à l’orée mordorée
des aubes
Sans cesse renouvelées artifices ensoleillés
Jupons de couleur :
Le soleil naît
(un autre levant)
Je ferme les yeux et pense aux morts
Je vois et je ne vois pas le monde à naître, sans cesse, il renaît
Sans cesse, l’horizon réapparait
à l’homme perpendiculaire
L’homme distant, qui regarde, stupéfait de cette naissance
Sa verticalité l’oppose, mais c’est son humanité, du moins il le pense
La trouée des lumières donne à l’horizon
un splendide tutu carmin
Je ferme les yeux et pense à ceux que j’ai aimés
à 6 heures, à l’aube rougeoyante, celle des naissances
le serpentin des vents naissants est comme un large navire,
les narines frémissent aux premières senteurs,
l’envie de quitter les rives, de rejoindre là-bas les filles aux yeux sombres,
les paysages inconnus aux fleurs sauvages, d’autres routes
je ferme les yeux et pense à ceux que je ne verrai plus jamais
ils sont ainsi les morts : coincés dans notre mémoire,
ils y sont présents « à vie »
