 17 poèmes chantés par divers chanteurs : Robine, Beaucarne (ah ! comme l’interprétation et la mélodie de « Lettre à des amis perdus » de l’ami Julos sont splendides !!!), Bernard, Macho (dont la belle voix évoque celle de Chelon), Caplanne…

Dans ce film les poèmes ou extraits de poèmes sont lus par Michel de Maulne de manière magistrale.

Cadou-Bertin-Breit
Dans ce beau film on apprend :

- qu’il est né en Brière, ce pays tourbeux faits de mortas, ces arbres pourrissants qui datent de la préhistoire
- que ses parents tous deux instituteurs sont laïques, qu’il a les yeux bleus clairs, il est jovial, un aspect de Tintin avec ses pantalons de golf
- à 7 ans il quitte la campagne pour la ville (St Nazaire puis Nantes)
- sa mère meurt, il a 12 ans, il fait l’école buissonnière
- voit que son père écrit : alors ils se parlent
- écrit dès l’âge de 14 ans, fenêtre devant la Loire, la morgue est juste là, son premier recueil s’appellera « Les brancardiers de l’aube ». Il n’a que 17 ans !
- à Nantes un libraire passionné Michel Manoll (mais dont le vrai nom est identique au mien :-) ) l’initie : Jacob, Reverdy…
- a 1 au bac français
- son père meurt, il n’a que 20 ans
- puis ce sont les années de guerre il est instituteur remplaçant dans divers villages du pays basque puis de la Loire inférieure, souffre du froid, de la solitude, le facteur est son seul ami, il attend avec impatience les lettres amies…
- le 20 octobre 1941 il est là pour les « fusillés de Chateaubriand » (dont Guy Mocquet qui n’a que 17 ans), il les verra passer… « Ils sont appuyés contre le ciel ». Puis c’est un hiver noir.

Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont trente appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont plein d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-delà de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit



In Pleine Poitrine, 1946


- Enfin « l’école de Rochefort » est créée : jean Bouhier, jean Rousselot, Michel Manoll, Luc Bérimont ; c’est l’amitié qui joue ; on publie ce qui est rare en ces temps de guerre… On marche de bistrot en bistrot boire la « fillette » de trop, on passe le fleuve, de bras en îles…
- Un unique roman : « la maison d’été »
- Libération de Nantes en Août 44, PCF, recueil « pleine poitrine » l’engagement est là, même s’il est différent de celui d’Aragon ou d’Eluard ; fin de l’école de Rochefort à la libération ; on lui demande de monter à Paris, pour ses œuvres littéraires ça serait mieux, il préfère ses villages, « le bonheur de ne plaire à personne »
- Louisfert en 46 : c’est le bonheur avec Hélène, enfin « l’enracinement », le couple qui commence
- Il écrit de 17h jusqu’à 20 h avec discipline et dans son bureau uniquement avec ses objets, son chien… « ma vie commence à 5 h du soir » disait-il
- Chaque jeudi il part à Nantes faire « la fête » avec Paul Fort (76 ans) et son ami Bouhier, qui a comme lui une trentaine d’années
- Malade dès 46, son cancer le laissera vivre encore 5 ans, il meurt le 20 mars 1951. Il laisse un exceptionnel poème sur ses amis « La soirée de décembre »
- ses amis couvrent son cercueil de primevères, fleurs amassées
dans des paniers de vendanges… primulaofficinalis

Un tel poète peut-il mourir ?

« La soirée de décembre »


Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir
Dans quel coin de ma vie longtemps désaffecté ?
Oh ! je voudrais pouvoir sans bruit vous faire entendre
Ce minutieux mouvement d'herbe de mes mains
Cherchant vos mains parmi l'opaque sous l'eau plate
D'une journée, le long des rives du destin !
Qu'ai-je fait pour vous retenir quand vous étiez
Dans les mornes eaux de ma tristesse, ensablés
Dans ce bief de douceur où rien ne compte plus
Que quelques gouttes d'une pluie très pure comme les larmes ?
Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi
De vous perdre sans cesse dans la foule
O crieurs de journaux intimes seuls prophètes
Seuls amis en ce monde et ailleurs !
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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 17:12
cendrars

