Mon ami poète roumain, Nicolae Coande, http://ro.wikipedia.org/wiki/Nicolae_Coande, m'envoie quelques poèmes à nouveau, toujours aussi bien écrits et résonnants ; il n'a pas pu cette année se déplacer au Salon du Livre où son pays était représenté ; mais il a eu la confirmation qu'enfin certains de ses poèmes allaient paraître dans une traduction française ! Bravo à lui !
ci joint deux poèmes que j'apprécie particulièrement... (issu du recueil : "La femme dont j'écris")
Traduction par Luiza Palanciuc, elle-même poète
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Le sexe entier du ciel
Le lait du matin essuie tes pieds,
tu rôdes parmi les couleurs
sur le hublot de la ville,
litanie slave hissée sur deux pattes,
reine des jours est ton nom là-bas dans les songes,
l’entrepôt d’allumettes s’embrase sous l’oreiller,
jadis les étoiles se soûlaient au sexe entier du ciel,
feu brûlant sans répit,
tes doigts pétrissent tout ce dont le visage a rêvé,
j’ai aperçu la mer où nageaient tes yeux,
le corps immergé était un infime continent,
sur les rivages les poissons avaient attrapé
au moulinet quelques idées humaines.
Chemin
Les morts et les dormeurs sont des frères à présent,
de leur sang ils signent les vices tant aimés
comme la bouche mordante d’un dieu
désire
la bouche
d’un monde incréé,
toi, amour, dans la nuit qui arrive
sur nous,
ne m’oublie pas,
ne me quitte pas sur les rives du jour,
en proie aux fantômes
des chiens fouettés par le brouillard,
purifie mon chemin montant
avec ta chevelure,
avec le dernier verre trempé dans cette levure du matin,
lorsque nous bûmes
sa vie,
ses soucis,
ses habits,
ne me laisse pas accroché à l’instant qui s’en va,
serre-moi
comme le grimoire qui
de ses deux bras embrasés
couvrit le mort merveilleux
né de deux mères à la fois,
celle du corps et celle de l’âme,
mot sur mot,
lettre sur lettre,
cœur piteux en une chair ferme,
désastre sur champ aveugle,
le mort et le dormeur
au fond de ta gorge
indomptée.