Mes toutes premières "premières impressions" d'une autre poésie que celle dont l'école m'avait abreuvé furent sans conteste les poèmes que je lisais de Cendrars vers 13-14 ans et en particulier ce "Au coeur du monde" si étonnant (1924-1929). Un temps où les voyages signifiaient quelque chose et où les pérégrinations en paquebot pouvait durer des semaines sans que quiconque s'en offusque, idem pour les trains ; les voyages prenaient leur temps - "donner aux lieux le temps qu'ils méritent" disait Nicolas Bouvier - ; Cendrars fut un voyageur incroyablement exceptionnel et l'archétype des écrivains-voyageurs : dès 16 ans en Russie, il fera un tour en Chine et en Perse, il verra la révolution de 1905, puis Prague et enfin Paris, il n'a que 20 ans et ce n'est qu'un commencement ; il repartira presque de suite, vivant (mal) de métiers plus extraordinaires les uns que les autres. Il écrira dans la plus grande misère à 25 ans un long poème en prose resté célèbre : "Les Pâques à New York".

Et puis il y a dans cette poésie-là une prose semblant tellement simple, tellement "simplifiée" qu'on se dit : "ah, bon ! La poésie c'est aussi "cela" ? Tellement que certains minimisent aujourd'hui l'importance d'un écrivain comme Cendrars ; ils se trompent ; c'était quelqu'un en dehors de toute contrainte, en dehors de tout mouvement, contre tous les "ismes" disait-il fort à la mode à l'époque (encore qu'il fut un temps "simultanéiste").
"Je dénonce les bûcheurs et les arrivistes. Il n'y a pas d'écoles. .../... Trouvera-t-on un isme nouveau pour désigner la beauté nouvelle ? "
Et cependant il possède un style nouveau, neuf, novateur ; Malraux qui le considérait comme un des plus grands poètes contemporains disait de lui qu'il était "distraitement reconnu".
Cendrars laisse toute une oeuvre riche et incroyablement variée d'une "ampleur insoupçonnée".

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Tu es plus belle que le ciel et la mer

Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

Il y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre
Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends
Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t-en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe Le l'oeil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t'aime

Blaise Cendrars (in "feuilles de route", 1924)


Louis parrot disait de B. Cendrars qu'il avait une "puissance d'évocation qui fait de cet écrivain un grand peintre."

Rem : texte plutôt bien dit par Bernard Lavilliers dans un de ses disques.
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 19:22


    Malcolm Lowry était un formidable écrivain, perdu dans l'écriture et l'alcool, bars et abîmes... de cette vie qui n'en finissait pas, cette dépression chronique ... S'il fut un très grand prosateur ("au-dessous du volcan" entre autres), il fut un poète qui me plut. D'une certaine manière je me sens proche de ce poète-là.

Pour l’amour de mourir

Les tourments de l’enfer sont implacables, vifs
Sont les feux de l’enfer ; et pourtant les vautours
S’arc-boutant contre l’air pour virer sur leur aile
Sont plus beaux que le vol plané de ces mouettes
Abandonnées au vent dans la fraicheur du jour
Plus beaux que les ventilateurs dans les asiles
Qui par leur soyeux va-et-vient
Tissent à l’espoir un destin ;
Et jamais l’espoir n’a lancé
Sa gageure aussi haut que l’illusion vitale
Qui chevauche le vol du vautour. Si la mort
Peut voler pour l’amour de voler, est-il rien
Que la vie, pour l’amour de mourir, ne pût faire ?


Pensées à effacer de mon destin

Il ne cesse de lire, le poète à venir,
Peut-être justement dans cette anthologie

Révisée (car elle le sera, d’ici dix ans,
Ce qui laisse à notre poète
Tout le temps qu’il faut pour grandir) ;

Bien qu’il ne cesse de lire, il ne comprend toujours pas
Même dans son pays, il se sent « à côté »

Il lit comme s’il écrivait entre les lignes
Lignes d’autrui où il devine
Bien peu de sens ou de folie.

Par rapport au démon de tous ces gens, ses forces
Sont comme le soutier par rapport au marin.

Il lit mais il ne comprend rien

Sauf dans quelque  fragment d’une biographie
Où il est écrit : « se donna la mort ».




Rilke et Yeats

Aidez-moi à écrire,
Montrez-moi les portes
Où sont affichés les ordres.
Et la cage
Où mon courage
Sous le regard de mon âme fascinée
Rugit derrière les grilles.




Pierres blessées

Parfois l’enfant ne sait pas dire son chagrin,
Mais il entend, le soir, les étranges présages
Qui annoncent aux pierres blessées, à même le sol,
Leur libération, où il apprend que les pierres
Cœurs brisés, ont parfois l’éclat dur d’un langage.
Le bruit de la mer rugit au vestiaire
- Et un reproche ; mais cela même est rassurant :
Un reproche de moins entre lui et la mort…
Et là, sur le tapis devant la cheminée,
Il regarde l’enfer et voit son avenir
- Qui sait, peut-être une chambre de chauffe ?-
Pourtant, l’enfant, je pense, a connu des fous-rires
(On dit que de la vie ce sont les seuls remèdes),
Et puis, n’eût-il pas survécu,
Saurait-il que Rimbaud a connu ces chagrins,
Rimbaud dont l’âge d’homme aussi, comme le sien,
Fut déserté d’amour et privé de langage ?

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 15:16
Holderlin



Hälfte des Lebens

Mit gelben Birnen hänget
Und voll mit wilden Rosen
Das Land in den See,
Ihr holden Schwäne,
Und trunken von Küssen
Tunkt ihr das Haupt
Ins heilignüchterne Wasser.

Weh mir, wo nehm' ich, wenn
Es Winter ist, die Blumen, und wo
Den Sonnenschein,
Und Schatten der Erde ?
Die Mauern stehn
Sprachlos und kalt, im Winde
Klirren die Fahnen.

Moitié de la vie (traduction Bernard Pautrat)

Pend avec des poires jaunes,
Toute pleine d'églantines
La campagne dans le lac ;
Et vous, cygnes gracieux
Et enivrés de baisers,
Avez la tête plongée
Dans l'eau, la saintement sobre.

Mais moi, où, malheur ! prendrai-je,
L'hiver venu, les fleurs, et
Où du soleil la clarté
Et des ombres sur la terre ?
Les murs sont là qui se dressent
Sans un mot, froids, dans le vent
Les enseignes font clic clac.


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Une amie allemande est passée ces jours ci et m'a offert ce livre, d'où je tire ce poème. Ce poème est célèbre et elle se souvient d'une interprétation par Bruno Ganz qui l'avait émerveillée, je lui disais alors les dictions de Bouquet pour Michaux, de Pierre Brasseur pour Péret ou de Barrault pour Aragon qui avaient agi de même pour moi ; elle est assez perplexe par contre pour la traduction, et "les enseignes font clic clac" pour terminer ce beau poème ne me convient guère moi aussi ; on en revient au problème perpétuel des traductions, là par exemple on perd la rime intérieure : wilden-holden... entre autres. difficile donc et clairement la chute finale ne me convient pas : plutôt les drapeaux claquent ? Pourquoi "enseigne" ?
si des germanophiles passent par là, je serais intéressé par leurs commentaires.


Holderlin-hymnes

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autre traduction
( de François Garrigue )
(Ed. La Différence)

MOITIE DE LA VIE

Avec poires jaunes pend
Et plein de roses sauvages
Le champ dans le lac,
Vous ,cygnes gracieux,
Et ivres de baisers
Plongez la tête
En l'eau saintement sobre.

Pauvre de moi ,où prendre quand
C'est l'hiver ,les fleurs, et où
Le clair du Soleil
Et les ombres de la Terre ?
Les murs se dressent
Muets et froids ,au vent
Grincent les girouettes.


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             Exposition : F. Hölderlin : présences du poète du 28 janvier 2010 au 01 avril 2010 à Strasbourg. (BNU : Bibliothèque Nationale et Universitaire)

affiche pageHolderlin

    Hölderlin (1770-1843) est de nos jours le poète allemand le plus traduit au monde, en avance sur son temps il fut mal compris à son époque malgré l'aide de Schiller ; il passera la seconde moitié de sa vie dans le monde de la folie (interné de force à 36 ans), heureusement protégé par une famille fraternelle. Redécouvert à l'aube du XX ième siècle, il fut alors reconnu par tous comme un poète essentiel, le plus grand poète lyrique en langue allemande.


"Voudrais-je être une comète ? Je le crois. Parce qu'elles ont la rapidité de l'oiseau, elles fleurissent de feu, et sont, dans leur pureté, pareilles à l'enfant."                                     F. Hölderlin
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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 15:25
- tout simplement, un des plus beaux poèmes de Desnos et l'un des plus beaux poèmes tout court ; il y a dans cette concision et dans cette fluidité tout l'art d'écrire de la bonne poésie -
desnos
J'ai tant rêvé de toi

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?


J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.


J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.


J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

 

 

 

Robert Desnos, "Corps et biens". 1930

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desnos1945
dernière photographie connue de Robert Desnos à la libération du camp de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie. Malgré sa libération, il décèdera peu après, fort affaibli. (le 8 juin 1945)


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